Chapitre 37

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Louis roulait vite, trop vite sur la petite route esquintée qui menait jusqu'à la maison de Maxime. Ce dernier avait racheté récemment la propriété de ses parents quand ils étaient partis s'installer au bord de la mer. Il avait entrepris de la retaper pour la moderniser. Le gendarme était souvent venu l'aider à vider le garage, ils avaient aussi fait embarquer la vielle voiture qui pourrissait dans les ruines de la grange derrière la maison. Il repensait à tout ces moments, tout ses mensonges. Et s'en voulait de n'avoir rien vu, rien deviné.

Il se gara derrière le véhicule du monstre qui ne se doutait pas qu'il venait, avec l'idée de l'empêcher de partir en voiture. En fait, il venait avec plus que cette idée, c'est pourquoi il resta de longues secondes, les mains crispées sur son volant à respirer comme s'il voulait expulser sa rage. Alors qu'il s'apprêtait à descendre, son téléphone sonna, c'était Karim, son collègue et ami.


- Je peux pas rester là sans rien faire, expliqua Louis.

- On est en chemin, fais pas le con, on arrive !

- Je peux pas prouver que c'est lui mais je sais que c'est lui Karim, je le sais !

- On va le faire parler, tu sais qu'on peut faire ça, mais ne fais rien qui puisse t'attirer des problèmes, pense à Estelle et Flora !


Mais le meurtrier de sa fille sortait de chez lui en lui faisant un signe de la main, souriant et libre, trop libre ! Alors Louis abandonna le téléphone sur le siège et sortit de sa voiture.


- Qu'est-ce que tu as fait à ma fille sale enfoiré !


Et avant que l'autre ne réponde, avant même qu'il comprenne, un poing lourd et puissant le frappa au visage et l'envoya au sol. Louis sentit ses phalanges craquer tandis qu'il s'agenouillait sur Maxime pour le frapper encore et encore.


- Louis, arrête ! hurla -t-il en se protégeant de ses bras, la lèvre fendue et du sang plein la bouche.

- Je sais que tu as tué Mia, je sais tout !


Maxime le regarda comme Mia l'avait regardé onze ans plus tôt, comprenant qu'il allait mourir là s'il ne faisait rien. Alors, il tenta de frapper Louis à son tour mais sans succès. Et puis, après un énième coup en pleine figure qui lui fit l'effet d'un coup de massue, il sentit sa tête partir sur le côté comme s'il ne la contrôlait plus. La voix de Louis était floue et la lumière trop vive. Mais là, dans son champ de vision à porté de main, il trouva une pierre grosse comme un poing qu'il attrapa sans réfléchir et qu'il envoya en plein dans la tempe de Louis qui s'écroula à terre. Le gendarme se tenait la tête et des filets de sang passaient entre ses doigts. Sonné, il avait du mal à se redresser. Maxime se leva, un peu chancelant, il mit du temps à retrouver le bon équilibre sur ses pieds. Une main sur le capot de la voiture, il se tenait pour ne pas tomber. Le goût de l'hémoglobine dans sa bouche lui soulevait le cœur. Il cracha de longs jets de bave ensanglantés tout en retrouvant ses esprits. Puis, se tournant vers Louis, adossé à la voiture, presque inconscient, il décida qu'il devait le frapper encore, il devait l'empêcher de raconter ce qu'il savait, à tout prix.

Mais avant qu'il n'assène un nouveau coup de pierre à Louis, il entendit les sirènes de gendarmerie et aperçut leurs gyrophares entre les arbres. Et alors même qu'il voyait flou, il balança la pierre en direction des hautes herbes et monta dans la voiture de Louis pour s'enfuir. C'était un 4x4 à toute épreuve, du coup Maxime entreprit de passer par le chemin de terre qui gagnait la forêt. Il fonça comme un fou pour fuir les sirènes qui se rapprochaient toujours.

MinuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant