Chapitre 26

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La cabane réparée, les sentiments presque avoués, des journées à tuer. Les deux amoureux interdits passèrent du temps à lire ou regarder des films chacun de leur côté. Henri avait ramené son ordinateur et des centaines de films enregistrés sur des disques durs après son week-end chez sa mère.

Mia essayait de se concentrer sur sa lecture des amours passionnés d'un milliardaire ténébreux et d'une serveuse au passé sulfureux, mais n'y arrivait pas. À l'autre bout de la maison, elle voyait Henri à moitié allongé dans le lit. Et il n'était pas plus concentré qu'elle. Il la regardait furtivement quand il pensait qu'elle ne le voyait pas. Ce petit jeu commençait à entamer la patience de la jeune femme.

Elle reposa son livre sans même marquer la page et observa Henri de longues secondes tandis qu'il évitait soigneusement d'affronter son regard, se sachant épié. Mia se leva lentement et contourna la table pour gagner la chambre. Elle remarqua qu'Henri était tendu de la voir approcher ainsi. Il la regarda enfin quand elle fut au pied du lit et qu'elle s'arrêta, sans jamais le quitter des yeux.


- Henri, commença-t-elle.


Il mit son film sur pause et le silence qui s'imposa dans la pièce le troubla un peu, mais pas plus que le regard chaud et déterminé de Mia.


- Pourquoi tu m'as embrassée, pourquoi... pourquoi tu n'as pas... recommencé ?

- J'aurais pas dû, souffla-t-il en rougissant.


Mia s'agenouilla sur le lit, face à lui et attendit qu'il s'explique, déçue.


- Tu étais en train de pleurer et j'ai juste pensé que je voulais... je...

- Mais quoi Henri ? Quoi ?

- J'ai cru que tu allais encore t'en aller.

- Alors tu m'embrasses si je m'en vais et tu t'éloignes si je reste ?

- C'est juste que...je crois que je ne devrais pas.


Henri n'arrivait pas à parler sans bégayer, il se sentait pris au piège. Et en même temps il avait tellement de choses à lui dire. Si seulement il s 'en sentait capable, s'il se sentait légitime.

Mais Mia comprenait ce qu'il ne disait pas, il n'osait pas, il avait l'impression que ce n'était pas bien d'avoir ce désir au fond de lui. Parce qu'elle était ce qu'elle était, parce qu'elle avait vécu ce qu'elle avait vécu.


- Je voudrais ne t'avoir jamais rien dit, murmura-t-elle, triste.

- Non Mia, il le fallait, répondit Henri, inquiet en se rapprochant d'elle.

- Mais maintenant tu me regardes comme une victime, je ne suis plus que ça à tes yeux.

- Je ne sais pas ce que je dois penser, ce que je dois faire, ce que j'ai le droit de...

- Mais rien ! s'énerva Mia. Rien du tout Henri, rien de plus en tout cas ! Fais ce que tu as envie de faire, dis ce que tu as envie de dire !


Mais Henri resta planté devant elle, démuni. Même quand Mia tourna la tête, blessée, quand elle resta quelques secondes assise au bout du lit comme une dernière chance, il ne su pas la retenir.

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