Chapitre 3

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Adélita-


Je suis fatiguée. Épuisée. La soirée a été longue. Et la nuit très courte. Je me frotte les yeux et me passe de l'eau sur le visage dans l'espoir d'avoir l'air plus fraîche. Ce qui ne marche pas vraiment. Je ressemble à un panda sous acide. Un soupir franchit mes lèvres. Tant pis. Je ne peux rien faire pour mes cernes. Et mon manque de sommeil. Je me rend dans le coin cuisine pour préparer le petit-déjeuné. Une omelette avec du fromage et du bacon. L'odeur attire Jamie. Il m'offre un sourire, m'embrasse la joue et place la table.

- Joyeux anniversaire mon Trésor. Dis-je doucement.

- Merci maman.

Je remplis les assiettes et file rapidement chercher le paquet que je lui ai fais. Je le pose ensuite devant lui. Ses yeux s'écarquillent. Il déchire délicatement l'emballage et en sort deux livres. Deux gros pavés de Stephan King. Comme il le voulait. Des larmes roulent sur ses joues mais un sourire lumineux mange son visage. Il se lève, me prend dans ses bras et me fais tourner. Je rigole. Mon grand garçon. Il est heureux. C'est tout ce qui compte. Jamie se dépêche d'avaler son p'tit dèj pour commencer la lecture du premier livre. Je dois lui rappeler qu'il a école aujourd'hui. Il soupire mais fini par ranger ses cadeaux dans un coin du salon. Il prend son sac, vérifie ses affaire et se tourne vers moi.

- Tu devrais dire à ton patron que tu es malade et allez dormir. Tu as mauvaise mine maman.

- Je vais bien, mon Trésor. C'est juste de la fatigue. Ça va allez.

- Tu es sûre ? S'inquiète t-il.

- Oui. Va en cours. Ce soir, on se fait un truc pour ton anniv.

- D'accord. Je t'aime.

- Moi aussi.

Je le regarde partir avec ce petit pincement au cœur. Comme à chaque fois qu'il quitte la maison. Je n'aime pas qu'il soit loin de moi. Mais je vais bien devoir couper le cordon un jour. Je secoue la tête et file me préparer. Mais Jamie a raison, j'ai mauvaise mine. Pourtant, je ne peux pas me permettre de ne pas travailler. On a besoin de cet argent pour les factures. Donc, même si je ne suis pas en forme, je prend mon sac et me rend à pied au siège de mon entreprise d'aide à domicile pour récupérer les adresses de mes clients du jour. Mon patron, Ted Blund, n'est pas un homme sympathique avec la gente féminine. Il ne nous voit que comme des trous à remplir. Mais il paye en temps et en heure alors j'ai appris à faire fit de ses incessantes remarques obscènes. Trouver du « vrai » travail quand on vit dans ma situation n'est pas facile. Alors je tiens à garder celui que j'ai. Même si je dois supporter un porc vicelard aux mains baladeuses. Je ne reste pas longtemps dans les locaux de toutes façon. Comparé à sa secrétaire ou à la réceptionniste qui doivent se le coltiner toute la journée.

Je saluts Estel à l'accueil et me rend directement dans le bureau de mon patron. Heureusement pour moi, ce dernier étant occupé au téléphone, il me calcule à peine. Il se contente de me tendre une feuille. Je m'en saisis et ne traîne pas pour ressortir mais je sais que ses yeux sont presque collés sur mes fesses. Il ne peut pas s'en empêcher. Jamie a peur qu'il n'aille trop loin un jour. Il a déjà essayé, mais ça, mon fils ne le sait pas. Il risquerait de devenir violent et je n'ai pas envie qu'il termine en prison à cause de Ted Blund. Plutôt m'arracher les yeux que de voir mon Trésor entre des barreaux. Je prend la tangente avant que mon patron ne termine son appel.


Je regarde ma fiche en slalomant entre les passants jusqu'à ma première adresse. Une petite femme âgée m'ouvre sa porte. Très gentille, bavarder avec elle tout en lui faisant son ménage est agréable. Je lui prépare même quelque chose pour le midi, ce qui semble vraiment lui faire plaisir. Je la saluts avec un grand sourire. Des gens esseulés comme cette dame, j'en croise beaucoup. Des gens qu'on a abandonné parce qu'on ne veut pas s'occuper d'eux et qui se retrouvent désœuvrés. Les aides à domiciles sont les seules personnes qu'ils peuvent voir et qui s'inquiètent pour eux. Je trouve ça cruel. Quand j'étais petite, ma grand-mère vivait chez nous. Elle n'y est pas restée longtemps car elle est morte tôt mais jamais on ne l'aurait laissée toute seule. Pourtant, certains le font.

L'Ombre et l'EspritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant