Entretien

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- Je vais commencer le récit, me dit la directrice. Je te demande de ne pas m'interrompre.

J'hoche la tête en signe d'affirmation. Elle prend une grande inspiration, puis me raconte :

- Tu as donc donné un coup de poing à Harland. Celui-ci a réagi bien plus violemment. Il a sorti sa baguette magique et t'a jeté Impero.

Révélation numéro un.

- C'est un sortilège interdit, bien entendu, ce qui le renvoie immédiatement de Poudlard. Mais, malheureusement, Harland ne s'est pas arrêté là. Il t'a fait jeter Sectusempra et Endoloris, sur lui, bien entendu. Il a ensuite répliqué avec un double Sectusempra puis a interdit aux élèves de parler de ça à qui que ce soit, avant de s'effondrer, les habits tachés de sang. Les élèves, présents, ont vu toute la scène. Ils se sont dépêchés d'appeler quelqu'un pour Harland, mais personne ne s'est chargé de toi.

Mac Gonagall joint ses mains et pose ses coudes sur le bureau.

- Personne, sauf une fille. Rose Weasley. Tu lui dois la vie, sans elle tu ne serais sûrement pas là. Peu de gens sont vivants après avoir vécu un double Sectusempra.

La directrice me regarde avec fierté et incompréhension.

- Vous ainsi que Harland avez été emmenés à Sainte Mangouste, pour vous guérir de vos blessures. Ce dernier aurait d'ailleurs pu mourir de ses propres blessures, ce qui est totalement idiot car c'est lui qui vous contrôlait... Mais bon, passons. Vous vous êtes remis étonnamment vite, ce qui fait que vous êtes rentré bien plus vite au château, à l'infirmerie.

Elle renifla avec mépris, avant de continuer :

- Harland Nott a longtemps fait la comédie - ne se mentons pas - pour rester à Sainte Mangouste et faire pitié aux élèves de Poudlard. Vous savez sûrement que ses parents font partie des plus gros donneurs. L'hôpital ne pourrait pas se permettre de ne plus recevoir d'argent de leur part. Monsieur et madame Nott ont donc insisté - fait scandale, même - pour que leur fils reste un peu plus longtemps.

Elle eut un petit sourire satisfait, puis poursuivit :

- Ils ont cependant remarqué, au bout d'un certain moment, que leur fils ne souffrait plus du tout. Il a donc été envoyé à l'infirmerie, vous tenant compagnie - et hurlant occasionnellement dans son sommeil. De ce que nous a raconté une élève, Harland dormait en permanence. Je le soupçonne d'avoir bu un philtre de sommeil, mais cette information est encore à vérifier.

Révélation numéro deux.

- Revenons une heure avant votre bagarre. Vous aviez reçu des chocolats, n'est-ce pas ?

J'hoche la tête.

- C'était Harland qui les avait envoyés.

Révélation numéro trois.

- Il vous connaît très bien, il vous a énormément côtoyé. Il sait que vous n'aimez pas le chocolat blanc, et il sait aussi quand vous vous montrez généreux. Il savait que vous alliez lui donner les chocolats et qu'il allait pouvoir vous faire croire n'importe quoi. Il a tout mis en place pour que vous soyez désigné coupable, et que vous ne remarquiez rien.

Elle soupire.

- Il vous a tendu un piège. Il savait que votre curiosité allait prendre le dessus, lorsqu'il allait vous réclamer d'aller à la bibliothèque. Il a d'ailleurs choisi cet endroit car il sait qu'il y a de nombreux groupes de personnes, et de maisons différentes - ce qui permet de faire circuler une rumeur plus vite.

Révélation numéro quatre : Harland est intelligent.

- Je vais maintenant vous dire pourquoi il a fait tout ça. Il est amoureux de Delaney, votre meilleure amie, qui était aussi la sienne.

Non-révélation numéro une.

- Mais Delaney vous aimait vous. Harland a tenté sa chance mais s'est - comment dites-vous, les jeunes ? - pris un râteau. Plus que jamais en colère, il a peaufiné son plan, jour après jour, jusqu'à ce qu'il le mette enfin en œuvre.

- Quel était son but précis ? demandai-je.

- Détruire votre réputation et celle de votre famille et briser toutes vos amitiés, me répondit la directrice. Ce qui a d'ailleurs plutôt bien fonctionné : Delaney ne vous parlait plus du tout, puis a accepté les avances de Harland. Elle vous aime toujours, au passage...

Révélation numéro cinq.

- Donc cela n'avait aucun rapport avec Lily ? interrogeai-je à nouveau. Et les messages ?

- En effet, j'ai entendu parler de ces messages. Ils auraient été écrits par Elladora Yaxley, voulant vous éloigner de Lily Potter. Cela n'aurait finalement pas fonctionné. D'ailleurs, où en êtes-vous de votre relation avec Lily ?

Je devins tout rouge. Comment... ?

- Pardon ? demandai-je.

- Je vous demande si vous vous êtes éloignés.

- A vrai dire, madame la directrice, répondis-je finalement, je ne sais pas trop où nous en sommes...

Mac Gonagll me sourit, énigmatique, avant de dire :

- Je vois. Je crois que vous savez tout, Malfoy. Avez-vous des questions ?

J'en ai plein.

- Oui, fis-je. Que va devenir Harland ?

La directrice pinça les lèvres.

- Il va être viré de Poudlard et dirigé vers un établissement spécialisé.

- Mais...

- Malfoy, vous n'avez pas à prendre sa défense, et encore moins en ce qui concerne ce sujet. Le tribunal va trancher demain, mais je pense que Harland Nott va d'abord faire un mois ou deux de prison à Azkaban, dans l'aile réservée aux mineurs.

- Professeur, c'est un endroit horrible ! protestai-je. Vous ne pouvez pas l'envoyer là-bas !

- Sachez que c'est beaucoup moins horrible qu'à l'époque, Malfoy, répliqua Mac Gonagall. Il n'y a plus de Détraqueurs et les visites sont autorisées de manière plus régulière. De plus, l'aile des mineurs n'a rien à voir avec celle des majeurs.

Je soupire. Elle a sans doute raison.

- Personne d'autre ne sera puni ? interrogeai-je.

- Les élèves présents à la bibliothèque - sauf mademoiselle Weasley - écoperont tous d'une heure de retenue tous les soirs jusqu'à la fin de l'année et dix points - par élève - seront retirés à leur maison.

- Et moi ?

- Vous ? De quoi voulez-vous être puni, Malfoy ?

- Non, rien. Laissez tomber.

- Bien.

La directrice se leva et je fis de même.

- Malfoy, dit-elle, cet entretien est terminé. Vous pouvez aller manger.

Manger ? Cet "entretien" m'a coupé l'appétit. Je quitte le bureau de Mac Gonagall, la tête pleine d'informations et de questions.

Journal d'un serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant