L'Ombre et l'Esprit

Chapitre 16

Spectre-

Trois miles quarante cinq kilomètres. Presque trente heures de voyages par la route. Deux jours de trajet. De bitume. De désert, de forêts, de maisons ... D'absence. De son absence. Elle ne m'a jamais parut aussi grande. Aussi douloureuse. Aussi ... Je ne sais même pas. J'ai un trou dans la poitrine, comme si mon cœur était devenu un caillou trop lourd et dur pour ma cage thoracique. Je n'ai pas dis un mot depuis qu'on a quitté L.A. Jamie non plus. Le gosse reste collé à moi comme si je risquais de disparaître. Sa confiance aveugle en moi est impressionnante. Chaleureuse. Elle chasse un peu les ténèbres qui me rongent. Le gamin a besoin de moi pour ne pas s'effondrer. Pour espérer, non, pour savoir qu'on va retrouver Spirit. Et je crois que j'ai besoin de lui pour ne pas sombrer.

Notre arrivée en ville se fait grandement remarqué. Les gens se retournent sur notre passage, filment ou prennent des photos. Certains s'arrêtent pour nous laisser passer. Jamie se colle à la vitre et détaille cette ville tellement différente de Los Angeles. Un total autre univers. Elle m'avait manquée. Cette ville que je pensais détester m'a, au final, beaucoup manquée. Evan soupire a côté de moi. Lui ne semble pas emballé d'être ici. Il fini même par pointer mollement un carrefour.

- Ici, j'ai perdu mes amis et l'usage de mes jambes. Dit-il simplement.

- Désolé.

- Tu n'en penses pas un mot n'est-ce-pas ?

- Pas vraiment.

- Merci.

Sa réponse est au combien étrange mais je sais par Spirit qu'Evan est du genre à prendre les autres à contre pied. Il ne veut pas de pitié ni rien. Il veut être considéré comme tout le monde, pas comme une victime. Je respecte ça. De toute façon, ce n'est pas vers moi qu'il faut se tourner pour avoir du réconfort. Sauf si on est un rouquin de quinze piges aux yeux verts intenses. Et encore, Jamie est particulier. Le prospect qui nous sert de chauffeur suit les motos jusqu'à un énorme bâtiment singulier. Un grand nombre de Harleys est garé dans l'immense cour. Ainsi que plusieurs voitures. Leurs peintures sont incroyables ! Jamie redresse le nez pour les observer et s'empresse de s'en approcher pour les regarder de plus près une fois sortit du SUV. Que des gros modèles de véhicules. Une Nissan Skyline, une Camaro, une Challenger, une Mustang. Et une étrange petite voiture couvertes de fleurs dessinées avec soin. Je fronce les sourcils face à ça. Jamais vu un tel truc de ma vie. Typhon ricane en voyant ma tête.

- La voiture de Melody. Une Deux Chevaux. Une voiture française. Un modèle de mile neuf cent soixante, un truc comme ça. Je ne m'y connais pas en quatre roues. Je préfère sa vieille Harley par contre.

- Et ça roule ce truc ? Vraiment ?

- Paraît que c'est increvable même.

Je suis hautement septique. Le truc est tellement petit qu'il tiendrait presque dans le coffre du SUV. Après un moment de flottement, on entre dans l'énorme bâtiment. La salle dans laquelle on arrive est incroyable. Le logo se trouve en gros sur un mur, logique. Le coin bar est bondé, les canapés en face de l'écran plat aussi. Un côté est remplit de tables. Je note la présence d'un paquet de bestioles. Des chiens, des chats et, bien sûr, le volatile de Typhon. Parce que, oui, il est venu avec. Le truc a passé son voyage pépère sur la Harley. Ces bikers ont un gros, mais alors un gros pépin dans le cerveau. Ça ne fait pas franchement flipper un piaf. Ni même un chat, aussi griffé soit-il. Bon, je ne me friterais pas avec eux, même en sachant qu'ils kiffent les bestioles à poils ou à plumes. Ils ont leur réputation malgré tout. Et Blade fait peur, peu importe qu'il se trimbale un chat sur les épaules la moitié de sa vie.