Chapitre 27

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Capuche sur la tête, le jeune arrivait enfin au village, après avoir attendu la nuit un peu plus loin, avec un bras gonflé, et très douloureux. Le village de la pointe de Naöré était assez vieillot, sale et mal entretenu. Des cochons traînaient dans la boue dans un enclos à l'entrée du village, et des chiens se promenaient entre les enfants qui couraient avec des vêtements tachés de terre.
Kal se sentait assez mal à l'aise en ces lieux. Il y avait quelque chose de pesant, lourd. Une pression douloureuse écrasait sa tête. Pourtant il y résistait tant bien que mal. Sur sa monture il continuait à avancer, en évitant les villageois qui lui jetaient des regards méfiants. Il ne savait où se trouvait la demeure de la vieille femme... alors il s'arrêta, et descendit de cheval. Il s'approcha d'un homme assis sur les marches de sa maison, et se racla la gorge avec son visage très amenant...
L'homme le regarda méchamment, et rentra chez lui sans demander son reste.

Quand il fut à pied, il se rendit compte que la pression avait diminuée et était redevenue largement supportable. Dans les rues sombres du village, la tenue de Kal se camouflait très bien, ce qui lui permettait d'avancer sans être la proie du premier venu. Il longeait les murs tout en observant scrupuleusement son environnement à la recherche de la maison de la femme. Après une dizaine de minutes, il continuait sa route vers le bord de la pointe de Naorë, en faisait attention de ne pas salir ses vêtements. Puis il se rappela qu'il était recouvert de sang, alors il ne peut plus la peine d'éviter les flaques.

C'est après quelques maisons que le jeune homme vit un long chemin désert au milieu de l'herbe avec plus loin, à sa droite, la forêt. Au bout de ce sentier, on pouvait y voir une maison toute drôle et biscornue.

Comment veut-il qu'en criant le village entendant la vieille ? Sa maison est trop loin...

Mais le jeune Chasseur d'Ombres ne s'arrêta pas à cette réflexion. Pour éviter de rester trop longtemps à la vue de tous, il se mit à courir à grande foulée. La pluie commençait à taper sur sa tête, alors il accéléra encore, bravant la douleur de son bras.

En arrivant à sa porte, Kal ne vit aucune lumière, même en faisant le tour, ce qui indiquait qu'elle devait certainement s'être absenté, ou bien être en train de dormir. C'est alors, il chercha un moyen pour s'introduire en toute discrétion dans la demeure. Les fenêtres semblaient verrouillées, tout comme la porte d'entrée. Il n'y avait rien qui pourrait servir à crocheter la porte dans les parages. L'idée d'escalader la maison lui vint plusieurs fois à l'esprit, mais la pluie rendait les murs et toits impraticables s'il voulait rester discret. Seulement, plus le jeune homme réfléchissait, plus il comprenait que la discrétion ne pourrait être de la partie ce jour. Alors, il s'approcha de la porte, prit une grande inspiration et frappa violemment le bois de son pied droit. Sous la puissance du coup, la porte trembla, et se fissura dans un des coins. Toujours avec sa capuche sur la tête Kal réitéra l'action plusieurs fois, avant d'enfin voir la porte se trouer. Kal écarta donc le troue, finissant ainsi l'assassina de la porte.
En entrant dans la maison l'adrénaline qu'il sentait monter depuis plusieurs minutes déjà augmenta de nouveau. Il aimait être sur le qui-vive.
À sa droite, quelques mètres après les morceaux de bois éparpillés sur le sol de pierre, se trouvait un escalier à l'allure fragile, mais que Kal emprunta sans broncher. Marche après marche il se rapprochait de son objectif : la vieille femme. En arrivant à l'étage, tout était sombre. Il ne voyait presque rien. Il cligna quelques fois des yeux pour que ces derniers s'habituent à l'obscurité. Mais, d'un coup, furtivement, il sentit quelque chose passer derrière lui. Son cœur ne tressaillit pas. Il gardait son calme. Il ne bougeait pas. Ne parlait pas. Ne faisait aucun mouvement qui pourrait traduire son identité.
- Sorts de chez moi... Étranger... susurra une voix.

Kal ne répondit rien, faisant bien attention au moindre changement de son environnement.
- Sort, où tu le regretteras, continua-t-elle sur le même ton.

Toujours aucune réaction de la part de Kal.
- Ma voix, en as tué plus d'un.

Pas de réponse. Pas un mouvement. Pas même une respiration. Kal analysait absolument tout ce qui l'entourait, mais plus particulièrement la femme qu'il ne voyait pas.
- Étranger... Sors...

Puis après un long moment de silence, Kal sentit une main parcourir son dos. Sans la moindre once de réflexion Kal lui attrapa le bras et plaqua la femme contre le mur. Puis hurla :
- Où est la pierre ?

Cependant, avant même d'avoir fini sa phrase, il sentit la femme se contracter entre ses doigts, avant de prendre une grande respiration. Ensuite, elle se mit à hurler. Mais ce n'est pas sa voix qui dérangea le plus Kal, mais plutôt l'énergie qu'elle dégageait à ce moment. Kal continuait de serrer sa prise, de plus en plus fort, tandis que l'intensité du cri s'intensifiait sans cesse. Kal était tenté de reculer, mais il ne pouvait abandonner. Ce n'était pas un lâche.
- Lâche-moi ! Sors de ma maison ! Imposteur ! Quitte cet endroit fils de Saö !

Kal commençait à avoir les oreilles qui sifflait. L'intensité du son ne faisait que croître. S'il continuait de serrer ses poignets, il allait les lui briser. Mais il devait attendre encore un peu. Il devait attendre qu'au moins une personne vienne aider la vieille femme pour pouvoir crier l'objet de sa venue. Mais le hurlement devait s'entendre dans les premières maisons, alors même s'il le lui disait maintenant, le fait qu'elle est hurlée se rependrait et les personnes renseignées se tairaient.
Non. Il devait attendre que quelqu'un vienne. Tant pis s'il devenait sourd après cette mission. Rien ne devait rater. L'avenir de sa quête en dépendait.
Kal entendit du verre se briser. Les fenêtres avaient éclaté en morceaux.
Soudain, même à travers l'horrible cri strident de la femme, le jeune homme perçut des bruits de pas. Alors il ne perdit pas son temps, se mit à hurler à son tour :
- Où est cette Pierre ?

- Va-t'en !

- La Pierre !

- Dehors !

- La Pierre !

La vieille dame n'eu pas le temps de continuer leur joute verbale, car trois hommes débarquèrent en haut des escaliers. Kal empoigna la femme par les bras et la balança de toutes ses forces sur les hommes, lui permettant ainsi de gagner du temps pour s'enfuir. Il sauta par la première fenêtre en vue, atterrie sur le toit, et retomba sur le sol. Ensuite, il courut aussi vite qu'il put pour retrouver sa monture, et filer au galop loin de ce village retrouver son maître.

Bonsoir !
Grosse semaine de mon côté, qui explique l'absence de publication.
Je m'en excuse !
Hormis ça, comment allez-vous ?

À lundi !

Nominé : Préambule du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant