Pénélope
Je me regardais dans le miroir pour la dixième fois. J'avais décidé de porter un short blanc avec une chemise en soie blanche. Même si ce n'était pas aussi chic que ma mère me l'avait demandé, c'était les seuls vêtements blancs que je possédais dans mon armoire.
Il était presque onze heures, on devrait bientôt y aller. Mes parents n'attendaient plus qu'Arthur. Mon jumeau avait passé la soirée chez Brad et n'était pas encore rentré.
- Chérie, est-ce que tu pourrais aller prendre ma montre sur le plan de travail? Me demanda mon père en passant devant ma chambre avant de se diriger dans la sienne.
- Pas de problème!
Je descendis les escaliers quatre à quatre, ce qui m'attira le regard noir de ma mère. Elle détestait quand je courrais dans les escaliers. Plus par attention pour l'escalier que pour moi. Je me précipitai vers le plan de travail où la montre de mon père se trouvait. Il l'avait déposée sur son téléphone.
Je décidai d'emmener le téléphone de mon père également, après tout, tout le monde a besoin de son téléphone.Je m'arrêtai au milieu de l'escalier, en attrapant le téléphone de papa qui n'arrêtait pas de vibrer dans ma poche. Il recevait des dizaines de messages de la même personne, un numéro inconnu. Quand je regardais le message qu'affichait l'écran de son téléphone, je vis les mots suivants:
"Je ne peux pas continuer à faire ça, je n'arrive plus à me regarder dans le miroir. J'arrête tout."
Je fronçai les sourcils en voyant ce message plus que bizarre. J'entendis la porte d'entrée, située au pied de l'escalier, mon frère venait d'entrer dans la maison. Je le lançais un regard, en oubliant totalement le téléphone de mon père et en repensant à ce mail qui nous avait été envoyé avec le corps inanimé et ensanglanté de Lina Powell.
Je descendis les escaliers en courant et sautai dans ses bras. Il parut surpris pendant l'espace d'un instant, puis il se détendit et plongea sa tête dans mon cou.
- Tu l'as reçue, toi aussi? Demanda-t-il d'une voix étouffée.
Je repensais à cette photo, dans laquelle le cadavre de la petite amie de mon frère se trouvait. Je fermais les yeux tentant de l'oublier et de l'effacer de mon esprit, en vain.
- Comment est-ce que tu te sens? Demandais-je à mon tour.
- Mal.
Il n'avait dit qu'un seul mot. Et pourtant c'était comme s'il avait tout dit. Je resserrais mon étreinte autour de lui, et j'aperçus les épaules d'Arthur tremblaient. Il pleurait. Du coin de l'œil, je distinguai ma mère qui nous observait, un sourire triste au visage.
Je ne savais pas quoi faire. Le laisser pleurer sur mon épaule en silence. Ou bien essayer de parler et de discuter? Il n'avait pas été aussi proche de moi depuis le début de la semaine, et je ne voulais pas qu'il se referme encore une fois.
J'inspirais un bon coup. C'était mon frère, je me devais de le soutenir en toute circonstance, je regardai en face de moi, et remarquai qu'en entrant dans la maison Arthur avait laissé la porte ouverte.
J'aperçus Caleb Ross, juste en face de chez nous, ce dernier avait ancré son regard dans le mien et s'était adossé à sa voiture pour fumer une cigarette. Je constatai que lui aussi devait aller à la fête blanche car il portait une chemise blanche et une veste en cuir et un jean troué de la même couleur.
Je continuai à le fixer, c'était comme si je ne pouvais retirer mon regard du sien qui semblait si profond mais à la fois si léger. Il paraissait absorbé par la scène que mon frère et moi lui offrions. Il prit une grande bouffée de sa cigarette tout en ne détachant pas son regard du mien. Son regard n'était pas arrogant comme la veille, mais semblait plutôt pensif, comme s'il réfléchissait à quelque chose qui n'avait pas l'air de le rendre heureux, vu sa tête.
Je fus coupée par mon frère qui se détacha de moi, il me fit un baiser sur le front, avant de monter les escaliers et d'aller se changer pour la fête.
Lorsque je me retournai pour refermer la porte de la maison, j'aperçus que Caleb se dirigeai vers moi, je décidai de sortir de la maison et de m'approcher moi aussi de lui. Nous nous arrêtâmes, tous les deux au beau milieu de la rue.
- Et maintenant c'est qui le voyeur? Demandais-je en faisant un sourire en coin.
Il rigola avant de reprendre une mine plus grave.
- Toutes mes condoléances, dit-il d'un ton sérieux.
Je lui fis un sourire timide avant d'hausser les épaules. Après tout, je n'avais jamais été proche de Lina, elle m'était pratiquement indifférente.
- J'ai reçu le mail moi aussi, me confia-t-il en baissant les yeux et en prenant une grande bouffée de sa cigarette.
- Tout le monde l'a reçu, murmurais-je en soupirant.
Je commençais à voir trouble, toute cette histoire m'épuisait et m'effrayait. Je sentis la main de Caleb se posait sur ma hanche, je le regardais légèrement gênée par son geste.
- Tu commences à tanguer, me prévint-il, tu as dormi ces derniers jours?
J'haussai les épaules, j'étais beaucoup trop occupée à me soucier de mon frère pour me soucier de moi. Alors il était peut-être vrai que j'avais sauté quelques repas et probablement quelques nuits de sommeil. Et toute cette histoire de meurtre n'arrangeait rien, j'avais l'impression que la paranoïa commençait à l'emporter sur la raison.
- Ça va aller, ne t'en fais pas, le rassurais-je en lui tournant le dos pour me rediriger vers ma maison.
Il ne me retint pas et me laissa partir. Plus que cette maudite fête à supporter et cette journée serait enfin terminée.
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L'Élite : Your Secrets, Tome 1
Teen FictionLorsque le cadavre de Lina Powell est découvert chez elle, un vent de terreur souffle sur la petite ville de Greenwood. L'adolescente avait pour projet de garder tous ses secrets et de les enterrer avec elle. Cependant lorsque son cadavre est découv...