Chapitre 3 : Olivier

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— Tu es déjà là ? s'étonne Olivier alors que je pose mes clefs sur la console de l'entrée.

Je passe les mains sur mon visage, comme pour effacer le mot « menteuse » qui semble être inscrit au fer rouge sur mon front. L'impression de le trahir est encore plus forte depuis que nous avons convenu de nous revoir, Simon et moi.

— Oui, on a bu un verre pour l'anniversaire de Marie-Paule, et l'apéro s'est un peu prolongé.

— Je viens juste de coucher les loulous. Tu n'as pas dîné, du coup ? Il reste un peu de soupe, si tu veux.

— Je n'ai pas faim, merci.

Je m'apprête à aller m'affaler dans le canapé quand j'entends la voix de mon fils s'élever depuis l'étage.

— Maman ?

— J'arrive mon chat...

Je monte embrasser mes enfants, puis rejoins Olivier sur le sofa.

— Dure journée ? s'enquiert-il devant mes yeux fermés.

— Oui, on peut dire ça.

— J'ai bien vu que tu avais l'air tendue...

Je le regarde, inquiète, mais il poursuit :

— C'est cette histoire avec ton père qui te travaille ?

— Non, je conclus sèchement avant de saisir mon téléphone.

Mon cœur s'accélère, un message de Simon.

Désolé pour mon attitude de ce soir, je crois que le stress et l'émotion m'ont fait devenir un peu con. Mais j'étais vraiment heureux de te revoir Juliette. Passe un bon week-end, bisous.

Je reviens vite sur la page d'accueil avant d'éveiller les soupçons de mon mari, et pose mon téléphone, alors qu'Olivier m'attire contre lui.

— Comme tu es là, on se fait quelques épisodes de Homeland ?

Olivier a huit ans de plus que moi. Nous nous sommes rencontrés par hasard aux vingt-cinq ans de sa collègue et amie Adeline, qui se trouve être ma cousine. Il m'avait séduite avec une déclaration à peine voilée derrière une chanson de Clapton. Il m'avait ensuite invitée au cinéma, — nous avions des goûts communs, c'est fou— puis, quelques jours plus tard, au restaurant, soirée au cours de laquelle nous avions échangé notre premier baiser.

Cinq jours avant la fameuse soirée d'anniversaire, j'avais promis à Simon, dont j'étais séparée depuis plusieurs années, que je l'aimerai toujours, mais que ce n'était pas encore le moment, que nous nous retrouverions plus tard. Ce plus tard qui n'est jamais arrivé. J'avais rencontré Olivier, qui était devenu l'amour de ma vie, et lui Delphine, deux ans après. Delphine me détestait cordialement, bien que nous ne nous soyons jamais rencontrées, et nos contacts s'étaient alors limités à quelques sms par an.

Olivier est un lac. Il est calme, sage et pondéré. C'est un mari tendre et aimant, un père formidable, très investi. Il est engagé dans plusieurs causes humanitaires, milite pour le partage des tâches ménagères. Avec lui, la vie est belle et douce, et quinze ans après l'anniversaire d'Adeline, je l'aime comme au premier jour. Pour moi qui ai enchaîné les aventures et les histoires bancales entre Simon et lui, c'est inespéré d'avoir pu trouver un homme comme lui, quelqu'un que j'aime et qui m'aime en retour, même si la vie n'est pas toujours aussi rose. Il y a des conflits parfois, des disputes, des sources d'agacement, comme dans tous les couples, mais le quotidien ne nous a jamais usés. Souvent, il me regarde et sourit en murmurant que jamais il n'aurait pu trouver quelqu'un de plus parfait pour lui. C'est l'homme que j'aime et que j'admire le plus, et on peut dire que je suis exigeante sur le sujet.

L'amour à l'imparfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant