Chapitre 5

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Après une nuit agitée à cogiter sur ce qu'il essayait de prendre pour de simples hallucinations, Henri se leva, déterminé à savoir ce qu'il se passait. Il avait lu et relu les articles qui parlaient de la disparition de la jeune Mia Martinez.

Même si l'enquête avait été soignée, finalement on ne savait presque rien. Elle s'était volatilisée du jour au lendemain. Ce n'est qu'après sa disparition que ses proches avaient appris qu'elle avait organisée son départ, elle s'était engagée auprès d'une association française qui envoyait des bénévoles en Asie pour des missions de soutien dans les écoles. Elle devait partir deux semaines après sa disparition, pour au moins six mois.

Mais ce 19 novembre, quelque chose de grave était arrivé. Et tout ce qu'il restait d'elle était un vélo abandonné dans un fossé, son manteau à la fermeture éclaire cassée, les clés de chez elle dans sa poche. Et la neige avait recouvert toutes les traces qui auraient pu aider à reconstituer les faits.

Onze années étaient passées sans que l'on ne retrouve ni son corps, ni le coupable.

Tout le monde aimait Mia. Personne ne comprenait.

Henri décida de quitter la cabane pour la journée, pour essayer de penser à autre chose. Il ne voulait pas en parler à sa mère, elle était suffisamment inquiète. Et puis il se trouvait déjà dingue de croire que ce qu'il avait vu était vrai, il ne se voyait pas le raconter à quelqu'un. Le jeune homme se rendit dans le seul café de la ville, qui faisait aussi office de bibliothèque et de cybercafé. Là, il s'installa à une table pour deux près de la vitrine. Et il ouvrit le journal hebdomadaire imprimé par la ville qui était posé sur la table.

Il regroupait des infos locales qui n'intéressaient que les gens du coin. Le dernier animal arrivé à la ferme pédagogique, les créations artistiques de la seule classe de l'école, l'anniversaire de Myriam, doyenne de la ville âgée de 104 ans. Et puis, la dernière page. Henri senti son cœur se serrer.

« On te cherche toujours Mia.

Si vous avez des informations, n'importe laquelle, parlez !

La famille Martinez attend toujours de savoir ce qui est arrivé à Mia.

Elle avait 20 ans, elle aura 31 ans bientôt ... La première photo est celle de Mia à l'époque et la seconde est la même photo vieillie pour voir de quoi elle aurait l'air aujourd'hui. »

L'annonce était suivie d'un numéro et d'une adresse mail.

Henri sentit l'émotion monter en lui, à l'idée que toute une ville continue d'espérer après tout ce temps.

- Tu es le petit Henri, pas vrai ? s'enquit un homme soudain.

Henri leva la tête pour découvrir le gendarme aux cernes sombres et aux traits fatigués.

- Oui, vous étiez mon voisin je crois, quand j'étais petit.

- Oui, je m'appelle Louis Martinez, et avec ma femme on était à l'école avec ta mère, enfin quelques classes au-dessus. Tu t'es installé dans la cabane de Lucien ? Louis s'installa sur la chaise en face d'Henri qui referma le journal.

- Oui, pour quelques mois.

- Je suis bien content que quelqu'un s'occupe de cette cabane. On était tristes de la voir se dégrader avec les années. Tu sais que ton grand-père l'a construit de ses mains ? J'étais venu l'aider pour l'installation électrique, n'hésite pas à me demander un coup de main si besoin.

Henri se sentait à l'aise en face de cet homme, malgré ses sinistres visions de la fille du gendarme. L'homme respirait la bonté, la tristesse aussi, mais la gentillesse surtout. Le jeune homme repensa à la cabane et à l'électricité qui ne lui inspirait pas confiance.

MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant