Journal d'un serpent

Surprise !

- Papa, maman ! m'exclamai-je, ce qui me valu quelques regards mécontents des autres clients. Vous êtes venus !

- Évidemment ! me dit mon père avec un faux mépris. Tu as vraiment cru que nous allions oublier de te souhaiter ton anniversaire ?

- Nous nous sommes dit que c'est triste de t'envoyer ton cadeau par colis, continua ma mère. Pourquoi ne pas te le donner en main propre ?

- Un cadeau ?

- Eh bien oui, Scorpius, me dit mon père. C'est ton anniversaire. Et un anniversaire sans cadeau, ce n'en est plus un.

- Je...

- Bonjour, messieurs dames, me coupa un serveur. Désirez-vous boire quelque chose ou commander un apéritif ?

- Nous désirerions que vous vous excusiez, répondit mon père froidement. Vous avez coupé la parole à mon fils, et c'est inacceptable.

- Je m'excuse, fit le serveur, sans comprendre.

- Bien, dit mon père à son tour. Maintenant, nous désirerions changer de serveur.

Je vis le serveur changer de couleur. Il devint aussi rouge que la carte des menus placée devant nous. Il s'en alla d'un pas vif, honteux de s'être laissé faire.

Moi, je fis un grand sourire. Mon père me le rendit puis me fit un clin d'œil. Ma mère nous regarda tendrement, contente que tout se passe toujours aussi bien entre nous.

Une serveuse vint vers nous, avec le sourire.

- Voilà qui est mieux, grommela mon père.

- Vous avez choisi ? demanda la femme.

- Oui, répondit mon père.

                                                                                                       .oOo.

Le repas était succulent. Mon père avait tout de même réussi à se plaindre sur le fait que les plats n'étaient pas chauds. Nous nous sommes fait remboursé (l'influence de mon père...) et avons donc des gallions à dépenser.

C'est repus que mes parents et moi nous baladons dans les rues de Pré-au-Lard, en plein après-midi. Nous nous asseyons sur un banc, à l'ombre de la terrasse de Écrivains et voyageurs, l'hôtel dans lequel mes parents sont installés.

Ma mère me tend deux paquets. Je déballe le premier et trouve, à l'intérieur, ma tenue pour le bal. Heureusement que mes parents sont là ! Je regarde ensuite le second paquet. De la taille d'un calendrier, il est rectangulaire.

- Nous avons gardé une idée pour Noël, me dit ma mère avec un sourire désolé.

- Allez, ouvre ! s'exclame mon père.

Je prends le cadeau et le déballe. À l'intérieur, il y a une magnifique mallette en bois. Je vois les initiales S.M. gravées en doré dans le bois.

- Ouvre ! fit ma mère. Il y a des choses à l'intérieur.

J'ouvre la mallette. A l'intérieur, je vois des crayons, un taille-crayons, des craies grasses, de la peinture à l'eau, des crayons aquarelle, des gommes, des pinceaux et des pots de peinture acrylique.

- Un set de dessin, me dit mon père. J'espère que ça te plaît.

- Je... fis-je, incapable de prononcer un mot de plus.

Si ça me plaît ? Bien sûr que ça me plaît ! C'est pour moi la manière la plus évidente de comprendre que mes parents m'aiment. S'ils ne m'aimaient pas (ou si ma joie ne leur importait), ils m'auraient acheté un set de peinture...