Journal d'un serpent

31/08/2021

Cher journal,
Aujourd'hui a été une très, très longue journée.
J'avoue que j'ai encore du mal à réaliser que je vais à Poudlard demain. J'ai beaucoup de pression, car je sais que je n'ai pas une âme totalement Serpentard. Je suis aussi Serdaigle, dans le fond.
 Un travailleur acharné et passionné, qui adore la lecture. Je me sais aussi renfermé sur moi-même, et je peux me tenir en marge du groupe si je ne me fais pas d'amis le premier jour. Je laisse tomber très facilement l'affaire, et, par dessus tout, je peux m'avérer très timide.

Bref. Tout ça pour dire que j'ai une grosse pression, autant du côté de ma mère que de celui de mon père. Je dois aller à Serpentard. Je dois être odieux envers les Potter, les Weasley, les Londubat et tous ces autres "sauveurs en sucre", comme dit mon père.

Mon père... J'aurais de quoi écrire un livre entier sur lui, sur ce qu'il m'a raconté, sur ce qu'il a vécu. Il m'a conté beaucoup de choses sur la guerre, du côté des mangemorts. Pas de celui de Potter, bien sûr - je n'en ai pas eu besoin de tout façon. Lui et ses deux acolytes ont écrit leurs histoires partout, si bien que je n'aurais pas besoin d'aller chercher bien loin pour trouver des informations. Et cela ne m'intéresse pas, de tout façon.

Le côté obscur, voilà ce qui m'intéresse.

Parce que ce sont mes origines, le passé de toute ma famille, aussi du côté de ma mère. Les morts ? Ils n'y en a pas eu moins chez les mangemorts. Bien au contraire. Mais ça, personne n'en parle. Tout le monde se fout de savoir que tous les ex-mangemorts enfermés à Azkaban y sont morts. Que tous les EX-mangemorts sont devenus des parias. Que les mangemorts avaient de la famille. Une femme et des enfants, des frères et des sœurs.

Après tout, c'est nous les méchants. Et beaucoup de familles de sang pur baissent désormais la tête dans la rue et se soumettent aux critiques et à la misère.

Mais pas la mienne.

Les Malfoy ont toujours été fiers, d'eux, de leurs origines, de leur sang pur. Ils ont toujours gardé la tête haute. Ils ont toujours été odieux, méprisants, égoïstes et insupportables avec les autres, toujours, et ce sans aucune exception. Alors, à Poudlard et pour mes parents, je vais être un Malfoy et leur faire honneur - ne serait-ce qu'une seule fois dans ma vie. Ce serait déjà un bon début.

La guerre ? Plus qu'une petite partie de l'histoire (de la nôtre en tous cas). Mon père a perdu le sien. Il a fait deux mois de prison à Azkaban, mais il a gagné ses procès. Il déteste toujours le Petit Pote Potty, le Balafré, le Sauveur en sucre. Mais chaque fois qu'il le croise, il prend sur lui et l'ignore, toujours sans se débarrasser de la classe naturelle des Malfoy.

 Nous portons ça comme un vêtement, et il nous va si bien ! Même chez nous, nous ne nous en débarrassons pas. C'est naturel, et c'est si bien assorti à notre nez pointu, nos yeux gris et nos cheveux d'un blond presque blanc !

Ça, c'est les Malfoy. Et j'en suis un. Comme mon père.

Comme lui, j'ai ce nez pointu, ces lèvres fines, ces yeux gris, ces cheveux blancs et ce visage froid.

Mais j'ai la douceur de ma mère dans ma voix, dans mes mots, mes centres d'intérêt. Dans mon caractère.

Et cela pourrait coûter cher à un Malfoy, un serpent comme moi...