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_Témoignage anonyme_

Disclaimer:
Dans ce chapitre je parle d'un sujet sérieux qui peut toucher, si vous êtes sensible aux troubles alimentaires ou facilement influençables s'il vous plaît ne lisez pas ce texte.




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La Boulimique.

Elle souriait sans cesse lorsque les yeux se pointaient sur elle.
Elle était perçue comme la plus joyeuse de ses amies, la plus optimiste, sûrement aussi la plus drôle.

Elle n'aimait pas montrer ce qu'elle pensait n'être que de la faiblesse.

Mais son mal-être était bien présent, et chaque jours il ne manquait aucune occasion de susurrer au creux de ses oreilles.

Elle ne se haïssait pas totalement, mais bien souvent ses ongles s'enfonçaient dans sa peau et griffaient ses cuisses, sous ses épaules juste haut dessus des avant bras, et même son visage.
Ensuite elle observait les griffures qu'elle s'était infligée, avant de descendre manger le repas auprès de sa famille comme si rien ne s'était passé.
Elle se rappellera toujours de cette fois, ou des gouttes de sang étaient apparus sur une de ses griffures.
Elle l'avait regardé, cette plaie.
Elle avait eu mal, mais ne regrettait pas.

C'était sadique.

Parfois elle se mordait la peau sous la lèvre, jusqu'à ce que la douleur soit insupportable.

C'était de la rage, de la frustration.

Alors oui, c'était sadique, lorsqu'elle se punissait d'avoir englouti la portion qu'elle s'interdisait.

Toujours lorsqu'elle était seule.

Après une crise, elle s'asseyait, transperçait le vide de son regard, et ne pensait plus a rien.
Durant ces quelques instants, elle ne bougeait pas d'un pouce, l'esprit brouillé de regrets.
Elle rêvait de cogner sa tête contre un mur, une table, après sa crise de boulimie.

Elle avait honte.

Elle mangeait peu, se privait de nourriture à longueur de journée.
Son corps la répugnait, elle se trouvait difforme.
Et lorsqu'elle osait se mettre en sous-vêtements devant le miroir, ses larmes ne coulaient pas uniquement car elles étaient figées de choque.
Au lieu de ça elle faisait des crises d'hyperventilation, comme lorsque son poids sur la balance lui semblait trop élevé.
Elle suffoquait et sa respiration augmentait un peu plus à chaque secondes.

Elle se sentait seule, incomprise.
Elle se sentait laide, difforme.

Son poids variait sans cesse.
Elle en prenait puis le perdait.

Ses parents s'inquiétaient mais pour les rassurer elle souriait.

Elle avait toujours le cœur lourd, si lourd qu'elle avait l'impression de devoir s'écrouler au sol.
Mais jamais elle ne le faisait.
En tout cas jamais lorsqu'elle avait de la compagnie.

Elle avait des amis, de la famille, mais personne ne la connaissait.
Cette pensée la faisait doucement rire.
Personne ne la connaissait pour de vrai.
Sa mère, son beau-père et sa meilleure amie étaient au courant de sa maladie.
Malgré tout elle détestait en parler.

Sa mère lui avait prit un rendez-vous chez un psychologue, mais elle n'appréciait pas vraiment parler de sa souffrance.
Elle avait toujours eu l'habitude de garder ses démons pour elle, depuis son enfance.
Son psychologue était quelqu'un de génial, il ne la jugeait pas, c'était son boulot après tout.
Il l'aidait, mais lorsqu'elle était seule elle avait l'impression de retourner au point de départ.

Elle était en manque de fer tant elle mangeait peu, et sa tête vacillait souvent.

Elle avait plus d'une fois pensée à se faire vomir, mais jamais elle n'avait osé.
Après avoir englouti une quantité importante de nourriture, elle se jurait de ne plus jamais recommencer.
Elle se privait et aimait avoir faim, c'est comme ça qu'elle se faisait maigrir.

Elle aimait la romance, elle rêvait de romance.
Elle écrivait beaucoup.
Elle écrivait des fan fictions.
Peut-être que ça pourrait sembler bête, mais cela lui donnait l'impression d'être dans une autre vie, loin de ses problèmes, auprès du seul homme qui pouvait la faire réellement sourire.
Le personnage principal de toutes ses histoires.

Elle était persuadée que jamais elle ne vivrait une histoire comme celles qu'elle écrivait, au vue de tous les défauts qu'elle voyait sur elle.

Elle dessinait beaucoup.
« Depuis que j'ai l'âge de tenir un crayon », aimait-elle dire.
Elle voulait faire une école d'art, c'était un de ses rêves.
On l'a complimentait sur ses illustrations, et bien qu'elle connaissait son potentiel, cela ne lui faisait rien.

Car elle avait mal.
Elle avait mal.
Elle avait... Mal.

Un jour, suite a une brève réprimande de sa mère, elle était montée dans sa chambre.
Elle s'était assise sur sa chaise de bureau, et avait poussé un interminable soupire.
Une seule larme avait coulée sur sa joue droite.
Elle s'était empressée de l'essuyer, avant de regarder le vide comme elle en avait l'habitude.

Ces temps-ci elle le fixait souvent, ce vide.
Elle sortait de cette dure réalité et son esprit divaguait loin, là où même elle ne connaissait pas.

Elle détestait qu'on lui pose cette fameuse question : Ça va?
Même si ce n'était qu'anodin, même si ce n'était que par politesse, même s'il s'agissait d'un simple message de salutation; Elle détestait.
Elle se sentait dans l'obligation d'utiliser le mensonge et cela la mettait affreusement mal à l'aise.

Elle ne pleurait que la nuit, et encore.
Bien souvent elle se retenait même lorsqu'elle était seule, et ce n'était qu'elle était à bout qu'elle craquait rien qu'un peu.

C'était un jour où la pluie était terrible, avant de bien vouloir laisser place au soleil, puis elle revenait soudainement.
Le temps avait été bien capricieux ce jour là.
Ses yeux s'étaient éternisés à travers la porte en verre qui séparait son salon de son jardin.
Il pleuvait des cordes.
Et soudain elle eut envie de sortir sous l'averse.
De s'assoir a même le sol.
Et de sentir la pluie tremper son corps.

Elle n'osa pas.

Depuis quelques temps elle avait ce désir.
Elle n'en connaissait pas vraiment la raison.
Sûrement une nouvelle façon de se punir si jamais elle finissait par tomber malade.

Alors depuis quelques temps elle avait cette sorte de fascination pour la pluie, elle voulait être en dessous lorsqu'elle apparaîtrait.

La fille était fragile, mais devant les autres elle était forte.
Ce masque, elle le portait depuis bien longtemps, depuis son enfance.
Ses parents étant séparés, elle avait toujours eut honte d'en souffrir et petite, elle ne le montrait pas.
Petite, elle s'était fabriquée ce faux visage, celui qui sourit, celui qui rit, celui qui ne connait que la joie.

La vie lui semblait bien lourde sur ses épaules, mais elle faisait semblant d'être assez forte pour la transporter.

Seulement, elle attendait qu'il pleuve pour s'assoir sous les gouttes.

La prochaine fois elle le fera.

22/05/21

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C'est assez triste mais je trouvais ça important d'en parler.
Désolée si ça vous a plombé le moral😖

🔝🔝Ma musique préférée✨

~Nous Nous Reverrons~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant