Alliance

6. Transparence

A la seconde où il la vit émerger de la jungle de jade, Finn fonça littéralement vers la jeune femme, oubliant instantanément ses deux partenaires avec lesquels il discutait logistique. Depuis que le métis s'était éveillé, une seule idée habitait son esprit : l'isoler et lui parler, coûte que coûte. Or, un constat simple, cru s'était imposé à lui : Rey avait une nouvelle fois quitté le camp dès l'aube pour vadrouiller, seule. Alors, il l'avait guetté toute la matinée, impatient, nerveux. Et l'occasion se présentait finalement à lui, là, maintenant.

Essoufflé, Il s'arrêta à un mètre d'elle, hésitant un instant dans le torrent de pensées qui l'assaillait. Mais, très vite, l'agacement l'emporta sur l'appréhension.

- Bon sang, Rey ! Où étais-tu ?

- Dans la forêt, à récolter des vivres pour le camp, répondit l'ancienne pilleuse d'un air détaché, en levant un panier rempli de fruits, feuilles et fleurs aux couleurs vives.

- Arrête, souffla Finn les dents serrées d'irritation. Tu sais pertinemment que je ne parlais pas de ça.

Pendant un instant, le jeune métis ne décrocha pas son regard de Rey qui, elle, demeurait silencieuse, les yeux dérivant dans le vide. Elle paraissait indécise, plongée dans une intense réflexion comme pour peser ses prochains mots.

- C'est sans importance, murmura-t-elle finalement avant de se remettre en marche.

Résolue, Rey dépassa son ami pour rejoindre la clairière, en direction du camp où les résistants s'activaient telle une fourmilière docile et ordonnée. Finn leva un sourcil, incrédule. Sans importance, vraiment ? Pensait-elle réellement qu'il se contenterait d'une réplique aussi simpliste après s'être volatilisée une journée entière sans laisser la moindre indication et, qui plus est, en l'esquivant depuis son retour ?

Loin de s'avouer vaincu, le jeune métis la rattrapa rapidement puis lui bloqua le passage. Lasse, Rey leva lentement les yeux vers lui, rencontrant des iris déterminés à découvrir la vérité. L'ancienne pilleuse retint difficilement un soupir d'exaspération : il ne lâcherait pas.

- Azulla, avoua-t-elle alors à contrecœur.

- Azulla ? répéta Finn, sceptique.

Rey tenta tant bien que mal de réfréner le flot d'impatience et d'agacement qui ne demandait qu'à s'échapper de ses lèvres sous formes de répliques brèves et sèches. Un compte à rebours instable s'était enclenché depuis l'annonce du retour imprévu d'un des plus grands Sith de l'histoire. Ils n'avaient pas une seule précieuse minute à gaspiller dans de futiles bavardages.

- Si tu veux bien m'excuser, Finn, j'ai encore beaucoup à faire.

Et sans davantage d'explications, la jeune femme contourna une nouvelle fois son ami, comme s'il n'était qu'un obstacle sur son passage. Abasourdi, Finn observa un instant l'ancienne pilleuse traverser la clairière d'un pas rapide, avant de se décider à la rejoindre pour marcher à ses côtés.

C'en était assez du mutisme de l'ancienne pilleuse, et pas seulement concernant sa récente excursion. Cela faisait à présent des semaines qu'il tentait d'engager une véritable conversation, et non une simple entrevue passagère pour organiser une quelconque mission. Mais ce n'était jamais le bon moment. Cette fois-ci ne faisait pas exception : Rey semblait clairement peu encline à discuter. Pourtant, le métis avait ce besoin égoïste, sournois de lui balancer ses quatre vérités là, tout de suite, alors que le soleil dominait le ciel d'Ajan Kloss, indiquant l'heure du repas.

- Il va falloir qu'on mette les choses au clair toi et moi, commença Finn d'un ton qu'il voulait confiant. Depuis la bataille de Crait, tu n'es plus la même. Personne ne te voit jamais, tu es un fantôme dans le camp ! Tu pars au lever du soleil, tu reviens au coucher sans signaler ta présence... Tu passes ton temps à t'entraîner avec la générale, ou à méditer dans ta cabane isolée !