Journal d'un serpent

Départ

9 mois et 21 jours plus tard...

La fin de l'année s'est déroulée sans incident notable.

Le tribunal a, finalement, décidé d'emprisonner Harland durant trois mois, plus encore que ce qu'avait prévu Mac Gonagall.

Lily et moi ne nous somme plus adressé la parole. J'avoue l'avoir un peu fuie, mais elle ne semblait pas décidée à faire le premier pas non plus.

Tant pis. Je l'aime toujours, peut-être même plus qu'avant, mais je me suis rendu compte d'une chose : Lily ne m'aimera jamais. Elle est trop bien pour moi.

Cette fin d'année a été très calme pour moi, sentimentalement comme scolairement. Mes notes ont été excellentes et régulière, ce qui me fait passer en seconde année sans aucune difficulté.

Delaney et Osarius sont revenus vers moi, mais je ne leur parle pas. Les voir me rappelle Harland et ce qu'il m'a fait. J'avoue que c'est pire de savoir, finalement. Mais au moins je suis soulagé d'un poids.

Je n'ai plus à courir dans tous les sens pour rayer des noms de la Liste ou encore pour mettre en place des plans tordus.

Il y a peu de temps, les américains et leur nouvelle bande sont venus me voir. Ils m'ont tabassé, disant se venger de la dernière fois. Je n'avais pas de baguette magique et nous étions en vacances, les couloirs étaient vides. Je n'ai pas porté plainte, j'ai gardé le silence.

Je crois que je mérite ces bleus. J'ai été si insupportable en début d'année... J'ai été si odieux, je mérite bien trois ou quatre coups de poing.

Je sais que je recommencerai l'année prochaine, c'est ça le pire. Je sais que l'année prochaine je serai à nouveau un vrai petit Malfoy. J'aurai peut-être plus de regrets, mais je ne pense pas que je cesserai de me comporter comme un Malfoy. C'est impossible. Comme mon père avant moi, j'ai ça dans le sang. Il faut croire.

Je suis dans le Poudlard Express. Le train file, se rapprochant de plus en plus de mes parents et du manoir. Je ne les ai pas vus depuis mon anniversaire, j'ai refusé de rentrer pour les vacances.

Ils ont invité mes grand-parents à venir à la maison pendant "un mois ou deux", et je n'ai pas envie de rentrer à la maison juste pour ça. Je déteste mon grand-père.

C'est à cause de gens comme lui que le regard des autres ne change pas : il croit qu'il est encore un mangemort et se permet de dire n'importe quoi à n'importe qui. Il pense aussi que le Seigneur des Ténèbres va revenir et va tuer tout ceux qui ne lui ont pas été fidèles. Selon mes parents, il a perdu la boule. Selon moi, le choc de la défaite a été tellement fort qu'il est resté dans le déni, à croire que le Lord reviendra un jour.

- Le Poudlard Express, à destination de la gare de King's Cross, arrivera dans dix minutes, dit une voix de femme.

Je soupire. Je suis certain que Audric Greengass viendra voir son petit-fils, lui qu'il surnomme "la descendance". Je dois à chaque fois me forcer un peu plus pour ne pas lui dire mes quatre vérités, et je pense que cette fois-ci ce sera encore plus difficile qu'avant.

Je me refais l'année passée en boucle.

Pour mon père, c'est Potter qui a refusé de lui serrer la main.

Pour moi, c'est moi qui ai refusé l'amitié de Lily. Je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même. Je sais que notre amitié aurait dérapé dans tous les cas : elle serait sortie avec Osarius de toute façon; et j'aurais réagi pareil lors du bal d'Halloween.

Comme dit ma mère, "trop ressasser les erreurs du passé nous fait parfois oublier celles du présent". Je suis totalement d'accord. Je dois me concentrer sur l'avenir, pas sur le passé. De toute manière, mon chemin est déjà tracé. Pourrais-je le dévier quand même ?

                                                                                             .oOo.

Dix minutes plus tard, le train arrive en gare de King's Cross. J'ai fait un effort pour paraître Malfoy devant mes parents : j'ai retiré mes lunettes et brossé mes cheveux avec du gel.

La porte s'ouvre. Les élèves les plus proches de la porte sortent. Moi, j'attends un peu. "Hors de question qu'un Malfoy aille s'agglutiner, se coller aux autres juste pour gagner une minute ou deux".

Je souris. Voilà ce que j'aurais pensé en début d'année. Je le pense encore un peu, je refuse d'aller me coller aux autres. Mais ce n'est pas parce que je suis un Malfoy, mais plutôt parce que j'ai énormément de mal avec le contact humain.

Lorsque tous les autres sont sortis, je descends à mon tour du train, ma lourde valise à la main. Je cherche mes parents du regard, mais la foule est si dense que j'abandonne rapidement.

Je marche sur le quai, toujours à la recherche de mes parents. Je vois les Potter, pas très loin. Toujours aucune trace de Draco et Astoria Malfoy. Mais où sont-ils ? Sont-ils venus, au moins ?

Je les aperçois, ils marchent, venant à ma rencontre. Mes grand-parents les accompagnent.

Je sens quelqu'un me tapoter l'épaule. Je me retourne rapidement et me retrouve nez-à-nez avec un fille rousse et joyeuse.

Lily Potter.

Je lui accorde un petit sourire timide. Le sien est éblouissant. Elle se penche légèrement vers moi. Elle semble hésiter.

Puis, à ma grande surprise, elle se penche encore plus et m'embrasse.

Devant tout le monde.

Devant mes parents.

Devant les siens.

Sur le quai, sous les yeux de plusieurs centaines de personnes.

Mais, pour une fois, je m'en fiche. Car Lily m'a embrassé.