Chapitre 25

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Les jours passaient sur les bleus et les plaies de Mia. Elle guérissait vite en se sentant revivre. Henri était toujours le même, prévenant et attentionné. Mais depuis ce premier baiser, il avait remis cette distance timide entre eux et Mia ne savait plus quoi penser. Ce n'était pas seulement parce qu'il était frustré qu'elle lui demande de ne rien faire à propos de Maxime. Ou parce qu'elle vivait jour après jour comme s'ils avaient toujours été là, juste tous les deux et qu'il n'était jamais rien arrivé dans ces bois... Il avait accepter de lui laisser du temps, de la laisser dans le déni jusqu'à ce qu'elle se sente prête.

Quand elle ouvrit les yeux après une nuit de sommeil sans cauchemars, elle réalisa qu'il s'était collé contre elle et qu'ils avaient dormis ainsi, enlacés en cuillère. Elle avait caressé les bras qui la tenaient et souhaitait qu'ils puissent demeurer ainsi toute la journée. Henri s'était réveillé en sentant ses caresses. Il avait regardé ses doigts frôler sa peau jusqu'à sentir les frissons remonter dans sa nuque. Il resserra un peu son étreinte, se laissant d'abord emporter par ses envies avant de recommencer à douter.

Il continuait de se l'interdire. Même si elle lui avait rendu son baiser, même s'il s'était vu mourir de chagrin quand il avait cru qu'elle ne reviendrait jamais. Henri avait l'impression d'abuser d'elle lui aussi, de la douce Mia blessée qui avait vu le pire de l'être humain et qui n'avait que lui à présent. Qui n'avait pas le choix. Comment pourrait-elle penser à lui comme il pensait à elle ?

Mia sentit qu'il se détachait d'elle et regrettait déjà ses bras quand il quitta le lit. Elle se redressa pour le regarder fuir la chambre sans un mot. Il se frottait la nuque, le dos voûté. Elle se leva aussi et le suivit dans la cuisine. Comme tous les jours, elle l'observa sortir méthodiquement ses médicaments de son pilulier et les déposer sur la table à côté d'un grand verre d'eau. Il avait des cernes creusés et l'air fatigué, elle l'avait vu changer de jour en jour quand elle essayait de rester loin de lui. Et maintenant, elle s'en voulait terriblement.


- Comment tu vas Henri, je me rends compte que je ne te pose jamais la question.


Henri la regarda, un peu perdu.


- Je... commença-t-il sans poursuivre, ne sachant pas quoi répondre.

- Tu étais venu ici pour toi, pour te trouver...

- Tu veux me convaincre que je serais mieux sans toi ?

- Non, je suis bien plus égoïste que tu ne le crois, je reste avec toi même si j'ai peur de te faire plus de mal que de bien.


Il baissa la tête en entendant ses derniers mots. Elle ne se doutait pas de l'effet qu'elle avait sur lui, sur sa vie et ses pensées.


- Depuis que j'ai ce cœur j'ai peur de lui. J'ai l'impression qu'il est comme un prisonnier qui frappe contre ma poitrine pour me supplier de le laisser partir. Tout le monde craignait que mon corps le rejette mais moi, j'avais peur que ce soit lui qui ne veuille pas de moi. Que ce soit cette vie qui... il ne trouvait pas les mots justes. Comme si cet organe savait que je ne devrais pas être là.


Mia ignorait quoi lui répondre. Elle devinait, depuis le 1er jour, toute la noirceur des pensées qui habitaient Henri. Elles contrastaient avec sa douceur, son sourire tendre, sa gentillesse.


- J'ai pas peur de mourir, je crois. J'ai peur de vivre, d'aimer ça, d'avoir tout à perdre et que tout s'arrête, confia Henri en regardant Mia de l'autre côté de la table.


Elle en était au même point, elle craignait d'aimer tout ce qui s'offrait à elle maintenant et que tout s'arrête demain.


- Tu me fais du bien Mia, tu me fais oublier mes peurs, tu me fais oublier que je n'aime pas vivre.

MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant