Aujourd'hui j'ai passé de longues heures à lire un nouveau roman, je dois avouer qu'il me passionne, je n'arrive plus à m'en éloigner. Je me demande si cela fait ça à d'autres personnes, adorer un livre à n'en plus vouloir s'éloigner de ses lignes. Je crois que c'est sans doute comme ça pour certaines personnes, le livre les transcende et ils n'arrivent plus à s'en détacher. Je trouve quand même ça fabuleux que je réussisse à me concentrer sur un livre alors que mon esprit se disperse vite. Je suis vraiment content de parvenir à lire sans être trop envahit par mes pensées. C'est comme si au fond elles s'effaçaient. Parfois il m'arrive de vraiment adorer une phrase, ou un passage, alors je le relis encore et encore. Et parfois même j'en apprends quelques lignes par cœur. C'est quand même plus compliqué avec le traitement que sans le traitement mais je suis capable de me débrouiller. Mon cerveau ne fonctionne pas si mal finalement. Pour la télévision par contre cela reste encore très compliqué pour moi de regarder un film en entier, à vrai dire c'est même impossible. Je n'arrive pas du tout à rester concentrer sans divaguer et sans porter attentions à toutes les voix qui persistent.
Aujourd'hui je me souviens d'un temps où l'erreur était fatale. Un temps où les larmes tombaient, où chaque jour, mon cœur prenait l'élan d'un verre s'écrasant sur le sol. Désormais je ne pleure plus, les larmes ne veulent plus couler, c'est comme si je ne me laisser jamais aller. Je me souviens d'un temps où je devenais la proie des rayons du soleil et où mes cicatrices sur les bras ressortaient. Ce temps n'est pas si loin de moi, la dernière fois c'était ce mois-ci. Un temps où l'accumulation des sourires devenait trop dure à porter seul. C'est dur, de dévoiler ses secrets et de faire confiance aux autres. C'est dur de faire face aux orages, de se dire que pour aller mieux il faut d'abord braver la tempête qui s'est éveillé devant vos yeux. C'est dur mais c'est ce que je dois faire si je veux m'en sortir et gravir toutes ces épreuves qui m'attendent. C'est dur de faire des choix, de s'attacher, d'aimer à nouveau, de se battre après l'échec, de savoir quoi faire de sa vie. Tout est difficile, mais je dois continuer d'avancer, de marcher au rythme des battements de mon cœur.
L'erreur est inévitable, je subirais les miennes et surement celles des autres alors rien ne sert de s'apitoyer. Je vais relever la tête parce que la colère ne peut pas avoir raison de moi. Je ne peux pas laisser ce qui m'envahit prendre ma place, je ne dois laisser ma place à personne d'autre que moi. Tout le monde à besoin de temps, mais personne n'en a jamais assez. Je dois vivre avant tout, alors je ne dois pas frémir devant tout. Il faut que je change les choses, que je transforme ce qui peut me faire du mal, que j'apaise mon âme. Que je transforme le mal en bien que j'apaise tout ça. Un jour, je me suis rendu compte que le temps était extrêmement précieux, et que ceux qui ne peuvent pas en profiter autant que les autres sont bien malheureux. Je vais construire, avec les ruines de mon passé, les murs de mon château. Aujourd'hui je le sais, peu sont ceux qui veulent réellement me voir réussir. Je passe l'entièreté de ma vie avec moi seul alors je dois tenter de m'aimer, quoi qu'il puisse se passer. Devant moi, le monde m'attend, je dois essayer de prendre confiance en moi si je veux un jour me voir réussir. Je ne dois pas prendre peur lorsque je songe à l'avenir, je vivrai l'avenir tout comme mon présent.
Il est déjà l'heure de mon rendez-vous avec le psychiatre, je ferai mieux de poser ce stylo et de ranger tout ça. Je vais d'abord aller fumer une cigarette et ensuite rejoindre le psychiatre dans son bureau. Je devrais lui parler de ma sortie, car le temps se fait long ici et que je pense me sentir capable de retourner chez mes parents. Et surtout capable de vivre en dehors de ces murs qui m'oppressent. En plus hier une infirmière est venue m'apporter un papier à signé. C'était un papier indiquant la levée de la mesure de soin sans consentement, ce qui signifie que désormais je ne suis plus enfermé ici sans mon consentement et que je peux si je le souhaite quitter l'établissement contre l'avis des médecins. Je verrai bien ce qu'il en pense et je prendrais la décision ou non de partir immédiatement.
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La psychiatrie
Non-FictionDeuxième fois que je suis hospitalisé. Désormais j'ai dix-huit ans et je suis interné sans mon consentement dans le service des adultes, en psychiatrie aigüe. De longues journées passent, remplies de solitude, de remises en question, et d'obligati...