L'Élite : Your Secrets, Tome 1

~18~

Caleb

Andy me faisait encore la leçon. Comme toujours. À propos de ses amis, de mon comportement exécrable et bla bla bla... Je commençais à connaître les paroles de sa chanson par cœur à ce stade.

Nous étions dans notre voiture et il était au volant en train de m'engueuler. Cette journée avait vraiment été pourrie. Mais au moins, le petit nouveau, Diego, avait eu la décence de m'adresser la parole aujourd'hui. Malgré les regards noirs que je lui ai lancé. Il n'était pas détestable comme tous les autres, même s'il semblait avoir une tendance à attirer les problèmes et surtout aimer les problèmes. Il était cool.

Andy se gara dans notre allée et sortit le premier de la voiture. Je fis de même quelques minutes après lui. Lorsque je sortais, j'aperçus mon frère qui avait les yeux rivés vers la maison d'en face, chez les Boyce. Je la regardais moi aussi et aperçut que leur porte d'entrée était ouverte. Puis je voyais le corps qui gisait en bas de l'escalier.

Je lançais un regard à Andy avant de me précipiter avec lui vers la maison.

Merde.

C'était Penny. Dans une flaque de sang.

Merde.

Mon frère garda les yeux rivés sur Pénélope sans aucune réaction. Jusqu'à ce qu'il me demande d'appeler une ambulance. Je le regardai et remarquai qu'il n'allait pas bien, il était pâle et j'avais l'impression qu'il allait faire une crise de panique devant moi. Il me dit qu'il avait besoin d'aller au toilettes et enjamba le corps de Pénélope pour monter à l'étage.

Je m'agenouillai près de Pénélope et posai ma main sur son cou, elle avait encore un pouls. Je soupirai de soulagement, en me laissant tomber à côté d'elle. Je pris mon téléphone pour appeler une ambulance, ils me dirent qu'ils arriveraient le plus rapidement possible et qu'en attendant je devais rester près de la victime.

Victime.

Je serrais les poings en entendant dire que Pénélope était une victime. Si je retrouvais celui qui a fait ça, je jure que je lui fracasserais le crâne comme il l'a fait avec son crâne.

J'enlevais mon blazer et y compressais la blessure de Pénélope avec. Au moins, elle arrêterait de perdre autant de sang. Je priai intérieurement pour qu'elle s'en sorte. On l'avait frappée et sa lèvre saignait, tandis que sa joue et une partie de son front - celui qui n'était pas ensanglanté - étaient d'une couleur violacés. Je passais une main sur son visage. Je détestais ce sentiment. L'impuissance. Ne rien pouvoir faire pour l'aider plus que ça.

Andy descendit à grandes enjambées les escaliers. Il avait les yeux écarquillés. Je lui lançai un regard interrogatif.

- C'était un cambriolage. Tout l'étage est sens dessus dessous. Et il y a du sang sur la rambarde et dans les escaliers.

Mon frère avait dit cela en ne regardant pas du tout Pénélope. Et je me souvenus alors qu'il avait une sainte horreur du sang. Si la situation aurait été différente, c'était sûr que je me serais foutu de sa gueule. Il fallait que je prenne sa tête en photo, on dirait qu'il allait s'évanouir à tout moment.

- L'ambulance va pas tarder à arriver, dis-je en jetant un autre coup d'oeil au pouls de Penny.

- Elle va pas... enfin tu sais, commença Andy en s'asseyant dans les escaliers et en prenant sa tête dans ses mains.

- Mourir? Si elle va pas mourir?

Mon frère hocha de la tête en m'ignorant totalement. Et je compris ce que cela signifiait pour lui, il venait de connaître un meurtre et un enterrement cette semaine. Alors un autre n'arrangerait pas son moral, ni celui de ses petits amis prétentieux. Et surtout je craignais qu'il ne fasse une de ses crises d'angoisses.

Andy en faisait souvent quand nous étions plus jeunes, lorsque sa mère avait quitté papa pour ma mère. Il avait dû aller voir un psy pour ses crises. Je tenais à lui et je ne voulais pas le revoir aussi fragile qu'à l'époque. Autrefois c'était la musique qui l'avait aidé. Aujourd'hui je ne le voyais pratiquement plus jouer. Et cela m'inquiétait. Je ne voulais pas qu'il fasse de bêtises. Et depuis mon retour, j'essayais de lui montrer ma présence, mais ces derniers temps, j'avais plus l'impression d'être un boulet pour lui.

- Bien sûr que non. Elle ne va pas mourir, elle n'a pas le droit, lui dis-je en serrant un peu plus ma veste contre le front de Pénélope.

J'entendis les sirènes de l'ambulance arriver. Et je remerciais le ciel qu'ils aient pu arriver aussi rapidement.

Je répondis à toutes les questions que les ambulanciers avaient à me poser, tandis que Andy avait appelé les flics pour leur signaler le cambriolage. Il avait aussi prévenu la famille de Pénélope qui ne devrait pas tarder à être à l'hôpital.

Mon demi-frère rentra chez nous tandis que je restai un peu plus longtemps pour regarder ses policiers fouillaient la maison des Boyce. Lorsque je rentrai chez moi, j'aperçus Andy qui regardait par notre fenêtre sûrement la même chose que je regardais quelques minutes auparavant.

- Je sais que ces derniers jours, on a eu nos différends mais... merci pour aujourd'hui. Parce que moi j'aurai jamais pu être aussi proche de Pénélope sans m'évanouir, me dit mon frère ne me faisant un léger sourire.

Je m'approchai de lui en souriant. J'avais beau détester sa petite bande. Je savais que jamais je ne pourrais rien faire contre eux parce que Andy me détesterait si je touchais un seul de leurs jolis cheveux brushingés. C'était mon frère et je connaissais les limites à ne pas franchir. Je le pris dans mes bras et il répondit à mon embrassade.

- Ne t'y habitues pas, je ne suis pas aussi niais d'habitude, déclarais-je en rigolant.

Il ne répondit pas mais se contenta à enfouir son visage dans mon épaule. Ah, les petits frères.