L'Élite : Your Secrets, Tome 1

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Caleb

J'étais allongé dans mon canapé depuis une bonne heure maintenant, à regarder le plafond. En fait, je réfléchissais à beaucoup de choses.

Primo : Lina et Roxane m'avaient fait perdre six mois de ma vie.

Deuxio : Lina était enceinte de mon frère.

Tertio : J'étais convaincu que le tueur n'était autre qu'Arthur.

Et puis de toute manière, qui d'autre? Ce n'était un secret pour personne, Lina aimait foutre la merde. Alors quoi de mieux que de briser l'amitié de longue date d'Andy et d'Arthur? Elle tombait enceinte de mon demi-frère, racontait tout à Arthur, il pétait un câble et la tuait. Et maintenant, Pénélope se retrouvait à devoir le couvrir.

Ma théorie me semblait tout à fait plausible. Mais comment faire pour que la police me croyait? J'avais déjà eu un passif compliqué avec eux, et je prendrai le risque de révéler le secret d'Andy, de le mettre en danger, et tous ça pour Boyce? Si les flics ne me croyaient pas, mon frère était bon pour finir sa vie dans une cellule...

Peut-être fallait-il que j'aille en parler d'abord avec Penny? Je n'aurais qu'à lui tirer les vers du nez. Elle me dirait la vérité à moi? Non, Penny ne me voyait que comme un camarade de classe, elle n'allait pas dénoncer son propre frère pour sauver la peau du mien...

Je fus coupé dans mes pensées par quelqu'un qui toquait à ma porte. Je me levai du canapé, en sentant les fourmis dans mes jambes, et me dirigeai à l'entrée de la maison. Lorsque j'ouvris la porte, je tombai nez à nez avec Diego. Un Diego qui avait l'air très bizarre. Plus que la normale.

- Je savais pas trop où aller alors, je me suis dit que j'irais où le vent me mènerait... Et regarde qui le vent t'a apporté! S'écria-t-il sur le perron.

Je haussai les sourcils en lui souriant. Bien. Au moins, il pouvait toujours faire du sarcasme. Je le laissais entrer dans la maison, et il se dirigea vers le salon où il s'affala dans le canapé où je me trouvais deux minutes auparavant. Je m'installais sur le siège en cuir moelleux du salon, en le regardant. Il poussa un long soupir en mettant sa main sur son visage.

- J'ai eu une journée pourrie, mec... déclara-t-il.

- Il est même pas 15h, Diego, répliquais-je en arquant un sourcil.

Il grogna en se redressant dans le canapé. Il s'asseya et posa ses deux coudes sur ses genoux, avant de mettre ses deux poings sur ses yeux.

Pour être honnête, je ne savais pas trop comment agir dans ce genre de situation. Mon amitié avec Diego reposait sur la rigolade. On ne se prenait jamais au sérieux, et c'était ce que j'aimais chez lui. Mais ce que j'appréciais encore plus, c'était que, parmi toutes les personnes que je côtoyais, il était le seul à avoir voulu devenir mon ami. Noah et Audrey avaient été obligés, parce que je parlais avec Pénélope, Arthur également, quant à la bande d'Andy, je ne dirais pas qu'on soit les meilleurs amis du monde. Mais Diego, lui, ne me connaissait même pas qu'il voulait devenir mon ami. Alors il fallait bien que je réagisse.

- Tu... tu veux en parler ? Demandais-je maladroitement.

- Joues pas le sentimental avec moi, c'est pas ton genre, me répondit-il.

- Je suis sérieux, Diego. T'as pas le moral, alors vas-y parle, tentais-je.

Il soupira et me regarda. Il secoua la tête d'un air las.

- Je saurais même pas par où commencer...

Je le regardais en silence, pendant qu'il fixait un point sur la table basse. Il avait l'air de peser le pour et le contre des informations qu'il pouvait ou pas partager avec moi. Finalement, il releva la tête pour ancrer son regard dans le mien.

- Je t'ai déjà parlé de ma sœur ?

Je tiquais. Sa sœur?

- T'as une sœur? Demandais-je en fronçant les sourcils.

- J'en avais une.

Je restai stoïque face à cette révélation. Pendant plusieurs secondes, le temps que mon cerveau puisse traiter l'info. Quand je réalisais les paroles qu'il avait dit, il avait déjà recommencé à parler.

- Elle s'appelait Lili. Quand elle est... morte, elle avait notre âge.

Je le vis serrer ses poings et ses épaules commencèrent à trembler.

- À l'époque, il y avait mes parents, Samuel, moi et Lili. J'étais le plus jeune, et Samuel le plus âgé. Alors mes parents passaient leurs temps à s'occuper de nous. Pour Lili, ils disaient qu'elle pouvait se débrouiller. Mais un jour, une rumeur a circulé dans son lycée, elle s'est propagée à mon collège : une élève avait couché avec un prof.

" Alors à ce moment j'avais pensé tout simplement, quelle idiote irait coucher avec son prof ? Qui ferait ça ? À ce moment-là, je n'avais pas idée,... je ne savais pas que... ( Il renifla avant de reprendre. ) Mes parents ne faisaient jamais attention à Lili, il s'intéressait à Samuel qui était le plus grand, ils étaient beaucoup plus stricts avec lui, même s'il s'amusait à jouer les petits cons... Le Samuel de l'époque n'était pas du tout le professeur de littérature posé et calme que vous connaissez aujourd'hui. Il était casse-cou, aimait sécher les cours, fumer, boire.... Et puis, il y avait moi, le petit dernier de la famille, le chouchou. L'intello de la classe, celui qui ne faisait jamais de bêtises, bizarre, hein? Un matin, je me réveillais sous les cris de mes parents et ceux de Lili, elle était en colère, elle disait qu'elle n'en avait rien à faire d'eux, et que son petit-ami l'aimait vraiment. Tu as deviné, n'est-ce pas? C'était le fameux prof.

Elle voulait s'enfuir avec lui. Mais ce type n'était pas débile. Il avait une famille, des enfants. Il n'allait pas tout abandonner. Alors il a abandonné Lili. Les rumeurs se sont amplifiées sur elle au lycée, elle se faisait traiter de salope, de garce... Et un jour je suppose que c'était trop pour elle... elle s'est suicidé."

Il n'alla pas plus dans les détails. Et arrêta son récit à cette dernière phrase, et je ne lui en voulais pas. Je comprenais mieux maintenant, pourquoi il se fichait tant des rumeurs qu'il y avait au lycée, pourquoi il faisait comme si rien ne l'atteignait. Et comment il faisait pour avoir de si bonnes notes sans réviser, ce mec était en réalité un véritable intello.

Je me levais du siège et allai m'asseoir en silence à ses côtés. Quand il voudra parler, il parlera. Pour le moment, ça ne me gênait pas de rester comme ça.