Alliance

18. Venin

Entre les troncs marqués par le temps et les touffes luxuriantes, Rey courrait à en perdre haleine, hypnotisée. Au rythme d'un tic-tac illusoire, elle s'enlisa dans les entrailles de la reine Nature, effrayant sans vergogne la faune sur son chemin. La cavalcade s'acheva près d'une rivière turbulente. Elle tournoya, en quête du murmure mystique qui l'appelait. Un sentiment victorieux se profila lorsqu'elle remarqua le saule pleureur ployant sous le poids des années, les grappes de feuilles dansant sous la brise, frôlant l'eau agité. La clef, c'était lui. 

« Approche, laisse-toi guider. »

Le conseil s'échoua près de son oreille, déclenchant un frisson le long de sa nuque. 

Une inspiration, profonde. 

Lorsqu'elle s'engouffra dans la chevelure de feuilles, la voix surnaturelle éclata en une myriade d'échos assourdissants. Contournant la vague d'anxiété qui submergea ses pensées, Rey pressa une main sur la tige mère.

La voix infernale s'éteignit subitement. En l'espace d'un battement de paupières, un voile sombre enveloppa la forêt illusoire. Et au chahut de la vie se substitua un calme mortel.

Dans la Force, la présence ardente de Kylo Ren s'envola. Alarmée, Rey sollicita leur lien pour rétablir le contact. Elle le sentit une poignée de secondes, puis la connexion s'estompa à nouveau. Elle se projeta, encore et encore. En vain. Ce qu'elle décelait ne se réduisait plus qu'au trépas, à la décomposition, à la frayeur et... Rey retint son souffle.

Tout près, l'Ombre pulsait.

Un tressaillement parcourut le corps de la guerrière. Elle était seule, désormais. Seule, sur la terre du versant ténébreux. Mal à l'aise, Rey frictionna ses bras pour se réchauffer, sans doute aussi pour apaiser la nervosité qui embrumait ses pensées. Elle pivota sur elle-même, dans l'espoir fou de repérer une issue. Les troncs décharnés, cependant, se démultipliaient à perte de vue, l'enfermant dans une prison naturelle.

La guerrière retint son souffle, l'ouïe tendue. Le murmure mystique se ravivait, plus doux cette fois, plus rassurant. Se pliant au désir de la Force, Rey s'enfonça davantage dans les entrailles ligneuses.

La noirceur imprégnant la forêt s'accentua au rythme de ses pas, si bien qu'elle ne se fia bientôt plus qu'à ses intuitions pour esquiver les obstacles jonchant sa route. Parvenue à l'orée d'une futaie, elle se figea un temps. De retour au point de départ. 

Dépouillé de toute feuille, le saule pleureur tremblait désormais sous la puissance irrépressible de l'Ombre. 

Tel un fragment d'acier irrésistiblement attiré par un aimant, Rey progressa tout droit vers cette allégorie de la Noirceur. Intriguée par l'aura aussi sombre que le cosmos, elle posa une paume sur la surface lisse.

De la rivière déchaînée surgirent deux rafales distinctes de cristaux, aussi sombres et aiguisés que des dagues. Puis le murmure se scinda en deux, l'un lui hurla de fuir, l'autre de lâcher prise.

Emprisonné dans une transe, le corps de Rey refusa de se mouvoir. De ses pupilles d'ambre, elle fixa la horde qui l'encercla progressivement, tel un serpent cernerait sa proie... Avant de frapper.

En harmonie, les cristaux cessèrent leur danse mortelle pour fondre sur elle dans une vague monstrueuse. Le souffle coupé, la guerrière observa l'autre rafale s'ériger en rempart autour d'elle, la préservant de l'agression.

Au loin, il lui sembla percevoir l'écho de son nom, hurlé par une voix familière. Et le monde fictif vola en éclats. 

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