II
Les deux hommes étaient rentrés de leur expédition. Kal sentait peser sur lui une lourde fatigue, qu'il s'efforçait de rejeter. Evrard avait refusé que Kal l'accompagne à l'auberge. Il voulait qu'il ne sorte que pour aller prier ou pour s'entraîner. Cette perspective ne plaisait que peu au jeune homme, mais il était tellement exténué, que son cerveau traitait les informations, mais ne réagissait pas. À moins que ce ne soit dû à la faim qui se faisait fortement ressentir.
Pour passer le temps, Kal avait plongé son corps dans un bain bouillant. La vapeur qui s'échappait de la baignoire témoignait d'une température incroyablement chaude. Personne, hormis Kal, ne pouvait ne serait-ce que tremper un orteil sans se brûler la peau. Le plus étonnant encore, c'était qu'à chaque fois, le jeune homme ressortait presque sans aucune rougeur. La chaleur était une chose qu'il appréciait tout particulièrement, mais il n'en connaissait pas la raison. Les extrémités de son corps regagnaient peu à peu leur sensibilité, tandis que Kal, lui, fermait doucement les yeux. La traversée de la rivière l'avait fortement fatigué. La chaleur de son bain, avec le nuage de vapeur qui s'en dégageait, lui caressait la peau, et le berçait petit à petit. Même s'il luttait contre le sommeil, le Chasseur savait très bien, au fond de lui, que c'était peine perdu, et qu'il sendormirait dans son bain, comme il le faisait depuis tout petit déjà.
Ce fut un claquement de porte, qui vint réveiller Kal. Derrière la porte, sans le voir, le jeune Chasseur entendit le Possédeur appeler :
- Kal ! Où es-tu ?
Le concerné soupira longuement, et l'air contrit, il répondit :
- Dans mon bain.
Sans se soucier de savoir si Kal était d'accord ou non, Evrard ouvrit la porte, et lui posa sur table à côté de la baignoire son pain et son eau. Il demanda :
- Tu prends toujours des bains aussi chauds ? Tu ne t'es jamais ébouillanté ?
- Oui, toujours, et si jamais ça me brûlait, je ne le ferais pas. Je ne vais pas m'infliger des souffrances intentionnellement.
- Tu détestes le froid ?
- On va dire que ce n'est pas l'élément dans lequel je suis le plus à laise. Je n'aime pas franchement le froid, et mon corps ne le supporte que peu.
- Je vois Dans ce cas, nous allons commencer dans un milieu plus neutre.
- Je croyais que je ne devais me ménager, sous aucun prétexte.
- Je n'ai jamais dit que je te ménagerai. J'ai dit que nous irons dans un autre milieu.
Le jeune Chasseur ne répliqua rien, et laissa ses yeux noirs s'exprimer pour lui, avant de demander à être seul.
Pour extérioriser sa colère et ses tourments, Kal contractait puis décontractait son poing droit. Il ruminait ses pensées.
Suis-je trop faible à son goût pour pouvoir mentraîner dans un milieu ou je nai que peu de résistance ? se répétait-il.
Pour essayer de satisfaire sa faim, il avala le morceau de pain assez doucement, et quand il fut terminé, toujours dans son bain, Kal vint remplir son estomac d'eau. Ainsi, il ne ressentait presque plus cette envie, incessante, de manger.
Profitant encore un peu de la chaleur de l'eau, le jeune homme passa le doigt sur la cicatrice que lui avait laissée la chimère. Il repensa alors soudainement à Phie. Kal se souvint de son accueil. Elle l'avait directement reconnue, comme Evrard. Elle aussi semblait ravie de le voir. Elle lui avait d'ailleurs clairement dit qu'elle le connaissait, mais lui, n'avait pas cherché à en savoir plus, mais peut-être aurait-il dû
Une fois que l'eau avait commencé à refroidir, Kal sétait extirpé de son bain pour se mettre sous ses draps. Sa nuit fut bien agitée, et il ne cessa de cauchemarder. Cela faisait plusieurs temps qu'il n'avait pas fait un cauchemar pareil. Il y en avait un de récurant, qui lui faisait revivre des moments douloureux, où sa culpabilité s'exprimait. Mais cette nuit-là, dans son rêve, il se vit se transformer en Ombre. Le Chasseur se vit tuer toute une population sur son passage, sans faire de distinction. Il était dans une si grande rage que rien ne pouvait l'arrêter. C'est quand il se réveilla, au beau milieu de la nuit, dégoulinant de sueur, qu'il réalisa que rien de tout cela n'était réel. Le jeune homme prit le parti de se lever, et de descendre prendre l'air. Les images lui restaient dans la tête, et il avait du mal à les supporter. En arrivant au rez-de-chaussée de la bibliothèque, le calme qui caractérisait la pièce à ce moment, lui parut fort agréable. Doucement, il chercha durant une ou deux minutes les clefs, et pu rapidement sortir de cet endroit.
L'air frais de la nuit lui était d'agréable compagnie, pour une fois. Sans la moindre hésitation, il se rendit dans le box décho. Ce dernier, qui l'avait entendu arriver grâce à la sonorité de ses pas, tendait les oreilles hors de la porte en bois.
- Salut mon grand, chuchota-t-il. Ça fait longtemps, nos petites ballades me manquent. Que dirais-tu de te dégourdir un peu les jambes ? Tu dois commencer à être rouillé.
Sans attendre de réponses, il prit soin de son cheval, et le prépara. Ainsi, il entreprit une ballade nocturne, qui leur fit le plus grand bien. Ce moment calme et apaisant, permit à Kal, de se recentrer sur lui-même. Le bruit rassurant de la nuit lui était bénéfique, et l'incitait à penser. La forêt était calme et paisible. Le sentier, constitué de terre, était légèrement humide, tout comme l'herbe haute. De loin on pouvait, de temps à autre, apercevoir des biches, chevreuils, ou encore oiseaux de nuit, s'afférer à des tâches diverses.
- Regarde un peu ça mon grand, eux ils ne se prennent pas la tête. Ils font ce qu'ils ont à faire, sans avoir à réfléchir avec qui être ou ne pas être, ni à se prendre la tête avec son passé, ou encore à devoir maîtriser un satané pouvoir dont vous ne connaissiez même pas l'existence il y a trois mois se plaignit-t-il.
C'est en disant ces paroles, que Kal prit conscience que tous ces changements avaient un réel impact sur lui. Mais il n'avait pas le choix, il devait affronter tous les périples présents et à venir
Bonsoir !
Nouveau chapitre !
J'espère qu'il vous a plus :)
Bonne soirée
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Nominé : Préambule du Chaos
Fantasy∆ j'ai besoin d'avis et de critiques pour la correction de ce livre, donc n'hésitez pas à me faire part de vos retours ∆ Cette nuit là, il ne l'oubliera jamais. Cette nuit là, il avait tout perdu. Cette nuit là, il avait fait face à la mort. Pourta...