Chapitre 19 - 3

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III

Après avoir flâné toute la journée dans les rues de Dragsard, Kal avait mémorisé à quelques détails près, tout le plan de la ville. Durant un certain temps, il était parvenu à oublier ses tracas du moment. Actuellement le jeune homme, qui prenait un bain, épluchait un livre sur les diverses créatures diurnes qui se faisait rarement apercevoir. Cela pouvait toujours lui être utile. Il les connaissait toutes, sans exception, mais une piqûre de rappel ne faisait jamais de mal. Son intérêt s'attarda sur les spectres à brume blanche. Ils n'étaient pas dangereux, mais aimaient faire peur à tout étranger allant sur leur territoire. Ils vivaient près de lacs où la brume qu'ils dégageaient ne paraissait pas suspecte.

Le jeune homme se redressa quand il entendit les escaliers grincer.

- Il va encore débarquer sans frapper soupira Kal.

Mais à sa grande surprise, le Possèdeur cria simplement au jeune homme de sortir de l'eau, car il avait des informations importantes. Sans attendre autre chose, Kal s'exécuta sans un mot. Quand il passa la porte de la salle de bain, Evrard le fixait d'un air grave. Il s'éclaircit la gorge, et commença :

- Bon. La pierre à bel et bien était dérobée, comme je le craignais. Je ne sais pas où, ni par qui, mais j'ai une potentielle piste.

Pour Kal ce n'était pas une surprise. Son mystérieux informateur lui avait déjà donné la nouvelle.

- Je suis toute ouïe.

- Martimilar.

- La ville aux reliques.

- Exactement. Avec son immense marché qui a lieu toutes les semaines, il y a de forte probabilité qu'au moins une personne l'ait vu passer.

Kal le regarda dubitatif.

- Qu'y a-t-il ?

- Dis surtout que tu y vas pour la grande foire qui a lieu tous les six mois.

- J'allais y venir. Mais oui, donc. La foire est un événement d'une importance capitale, puisque dans toutes les rues de la ville, des étales seront installées. Cela veut donc dire qu'il y aura une quantité énorme de marchands, et encore plus d'objets. Surtout qu'elle dure deux semaines entière.

- Deux semaines ? Je croyais que c'était juste une.

- Oui, mais depuis l'année dernière, avec l'ampleur qu'a pris ce moment, ils ont doublé la durée.

- Oh, daccord

Les deux se regardaient.

- Je te sens tracassé, mon ami, affirma Evrard.

En effet, il l'était. Pas pour son histoire de Divinité. Non. Mais pour la route qu'ils allaient devoir emprunter.

- Nous prendrons la première route principale ?

- Oui, nous emprunterons celle qui est la plus proche de nous. Pourquoi ?

- Durant tout le trajet, il y a ce qu'on appelle familièrement des Viandards. Ce sont des créatures qui ne cessent jamais de tuer. Quand elles n'ont ni faim, ni soif, elles chassent pour se distraire.

Le Possèdeur se mit à rire, et sa démarche ne plut que moyennement à Kal.

- Tu rigoles ? Toi, un Nominé qui a peur de quelques monstres ? réussit-il à articuler entre deux crises de fou rire.

Le jeune Chasseur, un tantinet vexé, se munit de ses yeux sombres, et sapprocha de lautre homme.

- Mon ami, commença Kal de sa voix rauque, quand tu te feras poursuivre par un nombre incalculable de chimères, quand tu sentiras l'haleine toxique d'un monstre qui fait trois fois ta taille, et quand tu auras face à toi, en pleine nuit, un garou, tu pourras peut-être te dire que ce n'est pas raisonnable. Et pour ta gouverne, ce n'est pas de la peur qui me prend, mais plutôt de la méfiance. Je n'ai peur de rien, et encore moins de ce pourquoi j'ai été formé.

Le Possèdeur le regarda de haut en bas, puis lui demanda :

- Combien de monstre à la fois peux-tu combattre ?

- Tout dépend de leur taille et de leur force. Mais pour des classes neutres, on peut dire que cinq à la fois c'est mon maximum.

- Cinq ? ségosilla Evrard.

- Oui, cinq. Donc dis-toi que si je me méfie de cette route, c'est pour une bonne raison.

- Oui, j'imagine. Mais on va quand même la prendre, parce que nous sommes deux. Puis n'oublie pas que je sais me battre.

Kal poussa une espèce de grognement qui devait correspondre à une réponse.

Il avait déjà mangé avant de se rendre dans sa chambre, donc il partit directement se mettre dans son lit. Son professeur, lui, prenait un bain. Ceci dit, cela ne l'empêcha pas de crier :

- Pour information ! On part demain à la première heure !

Kal s'y attendait. De toute manière, ils n'avaient pas le choix. Cependant, une chose le turlupinait. Il ne ferait donc pas son combat cette semaine contre le deuxième homme de la chambre, puisqu'il n'aurait pas d'entraînement. Mais alors une question s'imposait dans son esprit : avait-il déjà eu la moindre intention de se battre contre lui ? Si ce n'était pas le cas, serait-ce par peur de perdre, si on suivait la directive de la bibliothécaire ?

Bonjour tout le monde !

Comment allez-vous ?

J'espère que vous avez aimé ce chapitre. On est à plus de la moitié, ça y est !

Je poste un autre chapitre tout à l'heure, pour compenser de ne pas avoir poster vendredi :)

Nominé : Préambule du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant