Chapitre 45

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Henri bougeait difficilement malgré Mia qui l'aidait à se relever. Et ensemble ils virent le toit de la cabane en bois s'effondrer, dévoré par les flammes. Il n'y avait rien qu'ils puissent faire, elle était perdue.

Plus ils s'éloignèrent du brasier, mieux il arrivait à respirer. En contournant la cabane il retrouva la clé de sa voiture dans l'herbe, tâchée du sang de l'incendiaire.


- Il faut prévenir tout le monde qu'il est revenu, commença Henri en se penchant pour ramasser sa clé.


Mais quand il se redressa, il était seul. Mia avait disparue.


- Mia ?


Elle avait été emportée. Il regarda autour de lui, la panique montait. Il vit les flammes gagner le saule au dessus de la cabane, il devina que la forêt allait brûler aussi, que tout allait mourir ici et qu'elle n'était plus là.

Maxime avait tout pris. Tout.

Henri se tenait la tête entre ses mains, il voulait réussir à organiser ses pensées, il fallait qu'il trouve un moyen de l'arrêter, de retrouver Mia, de la ramener. Mais si la forêt brûlait ? Mia pourrait-elle revenir ? Il devait tout tenter, et là il entendit les bruits de moteur d'une voiture malmenée qui se rapprochaient. Il regarda dans le chemin et avant qu'il ne comprenne ce qu'il se passait, une main familière le poussa en arrière, juste avant qu'une voiture ne soit forcée à reculer dans un arbre qui s'écroula par la force du choc a à peine un mètre de lui.


- Mia...

- Je suis là !


Henri vit Mia devant lui, puis au travers d'elle il aperçu Louis, sonné par le choc derrière son volant. Ce dernier avait poussé la voiture de Maxime en arrière jusqu'à remonter tout le chemin pour finir ici, ramenant Mia par la même occasion. Il avait dû être alerté par la fumée qui montait jusqu'au ciel, visible sur des kilomètres.

Maxime, choqué aussi, sortit du véhicule fumant en titubant. Et, traînant un grand sac noir derrière lui, il s'enfuit en courant vers la rivière. Aussitôt Henri partit à sa poursuite, malgré les cris de Mia qui le suppliait de ne pas se mettre en danger.


- Arrête-toi ! hurla Henri à Maxime avant qu'il ne franchisse le cours d'eau.


Alors, l'autre se retourna pour lui faire face, immergé jusqu'aux genoux, abandonnant le sac dans l'eau, près du gros rocher. Henri approcha, déterminé à récupérer ce sac, devinant son contenu.


- Laisse le sac et va t-en, ordonna t-il sans y croire.

- Tu peux toujours crever pour que je te la laisse.

- Henri ! s'écria Mia en le rejoignant.


Et Maxime vit le mouvement furtif dans les yeux d'Henri, signe que quelque chose en arrière avait attiré son attention. C'est le moment qu'il choisit pour attaquer. Il balança son poing dans la figure du jeune homme avec toute la force de sa haine, envoyant le gamin à terre, sonné.


- MIA ! hurla-t-il comme un ours furieux. Je sais que tu es là ! Je sais que t'es là pour lui !


Celle-ci s'était jetée à genoux près d'Henri qui avait du mal à émerger.


- Réveille-toi, Henri, reviens je t'en supplie !

- Regarde ce que tu me fais faire ! Combien de gens vont devoir mourir avant que tu comprennes ?

- Mia... exhala douloureusement Henri.

- Qu'est-ce que t'as dit ? demanda Maxime en se positionnant au dessus de lui avant de saisir son col.

- Mia... répéta Henri pour elle seulement.

- Je t'interdis de prononcer son nom !


Alors Maxime le tira dans l'eau sans jamais lâcher son col et se pencha à son oreille pour murmurer :


- Tu aurais pu mourir comme un roi dans ta cabane en flammes, mais tu vas crever comme un con dans cette rivière. Et pour rien en plus, tu ne peux pas la sauver, elle est déjà morte, ici-même !


Et il le fit couler, appuyant de tout son poids pour le maintenir sous l'eau. Henri lutta, retrouvant ses esprits en se sentant sombrer, il lutta de toutes ses forces pour repousser son adversaire mais l'air manquait à ses poumons alors qu'il entendait les échos lointains des hurlements de Mia.

Et puis, une détonation soudaine.

Et la pression qui s'envola tandis que l'eau se teintait de rouge.

Henri se redressa dans l'eau en inspirant désespérément, découvrant le corps flottant de Maxime à ses côtés. Perdu, il chercha Mia du regard et la trouva à genoux, les mains sur ses oreilles, le visage déformé par la peur. Et là-haut, à l'entrée du chemin, Louis baissait son arme, le regard empli de larmes.


- Tu leurs à dit, murmura une voix éteinte près de Mia.


Celle-ci se retourna pour découvrir un Maxime brumeux et irréel qui semblait lutter contre un vent invisible. Elle recula d'un pas, terrifiée à l'idée de le voir de ce côté de son monde. Mais elle comprit vite qu'il n'était pas vraiment là, qu'il ne resterait pas. Elle le sentait, il n'était lié à rien car rien ne voulait de lui.


- Tu leurs a dit la vérité ? Tu leurs diras...que je ne t'ai pas tuée, que c'est toi Mia... C'était toi.


Et le monstre fut emporté par le vent avec ce dernier secret.

MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant