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Arthur

Je garai ma voiture devant chez moi et vis Caleb et Pénélope fuir le jardin pour se rendre chez les Ross. Je fronçai les sourcils et pris mon sac à dos avant de sortir de ma voiture. J'avançais dans mon allée et m'arrêtai net en percutant Audrey.

Elle recula de plusieurs pas en essuyant ses larmes.

- Désolée... je ne voulais pas... commença-t-elle.

- C'est bon. À force de pleurer à tout bout de champ, les gens finiront par te prendre pour une victime, déclarais-je en la contournant pour pouvoir entrer chez moi.

Elle se tut pendant quelques secondes avant de braquer son regard bleu dans le mien.

- Je t'aime. Depuis la fin de la troisième. Et... je peux t'assurer que ça n'a jamais été dans ses conditions que je rêvais te le dire, me confia-t-elle.

Elle avait arrêté de pleurer mais sa voix la trahissait quelque peu. Je l'observais d'un regard dur.

- Ah oui? Et quand est-ce que tu voulais me le dire? Le jour de l'enterrement de ma petite-amie? Ou peut-être le jour où tu l'as tuée? Crachais-je.

Elle eut un triste sourire. Elle m'avait déjà raconté sa version de l'histoire mais je ne m'y faisais pas. Je ne voulais pas y croire. Et puis comment lui faire confiance?

- Tu sais quoi? Va te faire foutre. Je comprends, d'accord? Je comprends ce que ça fait de perdre un être cher. Mais je vous ai dit la vérité, je ne suis pas une tueuse. Et tu veux que je te le dise, Arthur? Oui! Oui, je détestais Lina! J'étais jalouse d'elle parce qu'elle ne méritait rien. Mais elle a tout eu! Elle t'a eu toi en tant que petit-ami parfait! Elle a eu Roxane en tant que meilleure amie sans défaut et toujours là pour te défendre! Elle a même eu la chance d'avoir un frère adoptif, Brad, en tant que grand frère attentionné! Railla-t-elle en s'énervant.

Je déglutissais sans pour autant réagir me contentant de rester figé à la regarder.

- J'étais jalouse de tous ce qu'elle avait! Et ce jour-là quand elle m'a appelé pour me dire que tu étais sa propriété et que personne ne touchait à ce qu'il lui appartenait, alors oui, à ce moment-là, Arthur, j'ai souhaité de tout mon être qu'elle crève! Je l'ai voulue et c'est arrivé! Et ça ne m'attriste pas le moins du monde! Hurla-t-elle, les larmes aux yeux.

- Comment peux-tu dire ça?

Je levai la tête et remarquai Pénélope qui se tenait debout derrière Audrey. Elle vint se positionner à côté de moi, une moue attristée au visage. Audrey sembla soudainement regretter ses paroles.

- Désolé, Pénélope. Vraiment. Mais pour la première fois de ma vie, je n'ai jamais été plus honnête que maintenant, s'écria Audrey.

Elle tourna les talons et s'en alla. Pénélope me jeta un coup d'œil et vint plonger sa tête dans mon torse. Je regardais ma jumelle en soupirant.

- Je ne la reconnais plus, Arthur, marmonna-t-elle.

- Peut-être qu'elle n'a pas changé. Peut-être que pour la première fois, tu la vois réellement, déclarais-je en ouvrant la porte de la maison.

Je laissai entrer Penny en premier dans la maison. Ce soir, nos parents n'étaient pas là, donc nous serions seuls. Pénélope se figea au milieu du salon en regardant une de nos photos de famille.

- Et si c'était vraiment papa qui avait tué Lina? Chuchota-t-elle.

- Bien sûr que non.

J'avais dit ces mots comme un réflexe ou un mécanisme de défense. Je refusais de croire que mon propre père ait pu essayer de tuer la fille que j'aimais. Je me bornais à croire qu'Audrey l'avait fait ou encore ce dealer qui était venu chez Brad le soir du meurtre. Mais pas mon père. Tous sauf lui.

- Arthur... tout l'incrimine, rétorqua Pénélope en mettant une des mèches de ses cheveux bruns derrière son oreille.

- Non, c'est faux. Nous n'avons aucune preuve, Penny.

- Mais Lina était au courant pour ses activités, il aurait pu vouloir...

- Assez! Hurlais-je à ma sœur.

Je m'asseyais sur notre canapé en me massant les tempes.

- Arrête, pitié, la suppliai-je. Notre père n'est pas un meurtrier. C'est...papa. Papa qui nous emmenait manger une glace quand on était gamins. Papa qui nous emmenait voir granny dans les Hampton. Papa qui adorait regardait Nemo avec nous quand on était en primaire. Ce n'était pas et ça ne sera jamais papa qui tue nos camarades de classe, Pénélope.

Pénélope s'installa sur la table basse pour se mettre en face de moi. Elle prit une grande inspiration en triturant ses doigts, choses qu'elle faisait à chaque fois que nous avions une discussion sérieuse.

- Nos parents ne sont pas parfaits, Arthur. L'époque où on devait les idéaliser est révolue... ils sont humains... et les humains font des erreurs, chuchota-t-elle.

Je fermais mes yeux en secouant la tête. Non. Je ne voulais pas croire ce qu'elle me racontait.

- Je t'interdis de dire quoi que ce soit à la police. Tu ne mettras pas notre père en prison. C'est un ordre.

Sur ces derniers mots, je me levai pour aller prendre une bonne douche chaude.

L'Élite : Your Secrets, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant