22. Surveillance houleuse

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Chapitre 22

Surveillance houleuse

L'air chaud devenu frais à la vitesse où nous roulons. Mes cheveux fouettent mon visage, la vitre de la voiture abaissée laissant paraître mon étonnement.

Nous venons tout juste d'entrer dans sa propriété et immédiatement, l'anxiété me rattrape dans un galop effréné.

Cela fait quelques minutes à peine que je suis de nouveau consciente et me revoilà ici, en enfer. Le diable à côté de moi ne cherchant pas à me rassurer ou à me donner des ordres. Il fait l'inverse de ce que j'aurai pu imaginer, se taire. Me laissant seule avec moi-même et mes pensées.

Il n'a pas ouvert la bouche une seule fois, venant installer un silence pesant. Un silence paralysant.

– Descend.

Ah ! Bah voilà, quand on parle du loup, il sort les crocs.

Je fais ce qu'il me dit, irritée par son ton froid après la matinée à espérer l'entendre rire encore une fois. Il a repris ce masque que tous portent ici. Pour se protéger de ce monde sombre je présume.

Je le sens derrière moi après avoir claqué la portière du tout terrain noir.

Sa main dans mon dos me pousse vers l'entrée, ma langue retenue par mes dents, je m'empêche de l'envoyer paitre pour son comportement exécrable. Après ce qu'il m'ait avoué il y a quelques minutes encore.

Comment peut tout déraper si vite ?

– Aaron !

Une grande blonde aux hanches fines s'approche de lui, son sourire disparaissant tout aussi rapidement. C'est la même fille qui m'a défendu lors de leur repas. Il ne dit rien, n'engage pas la conversation, préférant continuer son chemin en me poussant d'une main ferme.

– Toi, si j'apprends que tu as essayé quelque chose, je bute ton père de la même manière que la bonne femme de la boutique, sentito ?

Son regard, lourd, se tourne vers moi, j'acquiesce. Je ne veux plus le provoquer, la voix de la vieille dame dans cette librairie partit trop vite est comme un rappel à l'ordre. Je ne dois plus le provoquer, je ne peux plus où mort s'en suivra tout autour de moi.

Elle m'a aidé contre sa vie. Elle est venu à mon secours malgré les risques. Et rien que pour ça, je lui en serais toujours redevable.

– Vous allez où ?

Je jongle entre le tutoiement et le vouvoiement, lui faisant comprendre que je ne suis pas son jouet.

– A l'endroit où je t'ai acheté.

Je frémis, ma salive passe mal le long de ma gorge. Comment...

Ma tête s'abaisse vers le sol, la sueur commence à perler le long de mon dos et ce connard le ressent. Il sourit.

– Mmh ?

Une voix, forte, un murmure à peine audible et pourtant, tous les visages se tournent vers le nouveau venu. Je l'ai déjà aperçu, à chaque fois aux côtés du diable.

– Dove stai andando ? Où vas-tu ?

Je vois le diable à côté de moi bouger légèrement, posant des clés dans un boitier à l'entrée de la grande bâtisse en ciment. Il revient à côté de moi avec un seul mètre de distance.

– Pas besoin de parler en italien avec elle. Je vais à l'entrepôt.

Le nouveau se renfrogne à peine quelques seconde avant de se gratter la gorge, agacé.

The Forged GirlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant