L'Ombre et l'Esprit

Chapitre 13

Spirit-

Ma vie a prit un tournant inattendu. C'est un mélange de bonheur, de joie, d'inquiétudes en tout genre et de déceptions. D'un autre côté, les combats de Spectre s'enchaînent et plus en plus. Il en ressort à chaque fois avec plus de blessures, plus sombre, plus silencieux, légèrement distant parfois. Je fais de mon mieux, avec Jamie, pour l'aider à rester bien dans sa tête. Je le soigne, je le nourrie, je l'aime de tout mon cœur. Je lui raconte mes journées, toutes ces choses rocambolesques qui m'arrive avec mes clients. Mais, comme l'habitude de tout lui dire s'est installée en moi, je lui ai aussi parlé de Sam. Sam qui vient de perdre sa mère et qui, depuis son enterrement, a radicalement changé de comportement. Il me bat froid, m'ignore et me repousse quand j'insiste, et s'est même mit à parler avec les pouffes sans cervelles qu'on critiquait en riant avant. Ce revirement est incompréhensible. Et douloureux. Sam était mon ami. Mon meilleur ami. Le seul à qui je faisais confiance. On a tout partagé ensemble. Je sais que perdre un membre de sa famille est dur, je l'ai vécus donc je sais, mais pas au point de vriller ainsi. Je ne le comprend plus et son attitude me blesse énormément.

Spectre m'a proposé plusieurs fois de le cogner pour avoir des réponses mais j'ai refusée. Pas pour protéger Sam ou les souvenirs de notre amitié mais parce que Spectre se bat déjà bien assez comme ça. Inutile d'en rajouter. Mais, du coup, bosser le soir au bar n'est plus aussi amusant qu'avant. C'est même devenu une corvée en très peu de temps. Spectre s'en est rendu compte assez vite et m'a demandé de le laisser payer ce qui pourrait me manquer comme il vit presque chez moi. Je suis à deux doigts d'accepter. Jamie me tanne pour que je dise oui et je dois dire que pouvoir dormir plus me branche vraiment. Il faut juste que j'en parle à mon patron et que je donne un préavis de départ. Je ne peux pas le lâcher comme ça après tout ce qu'il a fait pour moi.

Je soupire. Toutes ces pensées ont tendance à me miner le moral. Tout en récupérant les verres abandonnés par les clients pour ranger la boîte de nuit, je remarque Spectre n'est pas là. Il vient toujours d'habitude. Il est même là bien avant la fermeture. Je ne m'en suis pas rendue compte parce qu'il y avait foule mais il est absent. Je lui envoie donc un SMS entre deux aller-retours de vaisselles sales. Mon téléphone reste silencieux. En fronçant les sourcils, je remarque que je n'ai pas de réseau. Pas même internet. Au milieu de la ville ? Je suis certaine d'avoir payée ma facture mobile en plus. Comment est-ce possible ? Même en redémarrant l'appareil, rien ne fonctionne. Je le range dans ma poche pour allez chercher celui derrière le bar. Pas de tonalité. L'incompréhension me gagne ainsi qu'une sainte dose d'angoisse. Je me rend dans le bureau de mon boss et entre après avoir toqué à la porte.

- Spirit ? Fait-il, surprit de me voir entrer ainsi.

- Tu as du réseau sur ton tel ? Demandé-je. Le mien ne capte rien et le tel du bar est mort.

- Pardon ?

Il sort son propre téléphone et secoue rapidement la tête. Il se lève et me fait signe de le suivre. Dans la salle il n'y a plus que deux filles qui rangent. Le boss leur demande d'arrêter et de sortir du bâtiment. Son ton préoccupé m'inquiète et je sens la panique enfler et s'enrouler autour de ma gorge. On a cependant pas le temps de faire trois mètre que Sam surgit de nul part, nous faisant sursauter. Son regard vide et son air sombre m'alertent aussitôt. Ça et l'arme chargée qu'il sort de sa poche et pointe sur nous. Je me fige, sidérée et perdue. D'autres hommes armés font leur apparition. Les deux filles hurlent de peur et je les comprend. Je les aurais peut-être imitée si la vue des flingues ne m'avait pas rendue muette de terreur. De mauvais souvenirs, sanglants et douloureux, remontent à la surface. Mon cœur accélère et mon souffle se bloque. Mon corps frémit et une nausée acide me remonte dans la gorge.