— Le plus important est de faire profil bas, répéta Méryne alors qu'ils escaladaient les énormes cratères longeant la plage de cendres sur laquelle ils avaient échoué. De profondes fissures s'arrêtant abruptement prouvaient que les habitants des environs avaient tenté de créer des tranchées, certainement dans le but de contrôler l'écoulement de la lave.
— Ce n'est pas en le répétant qu'on y arrivera, Berry, grogna sa sœur en insistant sur son pseudonyme.
Il y avait un peu plus de deux heures, prise dans le feu de l'action, la jeune fille avait révélé le vrai nom de son frère. Par chance, personne à part eux ne semblait s'en être aperçu, mais, une fois en sécurité, Cassian ne s'était pas fait prié pour relever l'erreur de sa sœur, insistant dessus si lourdement que Méryne avait fini par lui planter un clou, qui s'était arraché du bateau, dans la main. Cassian, fou de rage, était allé se faire soigner par l'un des marins maîtrisant la compétence de soin et n'en avait ainsi gardé aucune séquelle, mais il en voulait énormément à sa jumelle.
Benjamin les laissa se disputer, préférant garder un œil sur les marins les précédent. Ces derniers riaient bruyamment en secouant des bourses pleines d'or, de pierres précieuses et de tous les trésors qu'ils avaient récoltés au cours de leur voyage et s'étaient gardé sous le coude.
— Va pas tout dépenser en bibine et en jolies filles, Vince ! se moqua un marin bedonnant au crâne complétement lisse.
— Et puis quoi encore ! Je vais pas me priver ! ricanna le dénommé Vince en se tournant vers son comparse, comme si t'allais pas en profiter Ryff ! Mais pour commencer, je vais changer ces guenilles.
Le marin donna une tape dans le dos de Ryff avant de poser son regard sur les trois adolescents. Il avait des cheveux bouclés d'un blond presque blanc qui retombaient sur ses épaules de façon désordonnée. Son œil droit, d'un bleu ciel pénétrant les jaugea un instant avant de se concentrer sur son ami. Benjamin frissonna en apercevant la partie d'un cache-oeil sur le gauche. Une barbe épaisse foisonnait le long de sa machoire, descendant sur son cou, mangeant ses joues. Des miettes de repas s'y accrochaient comme une tonne de réserve faite pour passer l'hiver. Les guenilles en question étaient constitués de ce que l'Orangeois qualifiait de débardeur, tellement rongé aux mites que des morceaux pendaient lamentablement autour de sa peau dénudée, et d'un bermuda tellement rapiécé que l'on ne pouvait deviner quelles avaient été sa texture et sa couleur d'origine. Vince, quand à lui, semblait avoir fait un effort pour paraître présentable. Ses cheveux noirs, gras et saupoudrés de sable étaient tirés en arrière en catogan et les égratignures sur la partie inférieur de son visage, désormais imberbe, prouvaient qu'il venait de se raser de près. S'il semblait plus petit et trapu que son ami, Vince était toutefois bien plus musclé que Ryff qui, de son con côté, arborait un embonpoint impressionnant pour un homme de la mer.
Benjamin, n'ayant pour image des marins que celles de Jack Sparrow, du Capitaine Crochet et des diverses représentations faîtes d'eux à travers les pirates ayant bercés son enfance, avait encore du mal à se faire à ces personnes sommes toute aussi normales que les habitants de Fantasyne, qu'il avait brièvement croisé en allant jusqu'au port.
— Ne te relâche pas, souffla Cassian en marchant à sa droite, au premier abord, Elmyk semble être un village paisible, mais si tu fais bien attention, tu verras que les chevaliers y pullulent à foison. Regarde leur démarche, ils ont tous la main contre le flanc et le regard concentré sur tout ce qu'ils voient. Le moindre signe suspect et ils nous tomberons dessus sans crier garde.
Benjamin redressa ses épaules, tendu. Il avait l'impression que des centaines d'yeux le passaient au crible, perçaient ses moindres secrets. La Tisseraie lui sembla alors brûlante contre sa jambe et sa peur lui criait de faire demi-tour, d'aller se cacher sur la plage et tant pis pour les volcans. Mais il continua d'avancer, la démarche raide. Les habitations défilaient à sa droite, sortes de tentes en toiles rigides surmontées de toits en fer, toutes identiques, sans portes ni fenêtres. A sa gauche, quelques stands façon fête foraines se dressaient à quelques centimètres de sol. Il s'agissait de commerces ambulants, autorisés à stationner jusqu'à écoulement de leur stock. Benjamin fût surpris de les voir flotter à quelques centimètres du sol, lui rappelant qu'il se trouvait bel et bien dans un autre monde que le sien, bien qu'il n'en doutait plus depuis longtemps. Loin derrière cette zone marchande s'étendaient les espaces d'entraînement des chevaliers. Ils étaient vulgairement séparés les uns des autres par des fils barbelés aiguisés, sûrement pour motiver les troupes à vaincre et au grand jamais être vaincus.
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Le brodeur de rêves - Tome 1 - L'héritage de Garamaé
FantasíaL'équilibre de Garamaé fut rompu il y a de cela des siècles, lorsque le Marchand de Sable trahit le Brodeur de Rêves. Le monde fût alors plongé dans le chaos avant de renaître de ses cendres. Mais sans les maîtres de la nuit, Garamaé peut-il vraimen...