— Elles sont en chemin, expliqua Alice à son compagnon de fortune.
Il se contenta de cette explication puis reprit une gorgée de sa boisson. Soulagée par le manque d'intérêt de Benoît quant aux activités de sa fiancée, elle soupira intérieurement que cet homme soit si, ignorant. Ou bien avait-il une confiance absolue en Noémie, persuadé qu'elle ne le tromperait jamais et encore moins avec une femme. Avec une femmes de moitié moins son âge qui plus est. Quoi qu'il en soit, elle avait beau soutenir cette relation peu commune, elle était quand même triste pour lui. Alice se demandait s'il avait un jour commis un impair lui aussi, et si Noémie ne faisait rien d'autres que se venger en se servant de son amie.
Elle crispa la mâchoire à cette pensée désagréable et sirota à son tour sa bière. La pauvre finirait par se réchauffer. Tant bien que mal, elle chassa ses théories du complot et se roula une énième cigarette. Finalement, elle aurait dû demander à Nelly de lui en prendre. Il était sûrement trop tard pour qu'elles opèrent un demi-tour maintenant. Les soirées se déroulaient souvent comme ça, il était rare qu'un seul paquet, même de tabac à rouler, ne tienne la longueur. Peut-être qu'un bar tabac serait ouvert toute la nuit en cette période de fête. Ce serait logique après tout.
— Alors, tes dernières représentations se sont bien passées ? demanda-t-il sur le ton de la conversation.
— Ça a été, je suis contente des pièces que j'ai choisies.
— Tes parents étaient là pour te soutenir j'espère !
Alice lui sourit gentiment, un peu gênée, mais reconnaissante qu'il lui pose cette question.
— Oui, ils sont montés jusqu'à Paris. Je cite « nous n'aurions raté ça pour rien au monde ! »
— Ça c'est mignon comme tout, ajouta Benoît. Je les ai jamais rencontrés je crois.
— T'étais pas là quand ils sont venus.
Il semblait réfléchir un instant comme pour retrouver l'image de ces deux personnes qu'il n'avait en fait jamais vues de sa vie.
— J'aurais adoré venir à plus de représentations, mais tu sais comment c'est. Le boulot avant tout.
— Je comprends très bien, assura Alice en jetant un peu de cendre dans la coupelle prévue. On ne s'attendait pas à ce que vous soyez là tous les jours Noémie et toi. Même notre prof de Classique ne pouvait pas toujours.
— Y aura d'autres occasions. Mais c'est vrai que si j'avais pu, je l'aurais fait, c'est toujours intéressant de vous voir évoluer dans d'autres cours, sous d'autres pédagogies.
Il tourna la tête brièvement croyant avoir aperçu Noémie. Mais c'était une jolie jeune femme châtain clair à la silhouette élancée qui se dirigeait droit sur le bar. Elle s'installa à quelques tables d'eux puis déposa son sac à main. Sans attendre, un serveur se présenta pour prendre sa commande puis disparut dans la boutique.
Alice lui trouvait un air familier. Pourtant, elle ne se rappelait pas l'avoir rencontrée. Elle s'en serait souvenu. Marine sans doute. Après tout, Nelly l'avait invitée à la petite soirée. D'ailleurs, en parlant de nouveaux arrivants, où était donc la troupe à l'honneur ? D'un bref coup d'œil elle vérifia l'heure sur son téléphone. Ils ne devraient plus tarder à présent. Elle espérait que Juliette n'avait pas eu l'idée d'organiser une réunion sauvage post représentation. La connaissant, il y avait peu de chance qu'il en soit autrement. Les pauvres.
— Je vais me commander un autre verre, t'en veux un ? questionna Benoît en se levant.
Alice accepta avec joie terminant d'une traite ses deux dernières gorgées.

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Histoire de prof
RomanceUne élève, une prof, un cours de cinéma. Le cours de cinéma a toujours été à la fois son cours favoris, mais aussi une terrible épreuve pour son coeur. S'espérant aussi discrète qu'une souris Nelly aime dans les coulisses son professeur. Ce qu'ell...