Gangsta's Paradise (TERMINE)

Chapitre 24. Liv.

Les minutes s'écoulent si lentement que j'ai l'impression de retenir ma respiration depuis des heures. Je ferme les yeux de toutes mes forces, ne voyant que les images des cadavres jonchant le sol de la villa, la femme dans la piscine, flottant inerte dans une mare de sang... 

J'étouffe des sanglots et tâche de me concentrer sur ma respiration, tandis que ces hommes cagoulés ont toujours leurs canons pointés sur ma tête. Je sens la froideur du pistolet à l'arrière de mon crâne, mais ne peux pas empêcher ma tête de trembler sous les sanglots de terreur. 

J'écoute, seconde après seconde, ce qui se passe dans la maison, mais il n'y a plus un bruit. Est-ce que tout le monde est mort? Est-ce que ces... Gangsters ont descendu tout le monde?! La pensée que Russel y ait passé devient de plus en plus forte, mais je me force à ne pas y penser. 

Non, Liv, ce type sait que ce genre de choses peut arriver, il sait y faire face... Pour une fois, je suis plus que reconnaissante que ce type soit l'un des mafieux les plus influents de la côte. 

Mais comme les minutes s'allongent et que personne ne vient, je sens le canon se retirer de l'arrière de ma tête, et la silhouette face à moi se met en mouvement, décroisant les bras. Je reconnais alors une silhouette féminine. Une femme cagoulée, avec un pantalon et une veste en cuir, des gants, et un couteau en main. 

Elle s'approche de moi, et je me recule sur le siège, mais le canon m'en empêche, tandis que l'inconnue s'agenouille face à moi, et d'autres coups de feux retentissent, sans arrêts, aux quatre coins de la demeure. Je sursaute à chaque tir, et la femme semble s'amuser de voir ma peur, et elle me fixe d'un air cruel. Je vois ses yeux cerclés de noirs, un regard méchant, acéré qui me glace le sang, mais pour ce qui est de faire face aux femmes cruelles, je crois que je sais comment gérer. Il y en a tout un tas, des comme toi, au Laguna, ma belle, me dis-je en la défiant du regard. 

"- ... Alors voilà donc la belle Liv pour qui tout les hommes se bousculent au Laguna... Je t'aurais reconnue entre mille, chérie, dit-elle d'une voix acérée, avant de rigoler. 

Elle se fout de qui, là? 

Je ne bouge pas, mais je prépare ma vengeance, je sais qu'elle ne va pas tarder à arriver. En essayant de mouvoir mes chevilles, collées à la chaise, je me rends compte que les liens ne sont pas si serrés que je pensais. Je me rends compte que ces idiots, dans la précipitation et l'excitation, n'ont pas bien serrés les liens de mes chevilles. Il serait facile pour moi de retirer le pied de l'intérieur des liens, doucement, sans que personne ne remarque... 

Alors, je laisse l'inconnue me parler pendant l'opération, pour distraire ses yeux. 

- Je te pensais bien plus téméraire, Liv, la plus grosse pute de tout Las Vegas..." Ma gorge se sert face à ce surnom, mais je ne cille pas. Je plisse les yeux pour affronter cette connasse qui me fixe. Je pense que je gagne bien plus en une semaine que ce que cette pouffe et les autres de son équipe doivent gagner en six mois. Elle me caresse le visage d'un air fasciné, avant de continuer:
- ... Voilà donc cette fameuse Liv pour lequel Russel donnerait sa vie..." Elle se met à rire, et se redresse avant de se détourner pour se pencher vers un sac noir posé sur une chaise. Je regarde chacun de ses gestes avec attention et appréhension. Si jamais cette conne me tue maintenant, j'affronterait ça avec tout le courage que m'a offert mon travail au Laguna. 

Elle chantonne alors que d'autres tirs dans la maison retentissent, puis les murs tremblent, et je me demande alors combien ils peuvent être, à l'intérieur... Je tortille encore mes pieds quand elle ne me regarde pas, desserrant encore mes liens un petit peu, mais elle est vite de retour, et je vois qu'elle vient de sortir un couteau. Ma gorge se serre, et je continue de me tortiller.