Chapitre 21

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Adélita -


Je me réveille dans une chambre. Sur un lit aux draps doux. Je papillonne des paupières pour m'adapter à la lumière du soleil qui entre dans la pièce. Je me redresse ensuite. Mon regard tombe alors sur Spectre. Je l'observe sans bruit. Il dort sur un fauteuil qui a été tiré jusqu'au lit. Sa position ne semble pas confortable. Attends. Spectre est là ? Vraiment ? Soudainement, tout me revient en mémoire. La soirée, Wyatt, son histoire de bébé, les toilettes, Spectre. Il est là. Il est là !


Ouai, super, on a comprit. Il est là. Et donc ? Ricane cette satané petite voix dans mon esprit. Tu crois qu'il voudra de toi ?

Il est venu me chercher non ?

Il est venu chercher Adélita, Spirit, la fille qui a disparue. Qu'il connaissait. T'es qui toi ?

Je...


Merde. Elle a raison. Qui voudrait de moi ? Je suis pathétique. Brisée, détruite, annihilée. Je ne sais plus vraiment qui je suis, ni qui je dois être. J'ai changée. Il m'a changé. Si facilement. Il a fait de moi autre chose. Quelqu'un d'autre. Une chose faible et inutile. Stupide. Fragile. Incapable. Spectre ne voudra pas de moi, pas après ce qu'on m'a fait. J'en suis persuadée. Et après, que se passera t-il ? On va m'abandonner comme un animal encombrant ? M'enfermer pour m'oublier ? Me supprimer de leur vie ? Imaginer Spectre avec une autre me colle des frissons désagréables et me donne envie de vomir. Il est à moi !


Pour combien de temps ?

Je ne sais pas ...


Je n'en ai aucune idée. Mon esprit est vide et a du mal à fonctionner. Agitée, je décide de me lever pour faire le tour de l'endroit. Je remarque vaguement que je porte les vêtements de Spectre. Ils ont son odeur et ça m'apaise. Un peu. Je me demande ce qui est arrivé à Wyatt aussi. Tout en me posant des question, je visite le petit appartement. Il est simple, un deux pièces plutôt fonctionnel et bien agencé. Joliment décoré. Je m'approche d'une commode. Des clichés ont été encadrés et reposent en nombres dessus. On y voit un couple heureux, un biker appartenant aux Angel's Melody et une jolie femme. D'autres bikers sur une petite photo de groupe. Une soirée avec tout leur Club, je pense. Un groupe d'adolescents qui rigolent. Des enfants en bas âge qui me rappelle un petit garçon roux au sourire doux. Il y a d'autres cadres sur d'autres meubles. Des petits moments de bonheur croqués sur le papier glacé et exposés à la vue de tous. Elles me font mal ces images. Comme des morceaux de verres tranchants qui m'entaillent le cœur à chaque fois que mes yeux tombent dessus. Toute cette joie qui me brise peu à peu. Parce que je n'arrive pas à la ressentir. Je la vois, mais sans rien. Je suis trop vide. Je ne m'en sens même pas triste. Malgré tout, je continus à observer ces clichés. Encore et encore. Jusqu'à ce que Spectre surgisse dans mon champs de vision.

Pâle et cerné, il n'a visiblement pas beaucoup dormi. Il cligne des yeux et m'offre un sourire. Je hoche simplement la tête. Je le vois se faner mais il ne cesse pas pour autant de sourire, c'est juste moins joyeux. Il ne me touche pas, ce que je l'en remercie. Il hésite, puis va préparer quelque chose à manger. Pendant ce temps, je m'approche de la porte. Elle est fermée à clefs. Sauf qu'il n'y a nulle clef sur la porte. Je fronce les sourcils. Spectre a caché la clef ? Pourquoi ? Je suis prisonnière ? Encore ? Pourquoi ? Je ne comprend pas. Je suis libérée, non ? Ma respiration s'accélère dangereusement. Mes mains deviennent moites. Mon cœur bat trop vite, trop fort. Le sang pulse dans mes veines. Je me mets à trembler, à paniquer, à suffoquer. Je ne pige pas pourquoi cette porte est fermée !

L'Ombre et l'EspritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant