L'Ombre et l'Esprit

Chapitre 22

Spectre -

Je pense que je ne tiens pas le bon bout de cette histoire. Quand Blade m'a dit que Spirit chercherait à me faire du mal, je me suis plus ou moins blindé pour y résister. Mais je ne m'attendais pas à ça. À ce qu'elle me fait vivre. Elle paraît si différente de la personne qu'elle était avant. Je ne l'en aime pas moins, loin de là, mais plus le temps passe, plus je me rend compte du long chemin qu'elle et moi devrons parcourir pour sortir des ténèbres dans lesquels Spirit nous noie. Elle me fait mal. Plus que n'importe qui. Mais elle est a la dérive. Naufragée dans son corps et son esprit. Je fais de mon mieux pour servir de bouée. Pour la retenir quand elle va trop loin. Ce n'est pas toujours simple, pas toujours efficace. J'ai même souvent l'impression d'échouer. Vais-je pour autant abandonner ? Non. Jamais. J'en suis même incapable. C'est comme un défi pour moi. Aider Spirit a aller mieux. Pour elle et pour Jamie. Perdu dans mes ruminations, je remarque soudainement l'étrange silence qui plane autour de moi. Un mauvais pressentiment vient doucement se distiller dans mes veines tel un poison. Prit d'un doute immense, je me rend dans la chambre. La porte est, contre toute attente, fermée à clef. Là, je panique. Adélita est terrifiée à l'idée d'être enfermée. Que la porte soit close de cette façon n'a rien de normale. D'autant plus que Spirit ne répond pas. Je n'aime pas ça.

Inquiet, vraiment inquiet, je décide de crocheter la serrure. Je pense qu'être discret, pour le coup, peut être une bonne idée. La porte cède rapidement. Je l'ouvre doucement. Spirit n'est pas dans la pièce. Mon regard se pose presque aussitôt sur la salle d'eau. Fermée elle aussi. OK, clairement c'est annonciateur de problèmes. J'ai été trop dur avec elle ? Je ne pense pas pourtant, enfin pas plus qu'à l'accoutumée. Je fronce les sourcils lorsque, encore une fois, la putain de porte refuse de s'ouvrir et que ma rousse refuse de répondre. Je recommence donc à crocheter. Et je me tétanise une fois dans la salle de bain. Non. Non. Putain non ! Elle n'a pas osée ... La panique me saute à la gorge tandis que je me précipite vers la baignoire où flotte le corps de Spirit. Ses poignets ... Ils sont en charpies. Une lame traîne sur le tapis et l'eau est rouge. Fébrilement, je cherche le pouls d'Adélita. Je le trouve mais il ressemble aux battements d'ailes d'un colibri. Je sors Spirit de l'eau, l'enroule dans une serviette et en comprime d'autres autour de ses lacérations. Ma rousse papillonne des paupières mais ne se réveille pas. Bordel ! Elle n'est pas partit longtemps. Comment ? Comment peut-elle nous faire ça ? Maladroitement, j'attrape mon tel et compose un numéro.

- Oui ? Répond Blade.

- Envois moi Healer et vite. Adélita vient de tenter de se suicider. Lancé-je en tremblant.

- On arrive.

Il raccroche aussi sec et j'enroule mes bras autour du corps fin de Spirit. Tout en veillant à garder la pression égale sur ses plaies, je la berce. Les serviettes sont rouge du sang qu'elles tentent d'absorber. Il y a en a beaucoup. Le temps semble tellement long avant que la porte d'entrée ne s'ouvre. Healer apparaît dans l'embrasure quelques secondes plus tard. Il pose sa trousse de secours près de moi et s'agenouille. Il écarte les serviettes pour observer l'étendue des dégâts. Une blonde, la femme de Blade je crois, nous rejoint et imite Healer sur l'autre poignet d'Adélita. Les deux se mettent au travail. À même le sol ensanglanté de la salle de bain, ils recousent les lacérations de Spirit. Que je refuse de lâcher. Jamais. Oh ça non. Plus jamais. Je ne la lâche plus. Et je vais changer de méthode je pense. Fini la douceur et la prise de temps. Dès que Spirit va mieux, je l'emmène voir Sasha. Qu'elle se rende compte de ce qu'elle a. Qu'elle comprenne ce qu'elle a fait. Que Jamie la confronte aussi. Ça va être douloureux pour tout le monde mais je refuse de perdre Lita. Ça non. Et après, son ex va souffrir comme jamais. Il m'attend au chaud dans le sous-sol des Angel's Melody. Aux bonnes mains expertes de deux talentueux tortionnaires. D'après ce que j'ai compris.