Chapitre 18

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Noémie était intriguée. C'était peu de le dire. De quoi avaient-elles bien pu discuter ? Cela dit, elle fut bien plus occupée à tenir la rage de sa jalousie en respect qu'à jouer aux devinettes. De là où elle était elle sentait bien que Nelly se trouvait dans une situation inconfortable. Elle baissait la tête, avait les yeux fuyants et son semblait hésiter. De toute évidence cela était sérieux. Marine semblait sérieuse. Assez sérieuse pour mettre la jeune femme dans l'embarras. Finalement, elles se prenaient dans les bras. C'est là qu'elle faillit renverser son verre. Le temps passait et son self-contrôle s'enfuyait. D'un geste brusque elle avait voulu se lever, les séparer. Faire quelque chose. Le bruit du verre attira d'avantage l'attention que son amorce. Par chance. Elle s'excusa auprès de benoît qui la regardait l'air inquiet. Une telle agitation ne lui ressemblait pas. Le liquide étalé sur la table s'égouttait lentement sur le sol. Goutte à goutte. Le temps s'était suspendu chez Noémie. Elle ne pouvait pas y aller ni faire un scandale. Elle ne pouvait pas attraper son élève par le bras et la tirer hors de cette soirée. Hors de ces yeux indiscrets. Elle ne pouvait qu'observer impuissante les gouttes tomber et son amante sourire à ce qui était pour elle une inconnue.

Tandis que son compagnon tentait de rattraper sa bêtise, Noémie s'était rassise les yeux absents. Un bref instant. C'était tout ce qui lui avait fallut pour se rendre compte, pour confirmer, qu'il était fatiguant de rester cacher. Elle était certaine que Nelly n'avait rien dévoiler sur son identité. Si la tenue de la conversation était bel et bien ce qu'elle avait imaginé. Rien. Ce rien jetait un poids glacé dans son estomac. Elle ne pouvait rien dire. Nelly était pieds et poings liés après tout. Elle était engagée et fidèle. Prévenante mais impliquée. Mais incapable de dire envers qui à qui que ce soit. Comment pouvait-elle se défendre vraiment de ces personnes qui tenteraient de la séduire ? La curiosité de ces gens était intarissable car ils cherchaient des failles par lesquelles se glisser jusqu'à obtention de leurs désirs. Ces gens qui n'hésiteraient probablement pas à utiliser chaque bribe d'information pour la faire craquer. Ces êtres effrayants qui s'aventureraient peut-être assez loin pour lui subtiliser son élève. Comment pouvait-elle se défendre lorsqu'une autre voulait l'embrasser sans devoir mentir ?

Nelly n'aimait pas mentir. Elle le savait. Une de ses qualités qu'elle appréciait le plus. Si on lui demandait son avis elle dirait que l'authenticité de Nelly était rafraîchissante et inspirante. Un livre qu'elle aimait lire chaque fois qu'elles étaient ensemble. La perspective qu'elle soit parfaitement incapable de lui cacher ses pensées, ses émotions, la rendait heureuse. Trop habituée à un monde où pratiquement tout le monde mentait en permanence elle appréciait d'autant plus sa compagnie. Pourtant il y a quelques semaines déjà, Nelly lui avait parlé du poids du secret qu'elle portait. Il était de plus en plus lourd de plus en plus insidieux. Jusqu'ici elle l'avait plutôt bien vécu. Mais à présent qu'elle se faisait ouvertement draguée sous son nez, les choses se remettaient en perspective. Elle avait déjà été le témoin d'une telle absurdité. Elle n'avait pas aimé. Leur relation était jeune encore. Enfin c'est l'impression qu'elle avait à présent. Comme un cap qui était passé sans même qu'elle le remarque. Le temps avait aussi fait son œuvre. Elle était très attachée à Nelly. Ce qui lui était insupportable il y a quelques semaines se révélait parfaitement insoutenable maintenant.

Non elle ne pouvait pas agir. Pas même lorsque Marine fut beaucoup trop proche d'elle. Rien. Elle ne pouvait rien faire.

Benoit finissait de nettoyer le vin qui s'était renversé partout puis parti lui en chercher un autre. Elle y fit à peine attention. Elle fut davantage attirée par Nelly de nouveau seule. Soulagée semblait-il. Elle lui fit signe avant d'indiquer son téléphone. Quelques micro-instants passèrent avant que son téléphone ne vibre dans son sac.

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