Chapitre 3

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Henri cria en réponse aux hurlements, il essaya de savoir d'où ils provenaient.


- Eh ! Y'a quelqu'un ?


Mais personne ne répondit. Le jeune homme remonta en courant jusqu'à la cabane pour y abandonner sa canne à pêche et récupérer sa lampe tempête. Il se surprit à s'essouffler rapidement, la boule au ventre, il pensait que c'était son cœur. Alors que non, simplement, depuis qu'il avait entendu ce cri dans la nuit, il avait retenu son souffle.

Le faisceau de sa lampe balayait les sous-bois en tremblant un peu. Il ne connaissait pas assez cette forêt pour s'y sentir à l'aise.

Et puis, il n'avait jamais été seul la nuit.

Prêt à essayer de secourir quelqu'un alors qu'il y a peu, tout le monde essayait de le sauver, lui. Dans sa poitrine l'organe inconnu battait à tout rompre.


- Eh, vous m'entendez ? Il y a quelqu'un ?


Alors, il entendit du bois craquer près de lui, comme plus tôt à la rivière. Il dirigea sa lampe vers le son inquiétant, sans rien voir. Et alors qu'il tournait sur lui-même, de plus en plus inquiet, une main s'abattit sur la lampe pour la lui voler et l'éteindre. Henri cria avant qu'une autre main, glaciale, ne se plaque sur son visage pour étouffer son hurlement. Là, sous la lueur de la lune qui filtrait à travers les branches, il devina le visage d'une femme, une femme terrifiée.


- Shhhh, intima-t-elle tout bas.


Alors, elle retira sa main de sa bouche pour fendre ses lèvres de son index.


- Ne fais pas de bruit, murmura-t-elle. On doit se cacher, vite.


Henri, perdu, effrayé, n'entendait que les battements de son cœur qui tambourinait comme pour le supplier d'arrêter de trop lui en demander... La jeune femme attrapa sa main et l'entraîna hors du chemin. Elle le tira pour qu'il la suive jusqu'aux rochers qui bordaient la rivière. Là, derrière le plus gros d'entre eux, elle s'adossa et cacha son visage dans ses mains, le souffle court, elle essayait d'étouffer ses sanglots.


- De qui on se cache ? demanda Henri qui commençait à réaliser.

- Je ne sais pas, il m'a attaqué plus haut sur le chemin, avant le vieux moulin. Je crois... je crois qu'il m'a assommée, je crois que j'étais attachée mais j'ai réussi à m'enfuir.


Henri ne répondit pas, elle avait tellement peur, il ne pouvait rien faire contre ça. Il n'était pas armé pour vivre ça. Le jeune homme se savait incapable de protéger ou défendre qui que ce soit. Il se contentait de la regarder respirer, reprendre le contrôle de son souffle et se calmer. Elle exhalait un faible nuage de vapeur à peine visible dans la nuit. Finalement, elle ferma les yeux et bientôt plus aucun bruit ne vint troubler la nuit.

Son cœur avait réussi, il s'était calmé lui aussi.


- Je crois qu'on l'a semé, souffla la jeune femme.

- On devrait aller chez moi, j'habite juste à côté...

- La maison de Lucien est toute proche, on devrait aller là bas, il n'a pas le téléphone mais on pourra lui demander de nous conduire chez moi, mon père est gendarme...

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