Chapitre 41 - 1

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    Kal avait très peu dormi, et il partit rejoindre le Sorcier avec un pas assez fatigué. Le jeune homme avait encore cet échange en tête avec Evrard, et craignait de perdre Écho. La simple idée de le retrouver tapis dans son box, gisant dans son box, lui donnait mal au ventre. Il tenait tant à Écho que la simple idée de le perdre lui aussi lui était insupportable. C’est donc avec cette insupportable doute que Kal rencontra pour la seconde fois le Sorcier. L’homme à la barbichette le salua avec le sourire :
- Bonjour ! Tu es bien reposé ? On a une grosse journée.
- Bonjour. Je me suis entraîné cette nuit.
- C’est vrai que ton rôle de Nominé te met à rude épreuve. Mais tu m’as l’air brave. Je pense que tu arriveras à accomplir ton destin.

    Kal ne répondit rien, préférant scruter l’attitude et les accessoires de celui qu’il accompagnait, tandis qu’ils commençaient leur marche à travers les plateaux et les montagnes qui bordaient la ville par l’entrée Est. Il était assez grand, mais tout de même plus petit que Kal. Sa chemise blanche et ouverte laissait dépasser une légère pilosité, mais dévoilait surtout son absence de musculature. À sa ceinture, l’homme d’une trentaine d’années avait accroché un petit étui. Son sac en cuir émettait des tintement à chaque pas, mais cela ne dérangeait pas, pour l’instant, Kal.
- Quel est ton nom ?
- Je m’appelle Emrus, lui répondit-il doucement le sourire aux lèvres.
- Ça ne sert à rien d’essayer de montrer un visage confiant, alors que tu es tendu. Sois vrai.
- Pardon ? lui demanda-t-il très surpris par cette affirmation.
- Tes mains sont tendues, tu contractes assez souvent la mâchoire, tu agites sans cesse les doigts de ta main droite.

    Emrus prit une grande inspiration, et enleva son masque, pour un visage plus triste, tendu, malheureux, démontrant la peur qu’il avait de ne pas sauver sa femme.
- Tu observes bien les choses. Ce doit être pratique. Tu as réussi à déchiffrer Evrard ?
- Pas vraiment…
   
    Un silence passa, puis Kal continua dans sa lancée :
- C’est ta baguette qui est accrochée au niveau de ta ceinture ?
- Oui. Son nom est Hulia.
- Que transportes-tu dans ton sac ?
- Diverses potions et concoctions qui sont toujours utiles lors d’un voyage.

    Le jeune homme continua son observation, et conclut assez rapidement qu’il n’avait effectivement pas l’habitude de voyager, au vu du type de bottes qu’il chaussait et de leur état.
- Arrête de m'étudier, veux-tu ?
- Je suis avec une personne que je ne connais pas.
- Tu es quelqu’un de prudent…
- Se méfier est le seul moyen de ne pas se retrouver piégé.
- Tu as bien raison pour le coup…

    En silence, ils continuaient à marcher sur le chemin de terre qui slalomait entre les hauteurs. Puis, après avoir un peu tourné, le chemin commença à monter en direction des hauteurs. Une forêt se dessinait peu à peu, tandis qu’ils grimpaient d’un bon pas.
- Le portail n’est plus très loin. Si on continue encore un peu, le chemin va nous donner sur une intersection. On longera le flanc de la montagne qui apparaîtra, et à la fin du chemin, se trouvera le portail.
- D’accord.
    Un long silence planait. Kal prêtait attention à l’environnement dans lequel il évoluait. Il observait chaque détail.
- Evrard ne mentait pas quand il disait que tu n’étais vraiment pas causant…
- Qu’est-ce que cela peut bien te faire ?

    Le sorcier battit des cils plusieurs fois, tout en haussant les sourcils. Ils allaient continuer leur chemin en silence… L’amabilité de Kal était effrayante.
    La forêt de pain dégageait une agréable odeur de résine. De temps à autre, au fur et à mesure qu’il arpentait cette route montante, on pouvait apercevoir des écureuils sauter d’un arbre à l’autre, ou courir, pris de peur en voyant les deux hommes arriver.
    Plusieurs minutes s’écoulèrent, avant que Kal et le Sorcier arrivent face à ce fameux croisement. Il y avait en effet une montagne qui s'y était érigée avec les années. Il y avait aussi un morceau du chemin qui continuait à s’élever dans la montagne, avec quelques éboulis de pierre de temps à autre. À droite, on trouvait effectivement un autre bout qui longeait la paroi, avec le côté droit dans le vide. Ils entamèrent la seconde partie du chemin. De là où ils se situaient, Kal pouvait admirer la splendide vue qui s’offrait à eux. La proie donnait bien des mètres plus bas, sur une autre très jolie forêt d’arbre en tous genres. Par delà la forêt, le jeune homme observait la plaine qu’il avait traversée au grand galop pour se rendre dans la ville, tout comme il admirait le magnifique lever de soleil. Le ciel arborait une teinte rose-orangé, décoré par quelques volées d’oiseaux.
    En continuant la marche, les deux hommes finirent par trouver ce fameux portail, avec le soleil pour leur chauffer le dos.
- Nous y sommes.
- Je vois, oui.

    Emrus leva les yeux aux ciels, sidéré par l’amabilité de son compagnon de voyage. Le portail était un grand anneau de pierre, entouré par deux serpents. Trois pierres bleues étaient incrustées dans ce cercle, du côté Nord et Sud.

- Avant de passer dans le cercle, pense très fort à une belette à queue noire. Puis, tu prononces distinctement : Anoarë zaäho grah.
- D’accord.
- J’y vais en premier ?
- Si tu veux.

    Le Sorcier s’avança sans la moindre hésitation, tout en prononçant la fameuse phrase. Puis à peine avait-il prononcé l’incantation, qu’il avait franchi cette espèce de voile bleu qui naissait au bord du cercle. Kal prit une grande respiration, tout en marchant jusqu’au cercle.
- Anoarë zaäho grah.

    Et il s’engouffra dans le cercle.

Hey !!
Comment allez-vous ?
Voici une nouvel parti de ce livre, qui j'espère, vous a plus :)
À demain !!

Nominé : Préambule du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant