Chapitre 6

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— Je crois que ça suffit pour aujourd'hui, déclara Alice. J'en peux plus.

— Pareil, j'en ai marre de pleurer là, répondit Nelly en rigolant afin de désamorcer toutes les mauvaises pensées utilisées pour pleurer.

Les deux amies se retrouvèrent sur le canapé exténuées de cette répétition intense. Elles trouvaient enfin leurs marques presque définitives sur la mise en scène, ce qui soulageait Nelly d'une angoissante boule de stress. Elles espéraient simplement que Juliette n'avait pas l'intention de tout rechanger à la dernière minute, comme elle aimait tant le faire. L'adaptation en tant que comédien était une grande qualité, mais il y avait des limites à ne pas dépasser tout de même. L'assurance d'une bonne scène se trouvait aussi dans la fluidité trouvée grâce aux longues heures de répétitions.

Alice partit chercher deux bouteilles de bières. Après l'effort le réconfort étant la devise impériale pour lâcher prise sur tout le reste.

Nelly décapsula la sienne à l'aide de son briquet, ce qui faisait toujours rire sa camarade qui s'amusait à la moquer de bonhomme dans toute sa splendeur.

— Le principal c'est que je ne l'ouvre pas avec les dents, n'est-ce pas ? rétorqua Nelly aux moqueries.

— J'ai des décapsuleurs tu sais ?

Nelly ne répondit pas, se contentant de lever sa bouteille en direction de son amie qui la trinqua.

— A la bonne notre ! dirent-elles en chœur.

Un silence agréable s'installa tandis qu'elles roulaient respectivement leurs cigarettes prenant soin de ne pas en faire tomber, au prix que ça coûtait.

— Comment ça se passe avec Noémie finalement ? demanda Alice de but en blanc.

Décontenancée par la question, Nelly failli lâcher sa préparation. Depuis deux semaines et demi qu'elles s'étaient retrouvées dans l'arrière couloir à pleurer, s'embrasser, s'aimer, les choses avaient évolué d'une étrange et imprévue manière. Noémie passait de plus en plus de temps chez elle trouvant toujours un moyen de s'inviter, ou de se faire inviter. Nelly était loin de s'en plaindre. Elles ne finissaient pas toujours par faire l'amour. Un film choisi par les soins de Noémie, qui visiblement souhaitait absolument parfaire sa culture cinématographique, un bol de pop-corn, ou autre, suffisait de plus en plus sereinement aux deux femmes. Un ménage, un quotidien se dessinerait presque.

Nelly ne l'avait pas de suite réalisé. Au-delà du sexe, elle aimait passer du temps simplement avec Noémie. Elle en appréciait chaque instant essayant de ne pas se projeter un scénario idéal, ou au contraire catastrophique. Les deux ayant pour conséquences de l'inquiéter inutilement. Parfois elle y songeait tout de même malgré elle.

— Ca se passe, bien j'ai envie de dire. On ne se dispute plus.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé dans le couloir ? questionna Alice installant entre elles une distance de confidence.

— Euh, je... enfin elle... et puis, bredouilla Nelly. Je ne crois pas que je puisse, te donner, des détails.

— Steuplait !

— Non, mais il s'est rien passé d'extraordinaire.

— Tu rougis jusqu'aux oreilles et tu veux me faire croire ça ? Tu ne me fais pas confiance ?

Nelly leva les yeux au ciel face à cette tentative de manipulation évidente.

— Non c'est pas ça, c'est que... comment dire. C'était pas drôle non plus quoi.

— Quand je t'ai vue courir vers le couloir je me suis beaucoup inquiétée, j'ai indiqué à Noémie où te trouver, avoua Alice soudainement sérieuse. Je voulais juste m'assurer que tout allait bien.

Histoire de profOù les histoires vivent. Découvrez maintenant