Mercredi 17 novembre 1999

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Mercredi 17 novembre 99

C'est drôle comme le temps passe lentement quand on attend un évènement particulier, et comme ensuite, quand on y repense, on a l'impression que c'était hier. Enfin, je sais pas si c'est clair, mais je me comprends.

Voilà trois mois que Simon est rentré. J'ai compté les jours, les heures presque, c'était tellement long. Le pire, c'était la semaine de vacances à Chamonix, parce qu'on ne pouvait pas se parler, ni s'écrire. J'avais pris ses lettres pour les relire, et je l'ai quand même appelé une fois depuis une cabine, mais j'ai tué ma carte téléphonique et ma mère m'a déglinguée.

Ensuite, on est allée trois semaines avec Angélique chez papi et mamie. Maman me manquait, mais surtout Simon. Il était aussi chez sa grand-mère à Auxerre (Il paraît que c'est l'horreur là-bas, alors que juste avant, il était à Cap Breton avec Yanis, Ben et Josselin), et il m'appelait tous les jours. On se racontait le dernier épisode de Dawson, on se parlait de tout et de rien pendant des heures. De toute façon, on avait que ça à faire de nos journées. Je me disais que finalement, même si on ne s'était vus que deux fois, je le connaîtrais mieux que n'importe quel mec avec qui je suis sortie. Et surtout, je lui ai parlé de mon père, de tout ce que j'ai vécu cette dernière année, et que je n'ai pas toujours eu la force de sortir, même pour l'écrire ici. Parce que l'écrire, c'était le rendre réel, m'empêcher d'oublier, et je crois que c'est le contraire de ce que je veux. Pourtant, je sais très bien que je ne pourrais jamais oublier ce qu'il a fait, surtout à maman. Mais juste le dire, ça fait du bien, et les mots s'effacent tout de suite après. Je lui ai dit des choses que je n'ai jamais confiées à personne, comme la TS de maman. Personne ne le sait, je suis la seule à vivre avec ça. Mais maintenant, j'ai Simon.

Il est rentré le dimanche 16 août. J'étais toujours chez papi et mamie, mais papi m'a permis de passer la journée en ville. Il m'a déposé en début d'aprèm, j'avais rendez-vous avec Simon près du lycée. Je me souviendrai toute ma vie de ce que j'ai ressenti en le voyant arriver. Je le trouvais encore plus beau que dans mon souvenir. Pourtant, ce n'est pas un canon, objectivement mais je le trouve magnifique, ça doit être ça les yeux de l'amour. Je n'ai pas couru vers lui, j'étais comme paralysée, assise sur mon muret en pierres. Il s'est approché, je me suis levée, on s'est regardés et il m'a serrée contre lui brusquement. Je crois que ça m'a plu qu'il commence par ça, au lieu de m'embrasser. Et puis, il a mis son nez dans mon cou et il a respiré fort, très fort, et c'est seulement là qu'il m'a embrassée.

Je crois que notre première après-midi ensemble, on l'a passée à ça, à se rouler des pelles. On avait déjà tellement parlé, pas qu'on avait plus rien à se dire, mais on avait des milliers de baisers à rattraper. Quand papi Lulu est venu me chercher le soir, j'étais triste, mais pas tant que ça, parce que je savais qu'on se reverrait vite.

Et c'est vrai que depuis la rentrée, on peut se voir tous les jours. Dans la cour déjà, et puis on a cours de sport ensemble, et enfin comme il habite près du lycée, je descends du bus deux arrêts avant pour passer le prendre, et on finit le trajet à pied. Le vendredi après les cours, on se retrouve tous au « Pierre » pour aller boire un café, avec Yanis, Rémi, Ben, Kenza, Élise, et parfois Adeline quand elle n'est pas punie de sortie. Le mercredi, on mange ensemble chez lui, et ensuite on fait nos devoirs, je crois que c'est mon moment préféré de la semaine. On écoute en boucle « Californication », le nouvel album des Red Hot Chili Peppers, je l'aime trop, il va me le graver pour que je puisse aussi l'écouter chez moi et penser à lui.

Mais surtout, surtout... que s'est-il passé aujourd'hui ? J'ai dit à Simon que je l'aimais. On parlait de « Roméo et Juliette », je lui ai dit que j'avais lu la pièce, et que j'avais été un peu déçue, que pour la « plus belle histoire d'amour que le monde ait connu », je m'attendais à plus incroyable. Il m'a prise dans ses bras, et a répondu, « et la nôtre, d'histoire d'amour, elle est comment ? » et moi je lui ai dit : « Je ne sais pas, la seule chose que je sais, c'est que je t'aime », et il a dit « moi aussi, je t'aime ». Voilà, c'est trop beau, hein ?

On n'a pas encore été jusqu'au bout tous les deux. Je sais qu'il n'a jamais couché non plus. Yanis me l'avait dit pendant les vacances (pour me dire qu'il attendait la bonne : moi ?) et j'en ai discuté avec lui aussi, en vrai, et au téléphone pendant les vacances. On s'était dit qu'on se montrerait nos marques de bronzage, c'est ce qu'on a fait, ça m'a fait bizarre de nous voir presque nus, mais sans qu'il ne se passe rien. Je ne suis pas encore prête, je crois que lui si, mais il est patient. Il dit que ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère, et je suis bien d'accord. J'ai de la chance d'être tombée sur un mec pour qui la première fois est importante, et c'est aussi un truc que j'aime chez lui.

PARCE QUE L'AIME TROP MON SIMON !!

Par contre, on s'est quand même un peu exercés hein, et de ce que j'ai vu, je peux vous dire que ses douze ans de foot se voient ! Il a un corps, c'est dingue ! Il est parfait ce mec-là.

Et surtout, il m'aide à supporter les moments où je dois aller chez mon père, il me réconforte après, et ça me fait un bien fou. Je ne sais pas comment j'arriverai à supporter ça, et tous les petits désagréments de la vie d'ado sans lui.

L'amour à l'imparfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant