Samedi 8 décembre 2002

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Samedi 8 décembre 2002

Ça va mal.

Je sors avec Jérôme, depuis 5 mois, mais ça ne va pas durer. Je ne l'aime pas. Je n'aime personne. Le seul que j'ai aimé, je l'ai quitté sur un coup de tête, et c'est trop tard.

J'ai beaucoup discuté avec Yanis après notre rupture. Il m'a dit que Simon était comme ça, c'est son éducation. Qu'il l'avait trouvé transformé avec moi, vraiment heureux, mais que pour dire les choses, même les montrer, c'était compliqué. Et que je lui avais brisé le cœur, même s'il n'avait rien dit. Je m'en veux tellement, de ne pas avoir réussi à lui parler à l'époque. Si je lui avais dit ce que j'avais sur le cœur, au lieu de le quitter directement, peut-être qu'on aurait pu passer cette phase, il ne s'en rendait même pas compte si ça se trouve.

Je suis la reine des connes.

Evidemment, comme je n'arrivais pas à passer à autre chose, malgré le temps passé, je lui ai écrit une lettre où je lui avouais que je l'aimais encore, que je voulais qu'on recommence, que je m'excusais, enfin, tout, quoi... Pas de réponse. Hier, on s'est vus en boîte avec toute la bande pour l'anniv de Rémi. J'avais espéré qu'il en profiterait pour me parler, me dire oui ou merde, mais rien. Du coup, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai demandé à le voir, en tête à tête, et on est allés dans un coin à part. Je lui ai dit : « Tu as reçu ma lettre ? ». Franchement, c'est une des phrases les plus dures que j'ai eu à prononcer. Il a répondu : « oui ». J'ai dit : « Ah. Et alors, qu'est-ce que tu en penses ? ». Là, il m'a regardée, sans rien dire pendant au moins deux minutes. Les plus longues de toute ma vie, sérieux. Je crois qu'à ce moment-là, il ne savait pas encore quelle décision prendre. J'espérais tellement qu'il me tendrait la main, me pardonnerait, j'avais l'impression que c'était le seul qui pourrait me rendre heureuse. Mais il a dit « Ce n'est pas une bonne idée, Juliette. ». Ça m'a déchiré le cœur. Il n'a pas dit, « Je te déteste », ou « Va te faire voir », ou « Ça ne me dit rien ». Il a dit « Ce n'est pas une bonne idée », comme s'il en avait envie, tout en sachant que je lui ferai encore à nouveau du mal. Et est-ce qu'il a tort, au fond ? Est-ce que je suis sûre de moi ? Non. Pour être honnête, retourner vers lui, si je l'ai fait, c'est pas parce que ça me paraissait la meilleure chose à faire, mais la moins pire, et je me déteste de penser ça. J'ai baissé la tête, et il est parti rejoindre les autres. Après, il s'est mis minable à la vodka, et ensuite, il était méchant et agressif. Yanis dit qu'il a toujours l'alcool mauvais = comme les gens qui souffrent, si j'avais pas compris. Et moi, pendant tout ce temps, je n'ai même pas pensé à Jérôme, le pauvre.

J'en ai ras-le–bol, j'ai l'impression de ne faire que de la merde. Kenza me dit de lâcher l'affaire avec Simon, d'accepter que c'est définitivement fini. Je crois qu'elle a raison. De toute façon, d'ici quelques mois, il aura fini sa prépa ici, il va partir en école de commerce à Paris, on ne se verra plus du tout. Ce sera plus simple, pour lui et pour moi. Mais je crois que je m'en voudrai toujours.

Putain, il faut que je quitte Jérôme, ça n'avancera jamais avec lui. C'est plutôt un bon plan au pieu, mais ça ne suffit pas. Il y a quelques jours, il m'a dit par message qu'il m'aimait (super) je ne lui ai même pas répondu. Il me gonfle. J'arrête pas de le casser, il ne s'en rend même pas compte. Qu'est-ce que je vais faire de lui ?

Bon à part ça, toujours les mêmes histoires de cœur qui tournent en rond, ça va, je suis en 2e année d'histoire de l'art à la fac, je ne sais pas encore ce que je vais faire plus tard, mais ça me plaît (même si Philippe passe son temps à me dire que ça ne sert à rien comme études. Lui aussi il me gonfle). J'ai un chouette studio, et je n'ai pas revu mon père depuis un an et demi. Il ne me manque pas.

Si seulement j'arrivais un peu à me poser et savoir ce que je veux...

L'amour à l'imparfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant