Spectre -
Je suis stressé. Je ne sais même pas vraiment pourquoi. Je vais juste le présenter au fils de ma nana. Que je commence franchement à considérer comme mon gosse, c'en est flippant. Si rapide. Mais Jamie fait monter en moi des putains de sensations inconnues et douces. Mais violentes aussi. Comme une tempête, ou un ouragan plutôt. Assit dans la Mustang de Thunder, le seul biker de ma connaissance qui n'a pas de Harley, je rumine. Il fronce les sourcils quand je lui donne l'adresse de l'hôpital psychiatrique du coin. Ouai, je sais. Pas le genre d'endroit auquel on pense quand on dit rendre visite à sa famille. Alors qu'en vrai, il n'a pas vraiment besoin d'y être. Sa dernière tentative de suicide remonte à plusieurs années. Mais il a peur de sortir de l'établissement. Peur de l'extérieur, des autres, de son passé. Aussi fracassé que le mien. Un gamin de vingt ans hanté par un tas de démons. Pour une chose qu'il ne contrôle pas. Alors je paye sa place pour qu'il se sente en sécurité, même si ça me coûte la peau des couilles chaque mois. Pour être sûr de ne plus le trouver à moitié mort dans une ruelle de toxico et de putes.
On me secoue l'épaule. En me redressant, je remarque qu'on est arrivé à destination. Les hautes grilles de l'endroit le font ressembler à une prison. Et s'en est une, d'une certaine façon. La plupart des « pensionnaires » ne pourrons jamais en sortir. J'inspire un bon coup et sort de la voiture, suivit par les autres. Le stress monte, je m'y noie. C'est stupide pourtant. Je ne l'ai pas vu depuis des mois. Et j'ai peur de le voir tout en étant heureux de ces retrouvailles. Y'a un truc qui tourne plus rond chez moi. Ou c'est ma belle Spirit qui m'a changé. Je l'ignore. L'intérieur du bâtiment est toujours blanc et déprimant. Ça pût comme dans un putain d'hôpital et y'a des porte à verrouillage numérique partout. Bienvenu chez les fous ! Je m'approche de la réception. La nana de l'accueil me regarde avec de grand yeux, bégaye, et file chercher une collègue. Qui s'avère être Brittany. Allons donc, elle est toujours là elle ? Elle me sourit avec douceur. Tany a la cinquantaine bien tassée, des cheveux poivre et sel attachés en chignon, des yeux gris et bosse ici depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Elle fait partie des meubles, depuis l'âge de pierre au moins.
- Tiens tiens, un revenant.
- Salut le dinosaure, toujours pas mort ?
- Ha ha ha. Non, comme tu peux le voir, Spectre. Je pète le feu.
- Super ...
- Sale gosse va. Que fous-tu ici ?
- Je viens vois Sasha.
- OK. Et tes amis ?
- Ils peuvent venir ? J'y ai pas pensé avant mais faut des putains d'autorisation non ?
- Allez y. Je vais faire comme si j'avais pas vu le biker et les gosses. Tu sais, à mon âge on a la vue qui baisse.
J'explose de rire et la remercie. Elle nous ouvre les portes après nous avoir filé des badges de visiteurs. Elle me donne un numéro de salle et on s'éclipse rapidement. On me pose des questions mais je les rejette d'un geste de la main. Ils comprendrons quand ils le verrons. Sasha est ...particulier. Unique. Indescriptible. Et incompréhensible pour presque tout le monde. Beaucoup de gens m'ont dit qu'il avait sûrement une maladie mentale. Je ne vois pas en quoi. Mieux vaut être différent des autres que de tous se ressembler comme de bons petits moutons. Je chasse mes pensées et toque à la porte de la salle huit. On m'ouvre, un type baraqué, beaucoup, nous détaille avant de se pousser pour nous laisser passer. Il y a quelques personne dans la salle. Des familles qui rendent visite et des patients qui profitent d'activités de groupes. Pour certains, le handicap, souvent mental ou physique, est très visible. Pour d'autres, ils ressemblent à monsieur madame tout le monde, et ce, jusqu'à ce qu'il claquent un fusible. Dans un coin de la pièce, seul, se tiens un jeune homme. Ses long cheveux brun sont attaché en tresse et, aujourd'hui, il porte un jean noir et un T-shirt rose. Rien de très extravagant. Je me dirige vers lui. Jamie m'attrape la main, me faisant sursauter. Quand je croise son regard, il sourit. Alors je l'imite. Je sers ses doigts quelques secondes avant de les lâcher et de faire trois pas en avant.
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L'Ombre et l'Esprit
RomanceAdélita n'a qu'une seule chose qui importe dans sa vie. C'est son fils Jamie. Sa raison d'être. De se battre. Le jour, elle est aide ménagère auprès de qui la demande. La nuit, elle devient Spirit et danse pour les riches clients du bar dans lequel...