Chapitre 12

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Le lendemain du départ de Noémie, l'élève partit rendre visite à ses parents qu'elle n'avait pas vus depuis ses représentations. Ils habitaient beaucoup plus loin qu'elle en partant de Paris. La grande couronne du Val d'Oise proposait néanmoins des cadres d'habitations plus verdoyants. Nelly appréciait cette étendue de nature pourtant si proche de la capitale et de son agitation quotidienne.

Qu'il était bon de retrouver son cocon familial. En entrant dans l'appartement que sa mère partageait avec son beau-père depuis son départ elle chercha immédiatement Pouliche, sa chatte qu'elle n'avait pas pu emmener avec elle. Elle la trouva confortablement installée entre les coussins qui ornaient le lit. Pouliche se leva et quémanda des caresses heureuse de la retrouver. Fait étonnant pour un chat, elle ne l'avait pas oubliée.

— Ouh c'est la pupuce ça, oui madame c'est la pupuce, qui c'est la plus jolie ? C'est Pouliche la plus jolie voui, s'extasia-t-elle devant sa boule de poils.

Pouliche lui sortit le grand jeu du chat en manque de câlins. Les coups de museaux sur sa joue, son front, son nez, les coups de pattes autoritaires lorsqu'elle cessait une fraction de seconde de s'occuper d'elle. Les minutes défilaient sans qu'elle n'ait eu le temps de saluer ses parents, chacun ses priorités. Sa mère alla tout de même à sa rencontre les bras croisés et le regard courroucé.

— Bonjour ma fille ! Tu pourrais au moins être polie !

— Désolée maman, elle m'a manquée, s'excusa platement Nelly.

— Et nous on ne t'a pas manqué ?

— Elle elle ne peut pas parler au téléphone, répondit avec une insolente évidence la jeune femme toujours occupée à câliner la minette.

Bien entendu sa mère ne lui en voulait pas du tout. Elle savait Pouliche très importante pour sa fille. Elle se souvenait encore des larmes qu'elle avait versées lorsqu'elle avait quitté l'appartement pour prendre son indépendance. Pour beaucoup cela pouvait être risible, mais à la mort de son frère, Nelly n'avait plus que ce chat qui était au départ le leur. Pouliche avait passé beaucoup de temps à consoler sa maîtresse au point qu'un lien puissant s'était tissé avec cet animal. Entre son travail et ses cours, Nelly ne pouvait pas venir autant qu'elle le souhaitait. C'était aussi à cause de cet emploi du temps infernal qu'elle avait préféré laisser sa chatte à ses parents afin qu'elle ne manque de rien.

Son frère. Ce logement lui rappelait tant de souvenirs qu'elle aurait envie que sa mère se décide enfin à déménager. Elle ne comprenait pas son obstination à rester. A la mort de Jules la famille avait été dévastée. A cette époque Nelly sortait avec une fille qui l'avait lâchement abandonnée car incapable de la soutenir durant cette période difficile. Ce premier amour qui était partie pour une autre plus joyeuse qu'elle ne l'était en ce temps-là. Compter sur sa mère s'était avéré impossible pendant plusieurs mois. Un double deuil pour l'adolescente de dix-sept ans qu'elle était et qui l'avait entraînée très loin dans les ténèbres. Heureusement oui qu'il y avait eu Pouliche.

Elle quitta finalement Pouliche qui rassasiée repartit se coucher entre les coussins. Sa mère ouvrit les bras pour l'accueillir.

— Denis n'est pas là ? demanda Nelly qui n'avait pas croisé son beau-père.

— Il est partit faire quelques courses.

Elle scruta Nelly de haut en bas cherchant à savoir comment elle prenait soin d'elle. Si à la mort de Jules elle s'était laissée aller sans prendre grand cas de son autre enfant, depuis plusieurs années maintenant elle tentait de se rattraper. Nelly appréciait mais elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver cela étouffant à son âge.

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