III
Le Chasseur d'Ombres longea la muraille qui séparait le château du village, jusqu'à ce que des pierres soient disposées de façons différentes. Il donna un coup de pied, puis deux, ce qui équivalait à un code d'entrée que lui avait appris son maître. Il était identique pour accéder à toutes les planques des Sorciers et Sorcières du continent.
- Qui es-tu, pour toquer à ma porte ? retentit une voix d'une amabilité égale à celle du jeune homme.
- Ouvre-moi, Sorcière.
Les pierres se poussèrent vers l'intérieur, s'écartèrent, et un couloir suivit d'un escalier apparut à droite. Une odeur de poudre d'amande vint chatouiller les narines de Kal, apportant un peu de douceur dans cet endroit si sombre. Le Chasseur descendit avec difficulté les marches en vieux bois de sapin, qui couinait sous son poids. Chaque secousse le secouait, irradiant son bras d'une atroce douleur. Pour la première fois depuis des lustres, il retenait ses larmes. Quand il fut enfin en bas, il découvrit une jeune femme légèrement plus âgée, qui le fixait, mauvaise. Elle était rousse, avec des yeux d'un joli bleu qui pouvait rappeler celui d'un vaste océan. Une longue robe de velours vert recouvrait son corps, auquel on pouvait aisément imaginer de belles formes. Cependant le jeune homme ne s'y attarda.
- J'ai besoin de soin, et comme tu peux le voir, c'est assez urgent. Je me suis fait mordre par une Chimère, qui mélangeait Goule et Wendigo. Mon bras nécrose.
- Tu es le nouveau Chasseur d'Ombres, je présume. J'espérais un jour te revoir, Survivant. Mais bon, installe-toi. Je vais soigner ça. Kaissy, apporte-moi une lotion de roche. Toi, assis toi sur le fauteuil, là en face des escaliers.
Kal regarda le fauteuil vert qui lui était désigné, et s'y laissa tomber, pour ne pas dire s'y affala, et il regarda la fillette apporter un tube transparent, contenant un liquide bleu à bulle, à son maître. La sorcière prit un tissu blanc, un siège, et se plaça en face de lui. Elle l'aida à retirer ses vêtements. La manchette avait été abîmée, et de grands trous, qui laissaient son bras à l'air libre, avaient été formé. Il devrait s'en procurer une nouvelle paire, et ce n'était pas pour le réjouir. Kal détestait changer d'armure. Mais pour être exact, le changement était quelque chose auquel il ne tenait pas.
La jeune femme lui ordonna :
- Tends ton bras.
Il s'exécuta, et elle lui versa la moitié du flacon, à partir du poignet jusqu'au commencement de sa clavicule. Le jeune homme hurla de douleur, et par réflexe arracha son bras des mains de la Sorcière.
- Par le sang des Divines ! jura-t-elle. Fais attention ! Redonne-moi ton bras.
Il s'exécuta de nouveau, mais son bras tremblait comme une feuille. Pour être même tout à fait exact, le corps tout entier de Kal était pris de tremblements. Le liquide avait une action plus pénible encore que la morsure elle-même.
- Arrête de trembler tu veux ? s'énervait la Sorcière.
Kal ne demeurait incapable de sortir le moindre mot, trop occupé à contenir son envie de pleurer. Les pleurs étaient réservés aux faibles. Lui, était fort.
Quand celle qui le soignait lui plia le bras, de telle sorte à ce qu'il forme un angle droit, Kal beugla à nouveau. Sa gorge commençait à être irritée...
- Kaissy, apporte moi une feuille de queue de chat.
La jeune fille, très studieuse et à l'écoute, obéit, tandis que le jeune homme se retenait de ne pas brailler une nouvelle fois. Phi attrapa une bougie à côté d'elle, et enflamma la feuille. Dès lors que Kal respira la fumée, il s'apaisa. La douleur était là, mais il ne tremblait plus. C'était comme si son corps s'endormait, alors que son Esprit demeurait toujours éveillé. Il n'aimait pas cette sensation. Il n'était plus maître de lui-même.
- Pourquoi tu as fait ça ? brama-t-il méchamment.
- Parce que te voir trembler comme ça m'est désagréable, répondit la sorcière sur le même ton.
Une fois le jeune homme tranquillisé, elle entoura ensuite son membre de tissu. La Sorcière versa le restant du liquide sur l'avant-bras, étant la partie la plus abîmée et noire. Le tissu, lui, resterait imbibé, et pourrait donc continuer à diffuser la lotion. Pour finir son travail, elle lui plaqua doucement le bras contre son torse, et lui fit un bandage plutôt serré, afin qu'il ne puisse plus le bouger. Elle lui expliqua ensuite :
- Tu vas rester ici le temps que ça cicatrise. Tu en as pour deux ou trois jours. La lotion rend la cicatrisation rapide et désinfecte fortement, c'est pour cela que ça pourrait t'être douloureux encore pendant quelques jours.
- Merci de m'avoir soigné. Mais je ne peux pas. Mon cheval attend à l'extérieur, et j'ai une quête à accomplir.
- Tu ne peux plus bouger pour l'instant, donc tu n'as pas le choix. Puis, le Roi et quelques autres savent qu'une sorcière habite sous le château, et me connaissent. La dernière fois qu'ils m'ont refusé quelque chose, j'ai transformé un serviteur en poisson rouge. Je vais demander à ce qu'il soit dans les écuries du château. Tu ne peux pas sortir comme ça. Je te préviens par contre, c'est un service que je te rends, donc un jour si j'ai besoin de toi, tâches d'être là.
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et monta en vitesse récupérer Écho, tandis que Kal grogna pour manifester son mécontentement. Il n'avait en aucun cas envie de rester à s'empoter sur une chaise à attendre que sa plaie cicatrise... Il devait retourner aux Ruines, et ce le plus vite possible, alors chaque jour comptait. Quand il y serait, il voulait trouver les corps de ses proches et leur faire une cérémonie d'enterrement. Ensuite, il irait chercher les jumeaux, pour les mener aux Druides des Terres d'Adéone, sur le continent voisin. Il espérait que leur pouvoir puisse l'aider à retrouver l'Ombre.
Comment allez vous ?
Petit chapitre encore une fois, mais avec l'arrivée d'un nouveau personnage.
J'espère que ça vous a plus et on se retrouve mercredi :)
VOUS LISEZ
Nominé : Préambule du Chaos
Fantasy∆ j'ai besoin d'avis et de critiques pour la correction de ce livre, donc n'hésitez pas à me faire part de vos retours ∆ Cette nuit là, il ne l'oubliera jamais. Cette nuit là, il avait tout perdu. Cette nuit là, il avait fait face à la mort. Pourta...