18. Lèche vitrine

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Chapitre 18

Lèche vitrine

Dans une lente inspiration, je souffle de tristesse, me retiens de gémir. Mon dos chauffe à chaque nouveau mouvement de frottement contre le siège en cuir, dur et brûlant.

Le diable à mes côtés n'a pas bougé depuis qu'il a redémarré la voiture, prenant soin de fermer les vitres de la voiture dès que le moteur allumé a pris de l'ampleur.

Vacillant entre l'écran de son téléphone et la route, je ne peux m'empêcher de craindre de mourir, je ne me suis pas attachée pour le provoquer mais l'effet inverse s'est produit, il ne m'a lancé aucun regard ni aucun mot depuis ma tentative de fuite. Et même si ça ne fait que m'enchanter, la peur qu'il puisse réfléchir à tout ce qu'il veut me faire subir m'effraie.

Alors doucement, me grattant la gorge pour tenter d'attirer son intention sur moi, il ne dit rien, préférant rester muet comme une carpe. Son regard toujours penché sur son téléphone, il met un coup d'accélération sur la voiture, mes dents serrées les unes contre les autres.

A cette vitesse et au vue de sa concentration légendaire, le risque d'accident est à son apogée.

Continuant dans ma lancée de tout à l'heure, ma voix s'élève dans l'air pesant.

– Tu sais que conduire avec un téléphone au volant est la cause de plus de trois quart des accidents sur la route ?

A la suite à ma remarque, son regard se lève du téléphone et vient se poser sur moi. Je baisse le visage, de peur qu'il puisse me frapper.

– Tu t'inquiètes maintenant pour moi ragazza ?

Sa question me laisse indécise, littéralement, il vient de me retenir de dire quoi que ce soit. Putain, faut que je réfléchisse avant de parler.

– Je dis juste que je n'aimerais pas mourir dans ces conditions.

Ses mains se crispent sur le volant de la jeep me faisant regretter instantanément ce que je viens de dire, encore...

– Tu préfères alors mourir de douleur ? Se tuer au volant ne doit pas être la mort la plus douloureuse, ça dure quelques secondes. Alors que des coups, c'est interminable, on peut les faire durer autant de temps que nous le souhaitons.

Sa réplique se tarie à la vitesse de ces coups d'accélérations sur la pédale. Le diable me regarde, ses yeux pourtant brumeux laisse apercevoir la noirceur de l'obscurité. Je souffle, lui montrant ma défaite dans cette conversation qui n'aura aucune fin, je le sais d'avance.

Et d'un coup, le paysage, désertique bordé de cactus et arbres morts change du tout au tout, me laissant apercevoir un centre commercial, énorme. Doucement, l'excitation d'aller faire les boutiques grimpe en moi, je souris doucement, gémissant lorsque je vois le nom des diverses boutiques affichées sur un grand panneau à l'entrée d'un parking.

Du coin de l'œil, je crois le voir sourire à ma réaction.

Il ne m'en faut pas plus, comme si on venait de me renverser un saut d'eau gelée sur le visage. Je me reprends, oubliant que je suis à la merci d'un criminel, kidnappeur d'enfant, qui m'emmène faire du shopping pour m'habiller comme il aime si bien le répéter.

Plutôt, hilarant quand on y pense.

Il finit par garer le véhicule dans une allée sombre, à l'écart du reste des voitures, les molosses se positionnant près de nous. Au moment où ma main agrippe la poignée du véhicule pour l'ouvrir, sa main m'attrape l'épaule, me retournant vers lui.

The Forged GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant