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Andy

Demain on serait interrogé pour la énième fois à propos du meurtre de Lina. Je me trouvais dans ma chambre, allongé sur mon lit à observer le plafond. Cette histoire m'épuisait. Et je n'arrêtais pas de me dire que demain, c'était moi que Mr Kensington allait arrêter, parce que j'avais le mobile parfait. J'étais le père du bébé que Lina allait avoir. Elle avait trompé Arthur, avec moi, son meilleur ami. Quel idiot j'étais.

- Arrêtes de déprimer.

Je me redressai sur mon lit et aperçut Caleb à l'entrebaillement de la porte. Il avait les clés de sa moto dans sa main et sa veste dans l'autre.

- Tu sors? Demandais-je.

- Oui. Diego m'a enfin donné un signe de vie, donc je vais aller le voir, m'expliqua mon frère.

J'acquiesçai et il partit sans demander son reste. Je m'affalais de nouveau dans mon lit quand j'entendis les pas de Caleb se rapprocher de ma chambre. Je fronçais les sourcils, il devait pas partir lui? Il repassa la tête par la porte et m'observa. Il secoua la tête en me voyant affaler dans mon lit.

- Arrêtes de te morfondre. Demain tout se passera bien... et je serais là. Je serais toujours là, déclara-t-il.

Je soupirais et me lever dans mon lit en essayant de lui faire un sourire. Caleb était vraiment un crétin, mais j'étais content de l'avoir à mes côtés. Un quart d'heure plus tard, je descendis au rez-de-chaussée pour me rendre dans la cuisine. J'ouvris un des tiroirs et en sortis mon flacon de cachets contre mes crises d'angoisse. Je fis tomber dans ma main trois cachets que j'avalais avec une gorgée d'eau.

Ces cachets étaient presque devenus vitaux pour moi. Ils m'aidaient à me calmer, et à ne pas subir ces horribles crises qui me coupaient la respiration et me faisaient suffoquer, jusqu'à avoir l'impression d'étouffer. Je rangeais les cachets quand quelqu'un frappa à la porte. J'allais ouvrir et tombai sur Arthur.

- Je peux squatter chez toi ce soir? Penny a invité Audrey à dormir à la maison et je suis pas d'humeur à faire semblant de l'apprécier.

Je le laissais entrer. Et il s'installa directement dans le canapé en sortant de son sac à dos ses jeux vidéos. Je ne comptais même plus le nombre de fois où Arthur avait traversé la rue pour venir dormir à la maison. Arthur était comme un deuxième frère pour moi, et ça me tuait de lui avoir fait ça. De l'avoir trahi avec Lina. Il m'incita à venir jouer avec lui, et on passa une grande partie de l'après-midi à jouer. Vers dix-huit heures, je partis nous réchauffer une pizza pour qu'on ne meure pas de faim.

J'avais aimé cette après-midi, mais comme à chaque fois que je me trouvais avec Arthur, une culpabilité sourde m'enserrais la poitrine. Il fallait que ça s'arrête. Je fermais les yeux en reprenant une grande inspiration quand j'entendis quelqu'un d'autre frappait à la porte. Arthur fronça les sourcils en me demandant qui cela pouvait bien être. Et je haussai les épaules en me dirigeant vers ma porte d'entrée.

Arthur était sur mes talons, lorsque j'ouvris la porte pour tomber nez à nez avec Mr Kensington. Je lançai un regard confus à Arthur qui fronçai les sourcils en regardant le policier.

- Est-ce qu'on peut vous aider ? Demanda Arthur.

- Mr Ross le peut, déclara l'inspecteur.

Deux officiers sortirent d'une voiture de police et vinrent se poster de part et d'autre du père d'Audrey. Je déglutis difficilement.

- Andy Ross, vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Lina Powell. Vous avez le droit de garder le silence...

Les paroles de Mr Kensington me semblèrent lointaines quand il attrapa mes poignets pour les menotter derrière mon dos. Un sifflement persistant se fit entendre dans mon oreille interne. Je vis Arthur hurler en demandant des comptes à Mr Kensington, tandis que deux policiers le garder à distance. L'inspecteur me fit entrer dans la voiture de police et je m'y installai sans broncher. Je savais que cela allait arriver.

Une fois au commissariat, on m'emmena dans la salle d'interrogatoire. Mr Kensington vint s'asseoir en face de moi, je vis ses lèvres bouger mais je n'en comprenais toujours pas le sens. Je n'arrivais plus à me connecter au moment présent. Je ne savais pas pendant combien de temps, j'étais resté menotté dans cette salle d'interrogatoire, mais je me rappelais qu'à un moment Arthur était entré accompagné d'un autre officier. Son regard noir se braqua sur moi. Il savait.

- Je te laisse une chance de me dire la vérité en face, Andy, me menaça-t-il en serrant les dents.

Je fermais les yeux, le menton tremblant. Et je l'entendis battre sa main sur la table d'interrogatoire.

- Fils de pute! Hurla-t-il en se jetant sur moi.

Il me fit tomber de ma chaise et m'asséna plusieurs coups au visage et dans les côtes. Je ne répliquais pas, pas seulement parce que j'étais menotté, mais aussi parce que je le méritais. Il pouvait me tuer s'il le voulait. Je le méritais. Il continua à me donner des coups malgré les officiers qui tentaient de l'éloigner de moi, j'entendis les cris de Caleb. Et puis je me rappelais qu'on avait dû arrêter Arthur et le mettre aussi dans une cellule en isolement.

J'étais de nouveau seul dans cette salle. Le visage gonflé, je regardais le mur et me mis à sangloter. Je me haïssais. J'entendis la porte s'ouvrir et vis Caleb. Il vint me prendre dans ses bras et je continuai à pleurer.

- On va te sortir de là, je te le promet, me fit-il.

Je secouai la tête de droite à gauche.

- Non, non non! Je le mérite pas Caleb! Je veux mourir! Laisse-moi mourir! Hurlais-je en pleurant.

Caleb prit mon visage entre ses mains et me lança un regard triste.

- Non. On est une famille. Je laisserai pas ma famille mourir. J'ai appelé les parents, ils seront bientôt là. T'es pas un meurtrier. T'es qu'un gamin qui est tombé amoureux de la mauvaise personne. Personne ne devrait être puni pour ça.

Je continuai à pleurer en enfouissant mon visage dans son torse. Il passa sa main dans mon dos.

Comment est-ce que j'allais m'en sortir maintenant ?

L'Élite : Your Secrets, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant