Des visions divergentes

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Pour la énième fois, je me réveille dans une pièce inconnue avec un mal à la tête et ligotée. Mes ennemis ne sont vraiment pas originaux. Je soupire et tente machinalement de bouger ; à priori, seules mes mains sont menottées à la chaise où ils m'ont assise. Si je parviens à défaire mes liens, je pourrais m'échapper facilement. En lançant un regard circulaire à mon environnement, je ne vois personne. Les étagères croulent sous du matériel technologique ou industriel, le mobilier ne brille pas de modernité. J'en déduis que je me trouve en plein dans l'Institut dans une des nombreuses salles de stockage que j'ai croisées auparavant. 

Mes lèvres s'étirent instantanément à cette constatation. Sont-ils stupides au point de me laisser dans une pièce sans surveillance avec de simples menottes et à proximité du Conseil ? Apparemment. Je gigote de plus en plus et me contorsionne pour tourner mes poignets. Je teste plusieurs positions jusqu'à ce que je gagne du terrain. Petit à petit, je me glisse hors des liens au prix d'un grand effort et une concentration maximale. La disposition de mon épaule m'inquiète quelque peu, mais je réussis à me détacher sans me blesser. Je ne me lève pas tout de suite et observe chaque recoin pour détecter la possible présence de caméras de surveillance.

Dès que je suis sûre que personne ne m'espionne, je bondis hors de la chaise, empoigne à la volée une barre de fer quelconque et me dirige vers la porte métallique. Mes doigts autour de la poignée, j'essaie de percevoir du son à l'extérieur, mais le silence domine. Alors, j'ouvre d'un coup et déboule dans une autre pièce, semblable à la précédente, quoi qu'un brin plus spacieuse. Je remarque immédiatement un fauteuil et un homme y siégeant élégamment, dos à moi. Je raffermis ma prise sur mon arme de fortune. Un coup à l'arrière du crâne et il est mort. Novak. Je m'approche discrètement, mais une ombre surgit derrière moi et je sens un revolver pointé sur ma nuque.

— Pour information, tu n'obtiendras plus aucune chance après celle-ci. Je n'utiliserais pas mon revolver à impulsion électromagnétique, mais bien celui qui tue.

Super, raillé-je intérieurement, Novak et Thorrak réunis au même endroit pour me pourrir l'existence. Je roule des yeux et fais tomber avec fracas la barre de fer. Le revolver s'enfonce dans ma nuque et je suis poussée en avant. Je comprends rapidement que je suis censée prendre place face au Seigneur et j'obtempère sans ravaler mon expression de colère pure.

— Depuis quand es-tu réveillée ? me demande tout naturellement Novak.

Je lui réponds par mon regard le plus noir jusqu'à ce que le revolver tape derechef contre ma peau.

— Moins de deux minutes. Pourquoi ?

— Tu es vraiment douée. Les menottes n'étaient pas aisées à ôter ! 

— Bien sûr que si, rétorqué-je. Un jeu d'enfant. 

Novak acquiesce lentement et me désigne Thorrak.

— Il m'a prévenu que tes compétences dépassaient largement les attentes, surtout en vue de ton jeune âge. Vingt ans ? Vingt-et-un ? Quelle prodige, vraiment, je suis sincère ! La dernière fois que j'ai rencontré un tel talent, je l'ai aidé à survivre aux côtés de Gareli en tant que rebelle.

Il parle de Thorrak. Je ne réagis pas pour lui montrer à quel point je me moque de ce qu'il peut raconter. Novak pouffe pour je-ne-sais-quelle raison et fait signe à son bon soldat d'écarter l'arme de ma nuque. Il obéit avec réticence et se poste à ma gauche pour me rappeler la présence de son revolver. Le Seigneur se sert délicatement du thé, chacun de ses doigts est orné de bagues. Il me propose une tasse et la glisse dans ma direction, mais je ne la touche pas. Bien qu'il ne me rendormirait pas maintenant que nous pouvons discuter, je refuse de coopérer. 

RAVAGEUSE (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant