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Pénélope

J'étais allongée dans mon lit. Encore en train de relire ce message qui nous avait été envoyé. Après l'avoir reçu, il s'était passé quelque chose de très bizarre. Personne n'avait dit quoi que ce soit, on s'était contenté de ranger nos portables et observait pensivement - ou plutôt honteusement - les policiers faire leurs boulots. Je me demandais encore comment ce cinglé avait appris que je soupçonnais mon père du meurtre de Lina.

Cette question revenait tellement en boucle dans mon esprit que j'en oubliais totalement le reste du message. Enfin pas totalement. J'y avais pensé, mais n'avais absolument rien compris de ce qui se disait sur mes camarades. Apparemment on avait tous quelque chose à cacher. Et j'avais trop de choses en tête pour essayer de déterrer leurs secrets.

Je soupirais en enlevant la veste bleu marine aux armoiries de Lincoln Conservatory. Je commençais à déboutonner ma chemise blanche en me regardant dans mon miroir. Les traces de mon agression avait presque disparus. J'avais encore quelque cicatrices proches de mon arcade sourcilière mais sans plus. Je me trouvais actuellement en soutif avec la jupe bleue de mon uniforme.

J'enlevai l'élastique qui contenait mes cheveux châtains en chignon et ils tombèrent sur mes épaules. Je jetai mes baskets dans un coin de ma chambre en m'affalant sur mon lit. Cette journée avait eu l'air de durer une éternité. La porte de ma chambre s'ouvrit subitement et Arthur entra. Je lui lançais un oreiller en plein visage en attrapant vivement un pull.

- Crétin! Je t'ai déjà dit de frapper quand tu entres! M'écriais-je en me débattant pour parvenir à mettre ma tête dans mon pull Poufsouffle.

- Caleb est au rez-de-chaussée en train de parler à maman, je crois qu'il va monter dans ta chambre, déclara Arthur en me relançant mon oreiller en plein visage.

Je grognais et mon frère jumeau sortit de ma chambre pour aller s'enfermer dans la sienne. Je jetai un rapide coup d'œil à ma chambre et essayai de cacher quelques vêtements et livres qui traînaient sous mon lit ou dans mon armoire. J'entendis les pas de Caleb dans les escaliers et j'accélèrais la cadence pour rendre ma chambre un peu plus présentable.

Il arriva enfin devant ma porte et je me laissais tomber sur mon lit en lui faisant un petit sourire.

- Qu'est-ce qui t'amène? Demandais-je.

- Je suis venu voir comment ma voyeuse de voisine avait trouvé cette journée, répondit-il en prenant un ours en peluche et en l'admirant.

- Ta "gentille et attentionnée" voisine a trouvé cette journée profondément longue, et toi, voyeur de voisin? Fis-je en allant fermer la porte de ma chambre.

Il soupira en s'asseyant sur ma chaise de bureau, il leva la tête pour admirer mon plafond, l'air pensif.

- Il y a six mois, quand on m'a envoyé en maison de redressement, j'étais totalement différent, Penny, déclara-t-il.

Je l'écoutais attentivement, c'était la première fois qu'il abordait la maison de redressement. D'habitude il parlait d'autres banalités et faisait des blagues à deux balles auxquelles je riais dans des moments de faiblesse.

- J'étais con. Toujours bourré et défoncé. Alors quand on m'a accusé de cet incendie, j'étais si comateux que je me suis mis à douter de moi-même. Est-ce que j'avais vraiment fait ça? Est-ce que j'étais arrivé à un état si lamentable et pathétique que je ne me rappelai plus ce que je faisais? Est-ce que j'étais vraiment ce drogué pitoyable et lâche? Je l'ai cru. Pendant un bon moment, les réponses à ces questions étaient toutes les mêmes : oui, c'est bien moi : Caleb le bon à rien, Caleb le crétin, Caleb l'adolescent qui ne réussira jamais sa vie, expliqua-t-il.

J'avalais ma salive difficilement. Je ne savais pas du tout si je devais lui répondre, ou juste me taire et le laisser vider son sac.

- Et aujourd'hui, j'apprends que ce sont ces deux petites connes qui m'ont coûté six mois de ma vie. L'incendie n'était pas de ma faute, Penny, dit-il en braquant ses yeux verts dans les miens.

- Je suis désolée, Caleb, chuchotais-je.

Il me sourit et vint s'asseoir à côté de moi dans mon lit.

- Tu ne comprends pas où je veux en venir, hein? Demanda-t-il.

Je fronçais les sourcils en secouant négativement la tête. Il voulait m'ouvrir son cœur, et discutait de ses peurs les plus profondes ?

- Si quelqu'un m'avait écouté, si quelqu'un m'aurait cru, je ne serais peut-être pas aller en camp de redressement. C'est la même chose pour Audrey. Je ne te demande pas de la pardonner ou de refaire ami-ami avec elle. Mais au moins, écoutes ce qu'elle a à te dire, me conseilla Caleb.

Je tournais la tête et regardai les peintures florales au mur. Je prenais une grande inspiration et me retournais vers Caleb.

- Maître Yoda a parlé? Demandais-je en rigolant.

- Conseil avisé j'ai donné, plaisanta Caleb en me bousculant un peu.

On rigola et il sortit de ma chambre pour retourner chez lui. Je le regardais arriver chez lui, par la fenêtre de ma chambre. En réfléchissant à ce qu'il m'avait dit. Il fallait que je parle à Audrey et qu'on mette les choses au clair.

L'Élite : Your Secrets, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant