My First Mistake [ Tome 2 ]

15• Snoop Yeri Dogg

Beomgyu et Yeonjun perçoivent parfaitement ma crainte et mon hésitation au moment où je fixe cette substance illicite.

— On ne te force pas, murmure le premier.
— Je le sais. C'est juste que... Je n'ai jamais...

Yeonjun se rapproche pour passer son bras derrière moi et glisser sa main contre la mienne. D'un geste que je pourrais qualifier d'envoûtant, il entraîne le papier fumant jusqu'à mes lèvres.

— Tu inspire doucement et tu laisses l'effet te porter, me susurre-t-il telle une prière.

Je n'avouerai pas au fond de moi que je crains d'être la risée en m'étouffant ou en grimaçant à cause du goût inconnu.
Lorsque j'inspire comme il me le conseille, je sens aussitôt cette irritation dans ma gorge. Beomgyu me tape dans le dos pour faire passer la toux puis récupère le joint pour profiter de quelques bouffées à son tour.

— Voilà, t'es baptisée, jolie Yeri.

Cette remarque excite l'ego de mon côté rebelle. J'ai enfin cédé à mes pulsions et le résultat ne semble pas être si catastrophique. A croire que l'on noircit toujours les tableaux qui sortent de l'ordinaire.
Je fixe la végétation qui me fait face, frémissant sous le chant du vent. Je pense avoir senti des moustiques mais suis assez fière de constater que la substance n'a aucun effet sur moi. 

Les inspirations se succèdent et je perds la notion du temps. L'envie de m'étaler sur ce rebord prend le dessus sur la gêne et je suis étonnée lorsque Yeonjun m'informe qu'il est temps d'y aller. Nos deux heures de colle se sont donc écoulées. Comment ai-je fait pour ne pas apercevoir la douceur de ses joues et le moelleux de ses lèvres pendant cent-vingts minutes? Il me faut plus de temps. Yeonjun menace de mordre mes doigts lorsque je frôle sa bouche et entraîne mon corps à travers le dédale de salles.
Tout est confus. J'ai envie de courir, de sauter, de crier à quel point je suis heureuse mais Yeonjun continue de plaquer sa main sur ma bouche, me privant de ma liberté d'expression.

Il s'en faut de peu pour qu'on se fasse repérer alors que Beomgyu m'oblige à m'asseoir et glisse un bout de papier entre mes doigts. Celui-là est trop grand et trop plat pour que je le fume. Que veut-il que j'en fasse?

— Vous étiez où? Je vous ai vu rentrer, grogne le surveillant.
— On était aux toilettes, répond Yeonjun qui continue de me frotter méthodiquement le dos.

Je lui proposerais bien de gratter un peu plus sur la gauche mais la conversation accapare toute son attention.

— Tous les trois? En même temps?
— Transmission de pensées. C'est comme les meufs quand elles ont leurs règles en même temps, m'sieur. Ça se contrôle pas, rigole mon copain de fumette.
— Ouai, ouai. C'est ça. Montrez-moi vos disserts.

Beomgyu récupère les papiers froids et attend avec satisfaction que le couperet tombe. Je devrais lui notifier que son pantalon pend bizarrement au niveau de ses fesses.

— Pourquoi est ce qu'elle sourit, celle-là?

Tous les regards se tournent sur moi. Je sens qu'il y a de grandes attentes autour de ma prochaine décision. Je ne dois pas me louper. Quelle réponse serait la plus efficace dans une situation telle que celle-ci?

— Yes!

Beomgyu éclate de rire si fort qu'il est obligé de se pencher sur la table pour tenter de retrouver sa respiration.
Yeonjun me serre un peu plus contre lui, comme s'il était satisfait de ma réaction. 

— Elle a bossé son cours d'anglais. Je crois qu'elle en est très fière et nous aussi.
— Oh... J'hallucine. Allez, filez avant que je ne me pose les bonnes questions.