RAVAGEUSE (Tome 1)

Des retrouvailles inattendues

J'atterris sûrement au spatioport de Draark et j'aimerais beaucoup m'attribuer tous les crédits de cette fuite, mais Droïde 183 s'est occupé des trois-quarts du travail. Je lui ordonne de rester dans le vaisseau et j'ouvre la rampe. J'ai choisi le hangar le plus éloigné pour davantage de discrétion. Les rebelles ont dû avertir leurs camarades espions de mon arrivée et j'aurais préféré posé le Chasseur directement à l'intérieur de l'Institut pour ne pas avoir à marcher jusqu'à là-bas. Lentement, je descends avec mon revolver armé. Personne ne m'accueille, ni ennemis ni contrôleurs. 

La salle surélevée qui grouille habituellement de personnels observant tous les faits et gestes des nouveaux arrivants me parait vide de loin. Je ne vois rien à travers l'immense vitre. Prudemment, je m'avance jusqu'à l'ascenseur situé à de nombreux mètres de moi. Je passe d'abord la première porte et les bornes d'enregistrement. Aucun technicien ne me saute dessus pour vérifier le Chasseur, ce qui n'est clairement pas normal. Tous mes sens à l'affût, je continue mon chemin et évite tous les tuyaux encombrant le sol. Un silence angoissant m'entoure et je sais pertinemment que quelque chose cloche. 

A l'ascenseur, je m'apprête à l'appeler, mais me stoppe à la dernière seconde. Mon regard est attiré par la porte adjacente, entrouverte. Je distingue une mince trace de sang au sol, dans la pénombre. Le revolver bien en l'air, j'atténue autant que possible le bruit de mes pas jusqu'à ne pas en produire du tout. Vivement, je pousse la porte qui claque contre le mur métallique et vise...rien. Il n'y a rien. Hormis des cadavres. Je rabaisse mon arme et entre dans cette pièce étroite où nul ne peut se cacher. Des yeux derrière la tête au cas, je m'accroupis et cherche le pouls de cinq hommes. Deux ressemblent à des techniciens et les trois autres n'ont aucun signe distinctif menant à leur identité. Qui les a tués ? Les rebelles ? Mais, où sont-ils ? Pourquoi n'ai-je pas encore été attaquée ?

Pleine de questionnements, je retourne à l'ascenseur et appuie sur le bouton. J'attends en regardant tout autour de moi, puis je perçois un tintement suivi d'une voix féminine robotisée qui annonce le coulissement des battants. Dans le coin de mon œil, je sens un mouvement. Je pivote promptement et pointe mon revolver vers l'individu. Je me rends compte qu'ils sont deux et que je les reconnais. Aussitôt, je me détends et fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi ou comment elles sont là. Zora, couverte de sang sur les mains et sur son voile, l'air bougon ; Mira, en retrait, mais souriant naïvement. 

— Salut ! s'exclame la dernière. Nous sommes venus te prêter main-forte, il parait que tu t'es fourrée dans un pétrin pas possible ! 

Je souffle de soulagement et désigne la pièce remplie de cadavres. Zora retient les battants pour qu'ils ne se referment pas et exposent :

— Les techniciens ont été massacrés par les rebelles infiltrés et eux ont été abattus par moi. Je sortais à peine de Cränos quand j'ai entendu un groupe d'hommes affirmait qu'ils avaient été compromis et qu'ils devaient agir au plus vite. Je n'ai pas pu résister et je les ai espionnés. Après la trahison cuisante de Thorrak...,

Elle touche inconsciemment son ventre où il l'a transpercé.

— Je n'ai plus confiance en personne et j'ai bien fait ! A quel point tes informations peuvent-elles être utiles ? J'ignore quasiment tout hormis que Thorrak est un immonde traître.

— Ils m'ont amené sur Gorth 2021.

Son regard s'illumine, tandis que Mira ne saisit pas tout de notre conversation.

— J'ai même rencontré une femme... Tu n'en reviendras pas ! 

— Dis-moi.

— La Reine Amalia ! déclaré-je et ses yeux s'écarquillent sous le choc. Eh oui, Zergra a quitté sa neutralité pour s'allier aux rebelles. Mais, je ne pense pas que cette alliance durera longtemps. Cette femme est...spéciale. Elle m'a permise de m'échapper en me rendant mes armes et en m'indiquant la direction vers le spatioport. Elle agit pour son propos intérêt.