Chapitre 33

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Henri décida de quitter la fête assez tôt avec le prétexte infaillible d'avoir oublié ses médicaments chez lui. Marion insista pour revoir la cabane enfin réparée. Elle voulait se rassurer en découvrant comment vivait l'homme solide que devenait son garçon.

Mais la petite bâtisse n'était plus ce qu'elle était. Henri resta bouche bée en découvrant le carnage. Ses meubles retournés, renversés. Tout ce qu'il possédait avait été balancé à travers les pièces de la maison. Et sur les murs, à l'aide de la peinture jaune avec laquelle il avait repeint la porte, un message menaçant.

« Elle est à moi ! »

Marion sentit son cœur se serrer en imaginant la rage qui avait animé le vandale qui avait fait ça. Elle regarda son fils, inquiète, comptait-il encore rester ici ? Seul ?


- Qu'est-ce que ça veut dire ?


Elle ne comprenait pas le message sur le mur. Mais Henri comprenait, et il serra les poings en imaginant celui qui avait fait ça, pénétrer chez lui pour tout détruire. Et puis, il regarda vers la cuisine, il se demandait si ce qu'il avait caché était encore là. La montre de Mia avait disparue. Et en relevant la tête vers la fenêtre qui donnait sur le jardin, il vit Mia, le visage défait, les yeux plein de larmes. Elle n'osait plus entrer, plus s'approcher.


- J'appelle la gendarmerie, décida Marion.

- Non, ne fais rien.

- Mais Henri...

- Maman, n'appelle pas.

- Tu sais qui a fait ça ?

- Non, probablement des ados qui voulaient se défouler, mentit Henri.

- Henri...


Elle n'en croyait pas un mot, le visage du jeune homme trahissait trop de haine pour que ce soit l'acte d'inconnus qui frappent au hasard. Malgré tout, elle renonça à prévenir les gendarmes quand il lui promit d'en parler à Louis, plus tard, pour ne pas gâcher cette journée spéciale. Marion ressentit le besoin de s'asseoir une minute, elle releva une chaise pour s'y reposer tandis qu'Henri photographiait le message sur le mur.

La peinture était sèche, il était parti depuis un moment. Il agissait comme le lâche qu'il était, encore.


- Ne reste pas là, demanda Mia qui entrait par la porte. Tu n'es pas en sécurité ici.


Henri regarda sa mère encore choquée, il ne pouvait pas répondre à Mia devant elle.


- Maman, va m'attendre dans la voiture, je vais te raccompagner.

- Tu ne vas pas rester là ?

- C'est chez moi maintenant maman, ça ira.

- Non, je refuse, tu ne peux pas !

- Attends-moi dans la voiture, on en parlera en chemin, insista-t-il.


Mais elle refusait de bouger, il était hors de question pour elle qu'il reste ici tout seul. Elle ne survivrait pas d'avoir encore plus peur pour lui, comme si sa santé ne suffisait pas... Non, son petit garçon ne pouvait plus vivre loin d'elle.


- Maman...

- Dis-lui, lança Mia, d'une voix douce et fatiguée, dis-lui la vérité.

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