Pendant ce temps à Pearl-Campès
Benjamin se releva en toussant. Il s'était endormi sur le sable et venait d'en avaler quelques grains. Machinalement, il tâta le côté de son pantalon et, n'y trouvant pas la Tisseraie, se mit à paniquer.
— Cassian ! Méryne ! La Tisseraie, elle...balbutia-t-il en panique avant de se souvenir de sa journée de la veille.
La boule qui s'était formée dans son ventre revint au triple galop, laissant l'adolescent dans une vive angoisse. Benjamin se leva, tremblant, et parcouru de nouveau la plage, au cas où. Mais il n'y avait aucunes traces de Cassian, de Méryne ou de ce traître de Vishka. Retenant ses larmes, l'Orangeois essaya de trouver une solution. Il ne pouvait rien faire pour ses amis et n'avait aucune idée de l'endroit où Vishka était parti. Tout en réfléchissant, il observa le port où un seul bateau s'y trouvait. Il hésita. Il voulait attendre ses amis, mais était persuadé que Cassian et Méryne lui en voudraient de ne pas saisir cette occasion. Mais voyager seul le terrifiait. Tout en réfléchissant, Benjamin se rapprocha du bateau. Peut-être devait-il y aller seul malgré sa peur ? Peut-être était-ce son devoir ? Il suffisait de visiter l'île sans se faire surprendre, et s'il trouvait la deuxième aiguille...Imaginer le sourire de Méryne l'aida à prendre sa décision, et ce fût d'un pas vif que l'Orangeois parcouru la distance le séparant du bateau.
Il s'agissait d'une petite barque munie d'une voile de fortune et de deux pagaies. Benjamin avança prudemment, cherchant la personne à qui appartenait le bateau.
— Il y a quelqu'un ? Demanda l'adolescent en remontant son sac sur son épaule.
N'obtenant pas de réponses, Benjamin soupira. Peut-être pouvait-il monter dessus et s'y cacher jusqu'au retour du propriétaire ? Mais cette idée le quitta bien vite. Outre le fait qu'il y avait le risque qu'on le balance par-dessus bord, il était aussi possible que personne ne vienne récupérer le bateau avant plusieurs jours. Benjamin se retrouverait alors coincé et cela ne l'avancerait à rien.
— Qu'est-ce-que tu fais devant mon bateau ? s'exclama une voix derrière lui, je te préviens, y'a rien à voler ici ! Et moi, les petits voleurs dans ton genre, je les donne en pâtures aux Krakens !
Sursautant, Benjamin se retourna et se retrouva nez à nez avec une jeune femme qui le regardait avec suspicion. Elle avait des cheveux roux attachés en tresse derrière sa tête et un visage pointu, dont les yeux marrons étaient à moitié cachés par une frange dégradée descendant jusque sous sa pommette droite. Son teint, bruni par le soleil, faisait ressortir la myriade de tâches de rousseur éparpillées sur ses joues et son nez. Elle portait une tunique en toile grise délavée cintrée à la taille par une lanière en cuir à laquelle était accroché un sabre d'abordage.
— Je...je...balbutia Benjamin en observant la main de la femme qui jouait avec le manche de son arme, j'ai besoin de me rendre sur l'île de Ghost. J'ai...C'est important.
— L'île de Ghost ? répéta la jeune femme, surprise, qu'est-ce-qu'un gamin dans ton genre va faire là-bas ? Demanda-t-elle avec suspicion.
— Je ne suis pas un gamin, rétorqua l'adolescent, piqué au vif, je suis le...
Benjamin ferma la bouche, furieux. Par égo, il avait failli dévoiler son secret à cette inconnue. Mais même s'il se sentait seul, perdu, et déboussolé, il savait qu'il devait garder son secret. De plus, pour quel médiocre Brodeur de Rêves passerait-il si l'on apprenait qu'il s'était fait voler la Tisseraie ? Pire, qu'il l'avait sciemment donné au voleur ? Et pire encore, combien de temps continuerait-il à vivre si son secret s'ébruitait ?
— Le ? demanda la femme en croisant les bras.
— Le...le meilleur passager que vous n'aurez jamais eu ! s'exclama-t-il avant de piquer un fard, réalisant la médiocrité de son argument.
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Le brodeur de rêves - Tome 1 - L'héritage de Garamaé
FantasyL'équilibre de Garamaé fut rompu il y a de cela des siècles, lorsque le Marchand de Sable trahit le Brodeur de Rêves. Le monde fût alors plongé dans le chaos avant de renaître de ses cendres. Mais sans les maîtres de la nuit, Garamaé peut-il vraimen...