Adélita -
Je dois me concentrer. Je dois restée concentrée ! J'ignore de mon mieux la main de Wyatt sur ma cuisse. J'ignore la voiture qui nous emmène vers son satané gala. Je réfléchie à toutes les possibilités qui me mènerait à la liberté. Ses doigts s'agrippent à ma peau et la pincent. Je trésaille à peine. Je ne me tourne pas vers lui, même si c'est ce qu'il veut. On est trop proche d'arriver pour qu'il tente quoi que ce soit.
C'est ce que tu te plais à croire. Siffle mon côté sombre.
Je fais de mon mieux pour contrôler ma respiration. Je dois rester zen. Alerte. Mais j'ai l'impression d'être une brindille dans un ouragan. Fragile, faible et incapable de me battre. Vu la facilité avec laquelle il m'a détruite, je ne peux pas être une personne forte. Je suis faible. Mais peut-être cela me sera utile. Si on s'imagine que je suis inutile et inoffensive, j'aurais peut-être une chance ? Mes pensées s'embrouillent quand la voiture ralentit et se gare devant un énorme hôtel cinq étoiles, l'hôte de cette maudite soirée. Wyatt m'ouvre la porte et m'attrape le bras. Il serre fort pour me faire passer un quelconque message. S'il croit qu'il va obtenir quelque chose de moi. Je préférerais qu'il me tue.
Tu penses à ton fils ? À Spectre ? Que vont-ils penser de toi ? Ricane cette saloperie dans mon crâne.
Ta gueule !
Quelle répartie. Ma pauvre. Tu es folle, personne ne voudra de toi. Enfin, il faudrait qu'ils te retrouvent déjà !
Je grimace. Tant à cause de la douleur dans mon bras, dans ma cheville, que de ses paroles que je sais venir de moi. Cette voix, elle n'est qu'une projection de mes peurs, de mes incertitudes et de mes angoisses. Elle n'est que le miroir de mes ténèbres. Mais si elle me fait souffrir, elle m'aiguillonne. Elle me pousse. J'ignore encore vers quelle direction cependant. Mon aphasie énerve passablement le Monstre à côté de moi qui me traîne presque derrière lui en fulminant à voix basse sur un raté de dressage. Oh, j'ai oubliée d'aboyer ? Dommage. Il pousse la porte et nous entraîne dans une zone peuplée. Il y a foule. Des costumes chics. Des robes hors de prix. De l'or, des pierres précieuses. De l'ostentatoire et du bling-bling. Tout ce que je déteste. Wyatt serre des mains, sourire aux lèvres. Il me présente comme sa femme, distille son venin dans l'esprit corrompu des gens. Dès que je tente un pas de côté, il fait en sorte de poser une main sur mon corps pour me garder près de lui et marquer sa propriété. Comme si les deux gorilles en noir qui me collent ne m'empêchait pas déjà de prendre la tangente.
À ce rythme là, ma pauvre, on y est encore. Glousse mon esprit.
J'avais remarquée. J'attendais plutôt des conseils.
Tu ne veux pas deux cents dollars et un Kinder non plus ?
Voilà que ma conscience fait de l'humour. Me voilà bien. Je sombre dans le n'importe quoi à vitesse grand V. les gens autour de nous me détaillent. Certains tentent d'engager des conversations avec moi. Peine perdue. Je ne prononce pas un mot, ne réagis à rien. Je fais de mon mieux pour les oublier et me concentrer sur mon plan qui, à mesure que le temps passe, prend l'eau. Wyatt refuse même que je m'absente aux toilettes. Il me garde contre lui et je me consume à chacun de ses contacts. Ma peau grouille comme si une colonie de fourmis me courrait dessus. Ma cheville commence à me faire vraiment mal, la faute à la connasse qui ma fait enfiler des talons haut. J'ai soif mais je refuse de prendre un verre d'alcool. Wyatt consent finalement à m'offrir un jus de pomme. Mes refus fassent à l'alcool apportent une question qui me donne envie de vomir mes tripes. Est-ce que je suis enceinte ? Wyatt hésite avant de hocher la tête. Je deviens livide et tout mon comportement précédent est mit sur cette grossesse qui n'existe pas. Il y a des félicitations, des poignées de mains, des encouragements et des conseils. Je veux disparaître. Comment ose t-il ? Mentir la dessus ? Je passe du blanc au vert quand il se met à se pavaner et qu'il tente de caresser mon ventre. Je lui claque la main dans un geste inconscient et le bouscule avec une force que je ne pensais pas avoir pour courir aux WC. J'entre dans la première cabine ouverte, ferme la porte à clef et tombe à genou devant la cuvette. Adieu jus de pomme.
VOUS LISEZ
L'Ombre et l'Esprit
RomanceAdélita n'a qu'une seule chose qui importe dans sa vie. C'est son fils Jamie. Sa raison d'être. De se battre. Le jour, elle est aide ménagère auprès de qui la demande. La nuit, elle devient Spirit et danse pour les riches clients du bar dans lequel...