Chapitre 4

876 41 9
                                    

Deux jours après cette intéressante beuverie au bistro, Nelly patientait que son amante donne signe de vie. Elle avait passé sa soirée à la tripoter au nez et à la barbe de tous les élèves, et maintenant, plus de nouvelles. Depuis deux jours. Bien sûr qu'elle aurait pu lui envoyer un message elle, par fierté quelque part, elle ne le voulait pas. Elle ne voulait surtout pas paraître trop en demande. Noémie avait déjà assez de pouvoir sur elle, il ne fallait pas en ajouter. Néanmoins, l'inquiétude de ce silence commençait doucement à lui faire perdre la tête. Elle maudissait sa fierté mal placée. Mais aussi sa faiblesse d'attendre après elle.

En pleine répétition avec Alice sur une scène de théâtre, elle ne parvenait absolument pas à se concentrer. Son texte s'envolait alors qu'elle le connaissait plus que par cœur, la mise en scène devenait soudainement floue dans sa tête. Répétition inutile. Alice s'en agaçait. Bourreaux de travail comme elle était, amie ou pas amie, elle n'aimait pas perdre son temps en répétition. D'un côté les moments de papote, de confidence et de rigolade, de l'autre le travail.

- On va arrêter Nel', t'es pas là.

Nelly baissa les yeux en soupirant. Elle savait qu'elle n'était pas là. Ça commençait bien, si elle ne parvenait même plus à faire des répétitions correctement à cause de Noémie, elle ne donnait pas cher de sa fin d'année.

- Pardon, je suis vraiment désolée, s'excusa platement Nelly. Je sais que j'ai la tête ailleurs.

- Tu veux m'en parler ?

Alice partit s'asseoir sur son canapé, et se roula une cigarette.

- J'en sais rien.

Tout en léchant la partie collante de sa feuille elle observa son amie secrètement amusée de sa pudeur sur sa relation avec leur prof.

- Je sais qu'il se passe un truc tu sais ? Je ne suis pas aveugle, et puis je te connais bien maintenant. Aller, vide ton sac.

Nelly considéra Alice la bouche ouverte. Elle était donc au courant. Ce qui veut dire qu'elles n'avaient pas du tout été discrète Mercredi. Un vent de panique souffla sur les entrailles de Nelly. L'estomac serré elle regardait Alice allumer tranquillement sa clope. Son air effaré l'amusa.

- Je sais à quoi tu penses, et non je ne crois pas que qui que ce soit ait fait attention, rassura Alice. Maintenant parle ou c'est moi qui te fait parler, et tu vas pas aimer !

- Non, non n'en vient pas aux menaces je vais parler, rigola Nelly en levant les mains.

C'est pour ça qu'elle aimait bien cette fille, elle ne jugeait pas et avait toujours un mot pour détendre l'atmosphère. Elle était contente d'être son amie. Elle lui était vraiment précieuse.

- On a couché ensemble. Noémie et moi. Une fois. Et tu sais que je l'aime bien. Visiblement elle m'aime bien aussi. Mais je...je sais pas, ça me fait peur aussi. Je sais au fond que c'est passager pour elle. Mais je fonce tête baissée, et là j'ai pas de nouvelles depuis mercredi alors qu'elle m'a chauffée toute la soirée. Du coup je m'inquiète. Et je me pose des questions. Alors qu'elle m'a dit de ne pas me poser de questions... Mais tu me connais.

- Oui effectivement. Tu sais que c'est une femme très occupée n'est-ce pas ? demanda Alice.

- Je sais oui.

- Ca ne veut pas dire qu'elle ne pense pas à toi. Pourquoi tu lui envoies pas un message ? Si ça se trouve elle attends que ça, conseilla avec évidence Alice consciente de la timidité de son amie. 

- Tu crois ?

L'espoir et la naïveté dans cette question fit lever les yeux d'Alice au ciel.

- D'un œil extérieur, je peux t'assurer, qu'elle tient à toi, affirma Alice en soufflant la fumée. Je lui ai un peu parlé.

Histoire de profOù les histoires vivent. Découvrez maintenant