L'Ombre et l'Esprit

Prologue :

Adélita– Dix ans plus tôt.

Fuis Lita, fuis !

Cours.

Plus loin, plus vite, toujours plus vite !

Fuis !

Ma respiration est chaotique, mes jambes brûlent à cause de l'effort qu'elles fournissent, mes bras sont lourds à force de supporter le petit corps chaud de Jamie. Ma tête me fais mal, le sang ruisselle sur mon visage tout comme les larmes dévalent les joues potelées de mon fils. Mais je ne m'arrête pas. Si je le fais, il me rattrapera. Cet homme abject qui se disait mon mari. Ce monstre. Cette abomination. Je ne dois pas faiblir. Pour Jamie. Je dois rester forte pour lui. Pour mon petit Trésor. Jamie n'a rien demandé de tout ça ! Il est trop jeune pour mourir. Je resserre ma prise sur lui. J'ignore la douleur dans ma poitrine, dans mon corps. Je cours. C'est la seule chose à faire. Fuir ce meurtrier.

Quand je pense qu'il y a quelques heures à peine, je profitais tranquillement d'une journée ensoleillée avec mes parents et Jamie. Je ne pensais pas que ma demande de divorce aboutirait à cette fin sanglante. Si j'avais sût. Si seulement j'avais sût. Mon mari me frappait, parfois, mais surtout, ne me montrant plus aucun intérêt et n'en a jamais porté à son fils. Je l'ai épousée trop jeune parce que j'étais tombée enceinte. Et que c'était mal vu. Mais j'ai fini par craquer et je suis partie de chez lui. Je suis retournée chez mes parents, qui m'ont aidés à me remettre et à prendre une décision. J'ai demandée le divorce. C'était, d'après tous, la meilleure solution de vie. Sauf qu'il n'a pas apprécié. Mais alors pas du tout. J'ai alors découvert une partie de lui dont j'ignorais tout. Noire, violente, dangereuse, mortelle. Ma famille a payée le prix de mes erreurs. Il les a tué pour me récupérer. Sans que je ne sache pourquoi. Il ne me calculait même plus. Ma disparition n'a même pas dû être remarquée. Alors pourquoi ? Pourquoi ce sang ? Ces morts ? Cette souffrance ?

Il m'a dit que je payerais pour l'affront que je lui ai fais. C'est le cas. Je n'ai plus rien. Juste Jamie. Juste mon fils. Qui du haut de ses cinq ans vient de voir son père tuer ses grands-parents, sa tante et son oncle. Qui doit voir sa mère saigner, en proie à une douleur intense à cause des coups que j'ai pris au visage et à la poitrine. Mon pauvre petit Trésor si courageux.

La nuit s'installe et avec elle vient le froid, l'incertitude et la crainte. Je n'ai pas d'argent sur moi, pas de papiers, rien. Tout est resté avec les corps des miens. Avec lui. Je respire avec de plus en plus de difficultés. Ma vision se trouble par moment. Mon organisme atteint le point de rupture. Mais je ne dois pas céder. Je ne peux pas ! Alors je force, je pousse mon corps plus loin, autant que possible. Je slalome entre les gens, entre les cris choqués et les hoquets d'horreur, entre les personnes qui veulent aider et celles qui sont trop surprises pour bouger. Je trébuche, manque de tomber, mais reprend ma route. Inlassablement. Parce que je sais qu'il me cherche. Qu'il me traque. Je suis la proie et lui le prédateur. Seul bon point pour moi, le parc duquel j'ai fuis était proche de la bordure de la ville. Je tombe donc rapidement sur la voie rapide qui la quitte.

Je m'engage sur le bord et fuis cette ville qui m'a vu grandir. Jamie s'est endormit dans mes bras, vaincu par la fatigue. J'aimerais pouvoir en faire autant. Je trébuche une nouvelle fois et m'écarte soudainement du bitume quand des phares apparaissent dans mon dos. Je tremble de peur. Mais le véhicule passe sans me prêter attention. Étonnement, un poids-lourd ralenti à ma hauteur et s'arrête finalement. Le chauffeur baisse sa vitre, me détaille et se penche pour ouvrir la portière passager.

- Montez !

Sidérée, je me fixe une seconde, hésite, puis accepte chaleureusement son offre. Manœuvrant délicatement mon fils, je réussis à me hisser dans la cabine et à refermer la porte. Je souffle, essayant maladroitement mes larmes tandis que mon sauveur redémarre. Il me tend une boîte de mouchoirs avec un petit sourire rassurant.

- Merci. Soufflé-je.

- Il n'y a pas de quoi. Vous aviez l'air d'avoir besoin d'aide. J'ai grandis sur la route. On m'a apprit de ne jamais y laisser quelqu'un qui à des problèmes.

- J'en ai de la chance de vous avoir croisé alors. Murmuré-je.

- Vous l'avez dit ma petite dame. Rit l'homme doucement pour ne pas réveiller Jamie.

- Je m'appelle Adélita. Mais vous pouvez m'appeler Lita. Et voici mon fils Jamie. Nous présenté-je.

- Hector. Vous avez une destination particulière ?

- Je veux juste être le plus loin possible d'Orlando.

- Vous allez être servit ! Je roule vers Los Angeles. Ça vous ira ?

- C'est parfait.

- Alors reposez vous Lita. Vous êtes en sécurité maintenant. Vous n'êtes la première personne en fuite que je ramasse et que je conduis vers une nouvelle vie.

- Merci.

Cet homme si doux et gentil m'offre plus en quelques minutes que mon mari en quelques années. Rassurée, je me cale le mieux possible avec Jamie et m'endors. Le lendemain, mon fils se prend d'affection pour le routier. Il ne montre pas de signe particulier par rapport à ce qu'il s'est passé la veille. Son jeune cerveau a peut-être simplement occulté ces horribles souvenirs. J'aurais aimée que le mien en fasse de même. Mais ce n'est pas le cas. Malgré tout, je reste droite. Je profite du voyage pour trouver un plan, une idée pour vivre. J'ai toujours Jamie, et il a besoin de sa maman. Alors je serais forte pour lui. Je le protégerais, peu importe le prix. Peu importe ce que je dois faire ou sacrifier pour ça.

*** *** ***

Et voici le prologue ! Noir, comme toujours parce que j'adore ce genre de début d'histoire !

Dites moi ce que vous en pensez.

Des bisous.